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mardi, 11 octobre 2016

Mgr Cupich, archevêque de Chicago nommé Cardinal et le "frame" politique

USA et Pape François: des Cardinaux de gauche ?

Unknown.jpegQui n'a pas dans l'esprit une idée qui rôde et taraude: le Pape change la donne dans l'Eglise aux USA, en lâchant le mouvement pro-life ? Cette vision semble se cristalliser dans la nomination de Mgr Cupich à la tête de l'archevêché de Chicago. Il va recevoir en plus la pourpre cardinalice

Je le dis d'emblée: ce basculement est erroné, car il repose sur des critères politiques. Certes l'Eglise est pro-life, car elle promeut et défend la vie de son commencement (dès la fécondation) à sa fin naturelle. Cependant entre ce début et cette fin sacrés, il y a toujours et encore la vie. D'où le combat de la même Eglise pour les petits, les étrangers, les réfugiés, ou pour l'unité du genre humain... Ce sont des accents, des points d'attention dont le Pape émérite Benoît XVI a évoqué dans son dernier livre "Ultimes conversations" avec le journaliste Peter Seewald.  

images.jpegToutefois, cette idée de rupture nous trotte dans la tête. Elle provient du "frame". En communication, l'objectivité n'existe pas. L'information est un choix, qui cible dans un ensemble. Le "frame" (anglais) se traduit par cadre ou angle de vue. Un cadre met en lumière certains aspects et en cache d'autres. 

Pour cette nomination des trois nouveaux Cardinaux américains, la vision est d'abord politique (le frame est politique). Mgr Cupich s'oppose d'avantage aux Républicains, notamment sur l'émigration ou l'accueil des réfugiés. Il serait alors de gauche selon ces critères. Mais il n'est pas pour l'avortement, le mariage gay ... qui seraient qualifiés d'arguments de droite, que défendent les Républicains. 

"Nous ne devrions pas être moins horrifiés par l’indifférence envers les millions de gens qui meurent tous les jours à cause du manque de soins médicaux décents; qui voient leurs droits bafoués par un système d’immigration cassé et par le racisme; qui paient le prix de la violence dans des quartiers saturés d’armes; ou qui sont exécutés par l’Etat au nom de la justice."

Mgr Cupich

Or, pour comprendre la vie de l'Eglise, le frame joue le rôle d'un prisme déformant. Car la nature de l'Eglise n'est précisément pas politique. Comme la communication est presque essentiellement faite de normes politiques (gauche-droite; conservateur-progressiste), elle met en lumière un contraste qui n'est pas essentiel.

 Le frame sélectionne alors que la foi unifie. Comme disait la petite sainte de Lisieux, Sainte Thérèse: "je choisis tout". Promouvoir la vie revient aussi bien à défendre l'enfant à naître que la vie d'une personne innocente qui fuit la guerre. Ecouter et accorder la justice pour les victimes des prêtres pédophiles est une attitude chrétienne qui s'appuie sur la défense absolue de l'enfant innocent.

Lorsque le Pape François a simplement évoqué l'idéologie du gender, les médias francophones sont entrés en crise, car ils mettent souvent dans l'ombre cette idée pourtant connue. Certes le Saint-Père parle des réfugiés, de l'accueil du pauvre, en n'étant justement pas mono-thématique. 

"Nous ne pouvons pas insister seulement sur les questions liées à l’avortement, au mariage homosexuel et à l’utilisation de méthodes contraceptives. Ce n’est pas possible. Je n’ai pas beaucoup parlé de ces choses, et on me l’a reproché. Mais lorsqu’on en parle, il faut le faire dans un contexte précis. La pensée de l’Église, nous la connaissons, et je suis fils de l’Église, mais il n’est pas nécessaire d’en parler en permanence".

(Pape François, interview avec le Père Spadaro La Civiltà Cattolica 2013)

Le pape François nomme trois cardinaux américains opposés aux Républicains

BFMTV

L'origine de notre perception est vérifiée par ce titre de la presse (BFMTV): "le Pape nomme trois Cardinaux opposés aux Républicains". Le frame joue à plein. Or, cette réplique n'est pas décisive, car l'intégralité du message de l'Eglise implique aussi son enseignement social. Mais nous avions l'habitude que l'on écrive que l'Eglise s'opposait aux Démocrates, justement pour les questions liées à la famille et à la vie. La juste analyse repose sur l'équilibre gauche-droite car le chrétien perçoit des lacunes aussi bien à gauche qu'à droite. L'Eglise n'est pas un parti politique, alors que l'espace publique est formaté par la logique des partis. 

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Souvenons-nous de la rencontre du Pape François avec les journalistes, juste après son élection en mars 2013. Voici ce qu'il disait aux journalistes

L'Eglise n'a pas une nature politique

"Les événements ecclésiaux ne sont certainement pas plus compliqués que les événements politiques ou économiques ! Cependant ils ont une caractéristique fondamentale particulière : ils répondent à une logique qui n’est pas principalement celle des catégories, pour ainsi dire, mondaines, et justement pour cela il n’est pas facile de les interpréter et de les communiquer à un public vaste et varié.

En effet l’Église, tout en étant certainement aussi une institution humaine, historique, avec tout ce que cela comporte, n’a pas une nature politique, mais essentiellement spirituelle : elle est le Peuple de Dieu, le saint Peuple de Dieu, qui marche vers la rencontre avec Jésus Christ. C’est seulement en se mettant dans cette perspective qu’on peut rendre pleinement raison de ce que l’Église catholique accomplit".

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