mardi, 29 novembre 2016
Saint Jean XXIII, Fidel Castro et la crise de Cuba
Saint Jean XXIII, Fidel Castro et la crise de Cuba
Avec Saint Jean XXIII, c'était la diplomatie personnelle du cœur, dont des lettres pleines de charité, qui n'a pas manqué de porter ses fruits.
En effet, quelque chose bougeait. Le 25 novembre 1961, fait totalement insolite, le pape Jean reçut un message surprenant pour ses 80 ans, de la part de Nikita Khrouchtchev, secrétaire du Parti communiste soviétique. Des messages de courtoisie réciproques continueront à circuler des deux côtés, et bien que tous ne se soient jamais rencontrés en personne, une amitié est née, progressivement mûrie au cours des négociations de la crise de Cuba.
La médiation du pape Jean XXIII pour résoudre la crise de Cuba fut un véritable rayon de lumière.
Une crise qui, comme vous vous en souvenez, a explosé en octobre 1962, lorsqu’à la demande du président cubain Fidel Castro, le chef soviétique Khrouchtchev ordonna l'installation de bases de missiles à Cuba, équipées d'ogives nucléaires capables de frapper le territoire américain. Depuis Washington, le président John F. Kennedy a répondu en imposant un blocus naval autour de l'île de Cuba et menaça l'île d’une attaque militaire pour empêcher l'installation de missiles inacceptables pour la sécurité de son pays.
À tout moment, une guerre nucléaire aux conséquences inimaginables pouvait éclater.
À tout moment, une guerre nucléaire aux conséquences inimaginables pouvait éclater. Le monde entier suivait la situation avec la plus grande attention. Je me souviens qu’à la Secrétairerie d'État, dans un climat d'intense et fiévreuse activité diplomatique, une série de réunions eut lieu avec des diplomates et des ambassadeurs des parties opposées, parmi lesquelles on retrouve le fameux journaliste américain Norman Cousins, protagoniste discret et informel dans les négociations et les contacts entre Kennedy, Khrouchtchev et les diplomates du Vatican, notamment le chef du Protocole Mgr. Hyginus Cardinale.
La situation était dramatique. Le temps était compté. Mais alors, une brèche s’est ouverte. L’idée d'un arbitrage possible se généralisa, un arbitrage qui consisterait à constituer une autorité mondiale, super partes, accueillie et appréciée par les deux parties. Finalement, il a été convenu que cette autorité ne pouvait être que Jean XXIII, qui dès le début de son mandat avait su montrer un grand esprit de conciliation. Son discours ne serait pas soupçonné de partialité politique ; de plus, tant Kennedy que Khrouchtchev obtenaient ainsi la possibilité de se sortir honorablement de cette situation difficile. Le pape accepta avec plaisir ce rôle de médiateur.
La lettre de Saint Jean XXIII à Khrouchtchev et Kennedy
Le 25 octobre, il écrivit un message personnel à Khrouchtchev et à Kennedy, afin d’en appeler à leur conscience, pour qu’au nom de l’humanité, ils renoncent à l'usage de la force.
Le message a été remis aux ambassadeurs russes et américains à Rome. Dès le lendemain, le 26 octobre, le journal du Parti communiste russe, la Pravda, publia en première page le message du pape. La résonnance fut gigantesque. Il a ainsi pu parvenir à un compromis qui favorisait le retrait des deux parties de la zone potentielle de conflit. Les navires russes chargés de têtes nucléaires à destination de la Havane rebroussèrent chemin, et la confrontation avec la flotte américaine a été évitée.
Peu de temps après, Khrouchtchev, dans une lettre au chancelier allemand Konrad Adenauer, écrivit : « Il y a quelque chose qui me donne beaucoup d'émotion quand je pense à cet homme qui se donne tant à faire, en dépit de la maladie, pour voir la « paix sur la terre » avant à mourir ». Il a ajouté : « Si nous n’avons pas la paix et que les bombes atomiques commencent à tomber sur nos têtes, qu'importe d’être communistes ou capitalistes ou catholiques ou russes, chinois ou américain ? Qui pourrait nous diviser ? Qui pourrait se diviser et se différencier pour survivre ?
La médiation du pape Jean XXIII pour résoudre la crise de Cuba fut un véritable rayon de lumière. J’en suis très reconnaissant. Croyez-moi, ces jours étaient vraiment dangereux .
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