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dimanche, 08 novembre 2015

Interview du Pape pour un journal des sans-abri

Une interview du Saint-Père à Straat Nieuws, le journal néerlandais des sans-abri

Cité du Vatican, 6 novembre 2015 (VIS).

images-1.jpegStraat Nieuws, le journal néerlandais des sans-abri, publie une interview du Pape, réalisée le 27 octobre, reprise par les 113 journaux du Réseau international des journaux de rue.

En voici quelques passages portant principalement sur la question de la pauvreté.

Quel est le message de l'Eglise pour les sans-abri? Qu'est-ce que la solidarité chrétienne pratique?

Le Pape: "Je pense à deux choses. Jésus est venu au monde sans même avoir un toit, et il est devenu pauvre. L'Eglise...sait ce que veut dire ne pas avoir un toit au-dessus de soi, alors que c'est un droit que défendent les Mouvements populaires des trois T (travail, toit, terre.) L'Eglise dit que toute personne a droit à ces trois T.

Vous demandez très souvent de prendre soin des pauvres et des réfugiés. N'avez-vous pas peur de lasser les media et la société en général?

Le Pape: "Lorsqu'il s'agit d'un sujet qui est pas agréable...on est effectivement tous tentés dire ça suffit. Oui. Si je me sens fatigué...je ne me préoccupe pas et continue à parler de la vérité et de dire les choses comme elles sont.''

N'avez-vous pas peur que votre appel à la solidarité envers les sans-abri et les pauvres soit exploité politiquement? Comment l'Eglise doit elle parler pour être influente tout en restant en dehors du débat politique?

Le Pape: "On risque de faire des erreurs dans ce domaine... L'Eglise doit dire la vérité mais aussi témoignage, le témoignage de la pauvreté. Si un croyant parle de la pauvreté ou des sans-abri alors qu'il vit comme un roi, ça ne va pas. L'autre risque est de conclure des accords avec les autorités politiques...peu clairs et transparents" qui favorisent la corruption présente dans la vie publique, mais aussi politique et religieuse".

Saint François, qui avait choisi la pauvreté radicale, vendit jusqu'à son évangéliaire. Comme Pape, ne vous sentez-vous pas encouragé à vendre les trésors de l'Eglise?

Le Pape: "Il ne s'agit pas des trésors de l'Eglise mais de toute l'humanité Par exemple, si demain je dis de mettre en vente la Pietà, on me répondra que ce n'est pas possible parce qu'elle n'appartient pas par l'Eglise. Elle est dans une église, mais appartient à l'humanité. Cela vaut pour tous les trésors de l'Eglise. Par contre nous avons commencé à vendre des cadeaux qu'on me fait."

Avez-vous vous conscience que la richesse de l'Eglise puisse créer de telles attentes?

Le Pape: "Oui. Si on dressait un inventaire des biens de l'Eglise, on pourrait croire qu'elle est très riche... En 1929, le gouvernement italien avait offert au Saint-Siège un vaste territoire, et c'est Pie XI qui a refusé et accepté seulement un demi-kilomètre carré de garantir l'indépendance de l'Eglise... Le parc immobilier de l'Eglise est important mais nous l'utilisons pour maintenir les structures de l'Eglise et réaliser de nombreux travaux, des hôpitaux ou des écoles. Par exemple, j'ai fait envoyer au Congo 50.000 euro pour construire trois écoles dans les zones défavorisées. L'éducation est une chose importante pour les enfants."

Très Saint Père, pouvez-vous imaginer un monde sans pauvres?

Le Pape: "Je voudrais un monde sans pauvres, et nous devons nous battre pour cela. Mais je suis un croyant et je sais que le péché est toujours en nous. Et il y a toujours la cupidité humaine, le manque de solidarité, l'égoïsme qui crée pauvres. Il est donc difficile d'imaginer un monde sans mal. Si on pense aux enfants exploités par le travail...ou les abus sexuels..., aux enfants tués pour le trafic d'organes! ... Je ne sais pas si on réussira à réaliser un monde un monde sans pauvres, parce que le péché est toujours là, qui conduit à l'égoïsme. Mais il faut continuer de lutter, toujours et encore."

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Vatican - le 06/11/2015 à 18:08:00 Agence I.Media


Une Eglise pauvre pour les pauvres : c’était le vœu du Pacte des catacombes, il y a 50 ans


domitilla-l125-h81.jpgEn écho au souhait du pape François de voir naître “une Eglise pauvre pour les pauvres“, l’Eglise catholique va commémorer un événement assez méconnu de son histoire : la signature, il y a 50 ans, du Pacte des catacombes par une quarantaine d’évêques s’engageant à la pauvreté évangélique, auxquels se sont ralliés par la suite plus de 500 pasteurs du monde entier. Pour cet anniversaire, un séminaire est organisé à l’Université urbanienne de Rome le 14 novembre 2015.


Le 16 novembre 1965, peu de jours avant la clôture du Concile Vatican II (1962-1965), une quarantaine de pères conciliaires signaient secrètement le Pacte des catacombes, s’engageant à “une vie de pauvreté“. Au terme d’une messe aux catacombes de Domitille dans le Sud de Rome, en s’appuyant sur l’Evangile et conscients de leurs “manques“ et de leurs “faiblesses“, les signataires se sont engagés à renoncer aux privilèges et à vivre “ordinairement“, que ce soit dans leur logement, leur alimentation, leurs moyens de locomotion ou encore leurs vêtements.

Deux mois avant cet évènement, Paul VI avait célébré la messe dans la catacombe auprès des tombeaux des premiers chrétiens, affirmant en particulier : “Ici l’Eglise fut dépouillée de tout pouvoir humain, ici elle fut pauvre, humble, pieuse, opprimée et héroïque“.

Dans ce pacte, les pasteurs, auxquels se rallièrent des centaines d’autres par la suite, renonçaient donc aux titres d’honneur, “à l’apparence et aux réalités de la richesse“, à posséder des biens immobiliers en leur nom propre, et même des comptes en banque. Afin de mieux se consacrer à la “pastorale“ et au “service“, ils exprimaient leur intention de confier la gestion financière et matérielle de leurs diocèses à “des laïcs compétents“. Enfin, les responsables ecclésiaux promettaient de se consacrer au service des personnes et des groupes “économiquement faibles et peu développés“, et d’interpeler les chefs de gouvernement, afin de promouvoir la lutte contre la misère et les inégalités.

Cinquante ans plus tard, le Pacte des catacombes demeure peu connu, mais il n’est pas encore tout à fait tombé dans les oubliettes. Il est cité parmi les initiatives qui ont influencé la Théologie de la libération. Par ailleurs, le seul des évêques signataires à être encore en vie, l’Italien Mgr Luigi Bettazzi, a appelé ses confrères à le relancer en l’honneur de ce jubilé. Un anniversaire qui, d’une certaine façon, rend hommage aux pasteurs catholiques qui s’efforcent de suivre la voie de la pauvreté évangélique, hier ou aujourd’hui, et que le pape François pourrait choisir de commémorer. AK

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