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vendredi, 19 février 2016

Après la sainte colère de François, la vaine colère de Trump

Opinion

Pape et élection présidentielle aux USA: François comme « king maker » ?

images.jpegMême s’il n’a pas la langue dans sa poche, la popularité médiatique du Pape François est au firmament. La personne qui veut s’y opposer le fait à ses propres risques et périls.

Etre avec Benoît XVI exigeait du courage. Aujourd’hui, tout le monde est pour François. Ramer contre lui demande une toute autre force pour se démarquer.

Voici que le Pape s’invite dans la campagne présidentielle des USA. De retour de la frontière entre le Mexique et les USA, alors qu’il survolait le territoire américain, Phil Pullella de l’agence mondiale Reuters lui pose une question sur l’émigration, citant nommément Donald Trump.

Dans une interview, le candidat républicain aurait qualifié le Pape de pion, d’instrument du gouvernement mexicain. Trump, une fois élu au bureau oval, veut construire un mur de 2500 km et déporter les 11 millions d’illégaux en séparant les familles. Le correspondant précise: est-ce qu’un américain catholique peut voter pour lui ?

Le souverain pontife - étymologiquement celui qui créer des pont - répond avec un "air malicieux", sans aucune hésitation, abandonnant la langue de bois ecclésiastique et conscient de ses propos:

« Dieu merci qu’il ai dit que j’étais un politique, car Aristote a défini la personne humaine comme un animal politique . Au moins je suis une personne humaine. Suis-je un pion ? je ne sais pas, je laisse cela à votre jugement. Une personne qui pense uniquement à construire des murs, où qu’ils soient, et non des ponts, n’est pas chrétienne. Cela n’est pas l’Evangile ».

Le Pape précisera ne pas vouloir s’immiscer dans le vote pour finalement lui laisser encore le bénéfice du doute.

Cette réponse nette, claire et précise appartient à la doctrine sociale de l’Eglise. Cette dernière a l’expérience de la chute du mur de Berlin et dit exactement la même chose à Israël pour la construction du mur de sécurité.

Quand Trump fâché, lui toujours faire ainsi !

lama.jpgDonald Trump n’a pas du tout apprécié. Et pour cause, l’homme aux quelques 6 millions de followers, se fendra d’un tweet enflammé et colérique, invitant à lire sa publication sur Facebook:

"honteux" qu'un leader religieux mette en doute la foi d’une personne."

Le candidat républicain fâché se met même à demander au Pape d’abattre alors les murs - construits au IX siècle pour se protéger des invasions - qui entourent la Cité du Vatican, confondant alors la légitime défense et le blocus.

Désormais, les réseaux sociaux et les médias américains ne parlent presque plus que de cette petite phrase du Pape. La campagne est comme suspendu à cette phrase prononcée dans les airs, et sans en avoir l'air, jetée comme un pavée dans la marre. 

Certains analystes pensent que Trump fait une erreur tactique en s’opposant au souverain pontife, qui jouit d’une telle popularité aux USA que cela pourrait bien lui coûter son élection à la Maison Blanche.

D’autres sont d’un autre avis, car les américains sont parfois critiques vis-à-vis de la hiérarchie catholique, notamment à l’encontre du Pape; certains conservateurs ne le suivent pas sur l’écologie, lui reprochant même d’être communiste.

Quoi qu’il en soit, je penche pour la première hypothèse. A mon avis, la colère de Trump démontre son embarras.

Avoir le vent de François dans les voiles ne peut que booster sa campagne. Mais voilà, désormais, Trump est qualifié de personne non chrétienne ! Il a beau tenter de calmer le jeu, sa réaction colérique a déjà produit son effet. A mon avis, Trump vient de perdre la Maison Blanche. 

Finalement, le Pape a aussi déploré le manque de grands hommes politiques sur la scène européenne, comme l'Europe en a connu à la sortie de la guerre, comme des Adenauer ou des Schuman.

Le Pape tacle Trump. Le Pape François comme un faiseur de roi ?

François pèse de tout son poids dans l’élection à la présidence des USA et s’invite dans une campagne hautement médiatisée; va-t-il devenir un faiseur de roi ? Seul l’avenir nous le dira.

Une grande leçon de vie: la moindre parole de vérité pèse plus que tout le poids de l’univers. Le milliardaire aura de quoi méditer. L’argent ne peut pas rivaliser avec la pauvreté évangélique.

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