Le “Réseau des femmes en Eglise“, créé dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), a choisi de s’associer solidairement à la Grève des femmes du 14 juin 2019. Elles présenteront une liste de revendications aux instances dirigeantes, rapporte le Courrier pastoral de l’Eglise catholique romaine de Genève (ECR).
“Les femmes sont majoritaires en Eglise et pourtant ce sont des hommes célibataires qui décident pour nous“, déplore Catherine Ulrich, assistante pastorale catholique et personne de référence à Genève pour la mobilisation des femmes catholiques en Eglise.
Les femmes romandes en Eglise veulent faire entendre leur voix à l’occasion de la Grève des femmes en Suisse. Elles seront dans la rue et interpelleront les instances dirigeantes catholiques pour demander une meilleure place des femmes au sein de l’Eglise catholique.
Les revendications portent notamment sur une plus grande réciprocité, plus de diversité et moins de cléricalisme, “parce que nous représentons la moitié du peuple de Dieu en marche“. “L’Eglise catholique gagnera encore plus en cohérence en accueillant pleinement la parole des femmes“, peut-on lire dans les revendications.
Réseau des femmes en Eglise
L’appel à la mobilisation est parti du “Réseau des femmes en Eglise“ qui a lancé le mouvement pour une action des femmes catholiques à l’occasion de cette journée de grève. De nombreuses Genevoises ont répondu à l’appel et participé aux préparatifs.
Le premier rendez-vous est fixé le matin du 14 juin à 8h, à la gare de Lausanne. Les participant(es), arborant la couleur violet de la grève et le badge “Egalité des chances – Amen“ et des banderoles, se rendront ensemble au siège du Vicariat vaudois.
Ce jour-là aura lieu une rencontre de la Conférence des Ordinaires Romands, l’organe où sont prises les décisions pour la Suisse romande et où sont présents les évêques, évêques auxiliaires, vicaires et délégués épiscopaux de Suisse romande.
Une délégation de six femmes (une par canton) sera reçue et remettra un document avec les revendications rédigées lors des rencontres préparatoires. La principale demande concerne la participation significative de femmes dans les instances décisionnelles et de formation de l’Eglise.
“Notre Eglise soutient la grève des femmes“
“Le 14 juin, les femmes manifesteront pour plus de respect et d’égalité salariale. Notre Eglise cantonale donnera un jour de congé-payé aux femmes“, annonce l’abbé Pascal Desthieux dans son édito du Courrier pastoral de Juin.
Le vicaire épiscopal pour l’Eglise catholique dans le canton de Genève ajoute qu’au bout du lac, sur les 14 services (comme la formation, le catéchuménat, la pastorale des jeunes…) et aumôneries (hôpitaux, prison…), 13 sont sous la responsabilité de femmes. Il rappelle qu’hommes et femmes gagnent le même salaire et, qu’à formation égale, une assistante pastorale gagne plus qu’un prêtre.
Il annonce également que trois paroisses de L’Unité pastorale Salève vont être confiées à une assistante pastorale. “Vous voyez, on avance, mais il y a encore bien du chemin à faire. Voilà pourquoi notre Eglise soutient la grève des femmes le 14 juin“ (cath.ch/Courrier pastoral/bh)
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Pendant qu'auront lieu des manifestations le 14 juin à l'occasion de la grève des femmes, des membres de l'UDC participeront à un repas de soutien destiné à l'association Aide suisse pour la mère et l'enfant (ASME). Celle-ci assiste des couples et des femmes le long de la grossesse et après la naissance de l'enfant. Mais des participantes à la grève sont allées dénicher des détails qui leur ont hérissé les poi
L'ASME, qui revendique des racines chrétiennes, est reconnue d'utilité publique. Son but est de conseiller et aider couples et familles en difficulté. Lucie Rochat, par exemple, témoigne avoir bénéficié, de la part de cette association, de bons d'achat juste avant Noël lui permettant d'offrir des cadeaux à ses enfants. L'association est également à l'origine des fenêtres à bébé situées dans plusieurs hôpitaux, où des mères peuvent déposer un nourrisson qui sera pris en charge. C'est cette même association qui avait déposé une initiative populaire demandant l'interdiction de l'avortement, et qui avait été largement rejetée en votation en 2002.
La pilule du lendemain, un «produit abortif»
L'ASME consacre une partie de son site internet à l'avortement et y affiche des positions qui lui sont hostiles. Les conséquences de l'acte y sont vues comme étant faites de «tristesse à long terme et de regrets» et l'association souhaite favoriser des alternatives. Toujours dans cette section, la pilule du lendemain n'est pas considérée comme un moyen de contraception, mais comme «un produit abortif précoce».
«Que des femmes préfèrent défendre une association qui met en péril le droit des femmes plutôt que de se rassembler lors de la grève nous met en colère», commente Audrey Petoud, porte-parole de la Jeunesse socialiste vaudoise. «La grève n'est pas un moyen d'action qui nous correspond. Tout l'argent récolté lors de notre repas servira à venir en aide à des femmes précarisées. On préfère l'action plutôt que les slogans», rétorque Lucie Rochat, présidente de l'Association des femmes UDC romandes.
Fractures chez les femmes
La querelle montre les dissensions internes qui existent chez les femmes. «Nous sommes aussi en colère car nous sommes prises en otages par des femmes qui défendent un manifeste de gauche. Elles n'ont pas le droit de parler au nom de toutes et nous avons voulu faire une action de notre côté, sans quoi on nous aurait encore accusées de ne rien faire», poursuit Lucie Rochat.
Pour Audrey Petoud, au contraire, cette opposition est «dommage». «La grève est issue d'un appel collectif et non-partisan. Nous ne sommes pas toujours toutes d'accord, mais ce mouvement est l'occasion de se rassembler», estime-t-elle. Mais pas de quoi convaincre les femmes UDC, qui lancent une dernière pique aux grévistes. «Il y aura là-bas surtout des femmes qui sont privilégiées d'avoir un employeur arrangeant. Les femmes précarisées, elles, ne pourront pas faire la grève», remarque Lucie Rochat.
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