mardi, 17 février 2009
Après les intégristes, écouter les progressistes ?
Préambule:
- une grossière erreur parcourt cette article: une personne divorcée remariée n'est en aucun cas excommuniée, ni hors de l'Eglise. C'est une comparaison offensante. Les personnes qui souffrent d'un divorce font parties de l'Eglise! Elles sont invitées à la communion spirituelle.
- un mariage valide est un sacrement. Il implique la fidélité, malgré la faiblesse humaine que Jésus connaît. Les époux se promettent fidélité au même autel du Seigneur. Comment y retourner après avoir rompu cette même promesse ?
- une attitude consiste à aller communier bien trop facilement, machinalement. Au Moyen Âge, les religieuses de clôture communiaient 7 fois l'an. Tous les chrétiens, du moins sous nos latitudes, devraient examiner leurs conscience avant d'aller recevoir le Corps, le Sang, l'âme et la Divinité du Christ. L'état de grâce est requis pour communier. A savoir, ne pas avoir sur la conscience un péché grave ou mortel. Depuis le Concile de Lyon (13ème siècle) l'Eglise invite les fidèles à communier au moins une fois l'an. Participer à la messe tous les dimanches ne veut pas dire forcément y communier, sauf bien-sûr si nous sommes bien disposés.
- Les saints comprennent qu'il n'y a rien de mieux au monde que d'être en état de grâce. Une danseuse est en état de grâce lorsqu'elle danse avec élégance, un gardien de but est en état de grâce lorsqu'il dévie toutes les balles ou qu'il joue magnifiquement bien. La vraie joie vient de là. La Vierge Marie exulte en Dieu car elle est pleine de grâce. Elle est aussi la refuge des pêcheurs, la consolatrice des malheureux, le secours de chrétiens, la source d'où coule les consolations de Dieu et son pardon. Aussi, ne concentrons pas tout sur les divorcés remariés, mais sur l'état de grâce de tous les chrétiens. Une personne divorcée remariée m'a dit un jour que les chrétiens étaient parfois des hypocrites.
- D'où l'importance de redécouvrir le même Seigneur dans la présence réelle du sacrement du pardon, de la confession. Il nous y attend, mais nous y allons si peu. Il faudrait avoir la nostalgie des files d'âmes allant se confesser, soit chez les Saint Curé d'Ars ou Padre Pio...
- posons-nous une simple question: une femme laissée injustement par son mari infidèle, pourrait-elle accepter qu'il puisse aller sans autre communier après l'avoir offensée et trahie? Aussi l'Eglise soutient le saint sacrement du mariage de tout son coeur. Je connais personnellement bien des personnes, souvent des femmes, dont le mari est parti, qui restent fidèle au sacrement du mariage, de façon héroïque. Elles suivent leur conscience. L'Eglise se doit de les soutenir. Ces femmes vont bien-sûr communier pour recevoir la force du Christ en qui leur amour est placée.
- on ne fait pas de la pastorale comme on ferait de la politique. Gouverner l'Eglise revient à guider les âmes vers la sainteté, vers l'éternité. La logique gauche-droite, conservateur-progressiste, ne permet pas de lire la profondeur de l'Eglise catholique. Le Christiannisme n'est pas une idéologie, ni un parti politique, ni une organisation, encore moins une série de dogmes à défendre (fussent-t-il exacts), mais une Personne. Israël l'a appris il y a longtemps en tout premier: "Ecoute Israël. Ton Seigneur...".
- en dehors du sujet douloureux des divorcés, les autres revendications demandent d'être entendues? Parfois, une mentalité revendicatrice de parti unique, avec une attitude dictatoriale, considère qu'être entendu veut dire avoir toujours raison et donc, tous le monde doit se plier à cette volonté. Soit on peut entendre et continuer le dialogue, réflechir, prier, revenir, chercher plus profond comme le fait la Sagesse bimilénaire de l'Eglise; ou alors, on peut entendre avec la volonté de s'imposer. Cause toujours, tu m'intéresses, tu dois faire ce que je pense. Entendre sans comprendre...
- enfin, at least but not the last, un Rabbi juif pense en fait que le "catholicisme de gauche" a gravement atteint l'intégrité de l'enseignement de l'Eglise catholique. On peut ne pas partager ses idées, mais la question est pertinente.
Le pape écoute les intégristes. Qu’il écoute les modernistes
Noël Pedreira, théologien catholique, juge qu’avec la levée de l’excommunication des lefebvristes Benoît XVI a donné le signal que l’Eglise catholique est prête à rendre ses dogmes plus souples
La levée de l’excommunication des quatre évêques de la Fraternité sacerdotale de St-Pie X (FSSPX) a généralement été fort mal accueillie. A juste titre, les propos négationnistes de Mgr Williamson ont ainsi révolté bien au-delà du monde catholique. Nombre de fidèles restent également fort perplexes quant aux réelles intentions de la FSSPX. Et si paradoxalement, au-delà de ces légitimes inquiétudes, cette décision de Benoît XVI constituait une chance? Une chance pour tous les autres courants libellés «contestataires» existant au sein de l’Eglise catholique, et qui attendent à présent que soit manifestée à leur égard la même bienveillance paternelle que Benoît XVI a su montrer avec tant de déférence à l’encontre de la FSSPX. En tendant la main aux intégristes de Mgr Lefebvre, le pape ne signe-t-il pas un réel changement de paradigme, dont il devrait à présent assumer pleinement les conséquences?
La décision de Benoît XVI a été présentée comme un acte de miséricorde paternelle envers les fidèles de la FSSPX. En effet, soucieux de l’unité de l’Eglise catholique, le pontife souffrirait de la division engendrée en son temps par Mgr Lefebvre et les siens. En un certain sens, son geste est louable: dans un élan de grande générosité, le pape tend la main à la FSSPX, tout en espérant, précise le décret publié par le Vatican, «que ce pas sera suivi de la réalisation rapide de la pleine communion avec l’Eglise de toute la FSSPX». Le décret invite également la FSSPX à ne ménager «aucun effort pour approfondir, via des colloques nécessaires avec les autorités du Saint-Siège, les questions qui restent en suspens». Dans une lettre adressée aux fidèles de la FSSPX, son supérieur Mgr Fellay souligne quant à lui: «Nous acceptons et faisons nôtres tous les conciles jusqu’à Vatican II au sujet duquel nous émettons des réserves. […] Aussi voulons-nous, dans ces entretiens avec les autorités romaines, examiner les causes profondes de la situation présente.» Il précise ailleurs que ces entretiens «permettront à la FSSPX d’exposer les raisons doctrinales de fond qu’elle estime être à l’origine des difficultés actuelles de l’Eglise».
Loin de signifier la pleine réhabilitation de la FSSPX, la levée de l’excommunication n’est donc que le prélude à plusieurs «rounds de négociations» qui auront lieu ces prochains mois entre le Vatican et la FSSPX. Le pape va prendre le temps d’écouter les arguments avancés par la FSSPX, et plus particulièrement ceux qui remettent en cause de manière radicale les acquis du Concile Vatican II. Et si les négociations ne devaient pas aboutir, la FSSPX persistant dans son refus d’accepter Vatican II? Le pape aurait alors «la possibilité de répéter l’excommunication», avance Mgr Koch, président de la Conférence des évêques suisses (Le Temps du 28 janvier 2009).
Par le biais de cette procédure, Benoît XVI marque en fait un changement de paradigme dont on peut légitimement se demander s’il en saisit vraiment la portée. De fait, si le pape accepte de s’asseoir à la table des négociations et de mettre en débat les acquis d’un concile de l’importance de Vatican II, comment pourra-t-il dorénavant ne pas accueillir à sa table les représentants des autres courants qui existent au sein de l’Eglise catholique et qui sont bien trop souvent libellés comme étant «contestataires»? En effet, l’Eglise est loin d’être un bloc monolithique: elle contient en son sein un grand nombre de courants qui, puisant de bonne foi à la source vivifiante de l’Evangile, remettent en cause l’une ou l’autre partie de l’enseignement du Vatican quant à des points précis de théologie, de dogme, de discipline ou d’éthique.
Si l’on suit la logique que Benoît XVI a lui-même amorcée en tendant la main à Ecône, force est de constater que le temps des prises de position unilatérales du Vatican, que la plupart de nos contemporains accueillent comme autant d’anathèmes et de condamnations, est donc appelé à toucher à sa fin.
Dès lors, le pape saura-t-il par exemple prendre le temps d’écouter la souffrance de ces couples divorcés remariés, à qui le Vatican refuse le droit d’accéder à la communion eucharistique? Saura-t-il prendre le temps du dialogue sincère avec les nombreux courants qui demandent de profondes réformes au sein de l’Eglise (mariage des prêtres, accession des femmes à la prêtrise, reconnaissance des couples de même sexe, œcuménisme, etc.)? Saura-t-il se laisser interpeler, autour de la même table, par celles et ceux qui en appellent à reconsidérer l’enseignement du Vatican en matière d’éthique sexuelle et familiale?
En résumé: Benoît XVI saura-t-il être conséquent avec le mouvement qu’il a lui-même initié? C’est bien là que pourrait se jouer ces prochains mois le peu de crédibilité dont il bénéficie encore auprès de ses contemporains, catholiques ou non.
Si l’on suit la logique que Benoît XVI a lui-même amorcée, le temps des prises de position unilatérales du Vatican est appelé à toucher à sa fin.
15:52 | Lien permanent | Commentaires (2) | | |
Commentaires
Je ne comprends pas la logique de cet article. Les gens de la FSSPX seront bienvenues à nouveau dans l'Eglise catholique lorsqu'elles accepteront la totalité de ses enseignements. Il n'y a pas de "dogmes souples". Les catholiques progréssistes sont eux aussi bienvenus dans l'Eglise, mais eux aussi, ils doivent accepter la totalité de ses enseignments. Certes, il y a des questions sur lesquelles on peut discuter et réflechir ensemble. Mais l'Eglise n'a aucune obligation envers eux, tout comme elle n'en a pas envers les intégristes... Ouf, ces gens ignorantes qui parlent de l'Eglise sans rien ne comprendre m'enervent... Merci Don Dom pour ton excellente introduction!
Écrit par : Francesco | mardi, 17 février 2009
Je suis bien d'accord. Le toute, en effet, est de ne pas s'énerver, car le Christ nous dit d'enseigner la vérité dans la charité, en sachant que la plus grande charité est d'enseigner la vérité. Pas facile, mais le Christ est notre modèle. Saint Paul nous le dit: "l'amour est patient, il obtient tout, il supporte tout, il ne s'enporte pas". Mais c'est vrai que parfois, cela nous titille... Aussi prions...
Écrit par : Dominique | mardi, 17 février 2009
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