mercredi, 20 janvier 2016
Le calvaire des enfants de Ratisbonne (les Domspatzen), les Moineaux dirigés par Mgrs Georg Ratzinger
Mgr Georg Ratzinger:
"Je n'étais certainement pas au courant de l'étendue des méthodes brutales du Directeur M.. Si je l'avais su, j'aurais dit quelque chose".
L'Eglise catholique se doit d'être absolument et résolument auprès des victimes. Les crimes advenus sont épouvantables, inqualifiables et insoutenables.
Mgrs Georg Ratzinger, frère de Benoît XVI, se voit traîner dans la boue. Il a avoué avoir donné des claques, sans que cela entre dans le domaine des abus, tant physiques que sexuels.
S'il est impératif de faire toute la lumière et rendre la justice, il est dangereux et fallacieux de tirer sur un homme qui est tout simplement le frère du Pape Benoît XVI, celui par qui le grand nettoyage a pris toute son ampleur.
La Croix: le calvaire des enfants de Ratisbonne
(source)
Le P. Georg Ratzinger est visiblement embarrassé par le scandale de maltraitance qui frappe les Moineaux de la cathédrale de Ratisbonne (Domspatzen en allemand). Cette institution bavaroise comprend une chorale, parmi les plus célèbres du monde, une école primaire, un collège-lycée et un internat. Le frère aîné du pape émérite Benoît XVI a dirigé la chorale entre 1964 et 1994, une période durant laquelle au moins 231 enfants auraient été maltraités physiquement, et 50 agressés sexuellement. L’ancien chef de chœur n’est pas mis en cause dans ce scandale, dont les premières révélations remontent à 2010 et qui touche l’école primaire et les internats, mais ses déclarations contradictoires ont semé le trouble.
Le 8 janvier 2015, Ulrich Weber, un avocat de Münich, a rendu publics les premiers éléments de son travail mené depuis huit mois, à la demande du diocèse de Ratisbonne. Dans son rapport intermédiaire (la date de publication du rapport final n’est pas connue), il évoque un « système de peur » au sein de l’école primaire.
L’avocat a recueilli les témoignages de 70 anciens élèves qui relatent des violences allant de la gifle aux « coups sanglants ». Certains ont aussi subi des agressions sexuelles allant des attouchements au viol. Il estime que le tiers des 2 100 écoliers ayant fréquenté cette institution catholique, entre 1953 et 1992, auraient subi des violences physiques, soit au moins 700 personnes. Selon lui, même en tenant compte des méthodes d’enseignement de l’époque et de l’usage fréquent de punitions corporelles, les récits montrent une « grosse disproportion » dans les sanctions. Il rappelle aussi que l’affaire était « connue » et « critiquée en interne », comme le prouve une enquête interne menée en 1987 à l’encontre du directeur de l’internat, Johann Meier, décédé depuis.
Le P. Ratzinger nie avoir eu connaissance d’agressions sexuelles
Selon Ulrich Weber, le chef de chœur « devait être au courant » des actes de maltraitance. Georg Ratzinger lui-même avait reconnu en 2010 avoir donné quelques gifles à certains de ses élèves. Après la publication du rapport de Me Weber, le prêtre aujourd’hui âgé de 92 ans est revenu sur cette affaire lors d’une interview à la radio Bayerischer Rundfunk. « C’est tout simplement de la démence de vouloir vérifier combien de gifles ont été données, quarante ans en arrière », a-t-il déclaré en qualifiant le travail de recherche de « campagne » menée contre les Moineaux de Ratisbonne. Dans les pages du journal local, le Passauer Neue Presse, il explique aussi qu’« à l’époque, frapper, c’est-à-dire gifler, était courant dans les cercles d’enseignement et dans les familles ». « Chez les Moineaux de Ratisbonne, cela n’avait pas d’autre signification », estime-t-il. Le P. Ratzinger nie en revanche avoir eu connaissance d’agressions sexuelles.
Quelques heures après cet entretien, il a fait publier un communiqué officiel dans lequel il dit soutenir l’initiative du diocèse visant à faire la lumière sur cette affaire, salue le travail d’Ulrich Weber et appelle à la transparence. Il refuse, depuis, toute nouvelle interview.
« Système de terreur »
Reste que les propos du frère aîné du pape Benoît XVI, qui durant son pontificat avait impulsé une politique de tolérance zéro sur les affaires de pédophilie dans l’Église, embarrassent le diocèse de Ratisbonne, déterminé lui aussi à faire toute la lumière sur ce douloureux passé.
Dans un sermon, il y a un an, l’évêque, Mgr Rudolf Voderholzer, avait évoqué un « système de terreur » mis en place dans les écoles primaires de l’institution et appelé les victimes à se faire connaître. Le diocèse, qui envisage de créer un poste de coordinateur chargé de la question des droits de la jeunesse et de l’enfance, leur propose 2 500 € de dommages et intérêts. Aucune poursuite pénale ne peut toutefois être engagée, les faits étant prescrits.
Delphine Nerbollier (à Berlin)
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