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lundi, 18 août 2014

Interviewe du Pape François dans l'avion, I.Media y était

Interview dans l'avion: Aleteia, les 13 réponses du Pape 

Le Figaro: licite d'arrêter l'agresseur ( Pape François, Irak )

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Vatican - le 18/08/2014 à 20:13:00 Agence I.Media

L’Irak, la Chine, la Terre sainte et la “cruauté du monde“ parmi les sujets abordés par le pape en rentrant de Corée du Sud.

Le pape François a une nouvelle fois longuement rencontré les journalistes dans l’avion qui le ramenait de Séoul (Corée du Sud), le 18 août 2014. Interpellé sur l’intervention aérienne américaine en Irak contre les djihadistes de l’Etat islamique, il a assuré qu’un pays ne pouvait “juger tout seul comment arrêter un agresseur injuste“, rappelant que ce rôle cependant “licite“ revenait à l’ONU. Le pape a révélé qu’il était prêt à se rendre en Irak, aux côtés des minorités.


Au moment où il survolait l’espace aérien chinois, le pape a évoqué son grand respect pour le peuple de l’Empire du Milieu, la requête de Rome pour plus de “liberté“ pour l’Eglise et fait part de son souhait de se rendre un jour dans le pays. Répondant aux questions d’une quinzaine de journalistes, le pape François a aussi assuré que la prière pour la paix en Terre sainte de juin dernier au Vatican n’était “absolument“ pas “un échec“, en dépit du conflit meurtrier à Gaza. Il a abordé de très nombreux autres sujets comme la “cruauté“ du monde et le scandale de la torture, la souffrance du peuple coréen, ou encore sa prochaine encyclique et l’éventualité qu’il renonce un jour au pontificat.

Voici l’essentiel de l’intervention du pape François :

Arrêter l’agresseur en Irak

Concernant l’Irak, le pape François a ainsi assuré que, “dans les cas où il y a agression injuste“ il était “licite d’arrêter l’agresseur injuste“. “Je dis bien ‘arrêter’, je ne dis pas bombarder ou faire la guerre, les moyens de l’arrêter devront être évalués“, a-t-il aussitôt précisé avant d’inviter à un devoir de “mémoire“ : “Combien de fois, avec l’excuse d’arrêter l’agresseur injuste, des puissances ont assujetti des peuples et ont fait une véritable guerre de conquête !“

“Un seul pays ne peut juger comment arrêter un agresseur injuste“, a précisé le pape dans une référence à l’intervention américaine en cours, avant d’insister : “Après la Seconde Guerre mondiale est née l’idée des Nations unies, c’est là que l’on doit discuter et dire : il y a un agresseur injuste, comment l’arrêtons-nous ?“

Le projet d’une visite en Irak

“On me parle des pauvres chrétiens (d’Irak, ndlr) et c’est vrai qu’ils souffrent, il y a en effet beaucoup de martyrs“, a poursuivi le pape, mais il y a là des hommes et des femmes, des minorités religieuses qui ne sont pas toutes chrétiennes, et ils sont tous sont égaux devant Dieu“. Avec ces mots, ont confié par la suite à I.MEDIA des sources vaticanes, le chef de l’Eglise catholique a cherché à ne pas se focaliser sur le drame vécu par les chrétiens afin de les protéger et de ne pas transformer la situation en guerre de religion. Voici plusieurs semaines, en outre, que le pape lance des appels en faveur des chrétiens d’Irak chassés de leurs maisons.

Le pape François a également assuré qu’il était “disponible“ à se rendre “si nécessaire“ en Irak, confiant qu’il avait pensé dans un premier temps à s’arrêter dans le pays à son retour de Corée, devant la situation des minorités religieuses et de la région du Kurdistan irakien. “En ce moment ce n’est pas la meilleure chose à faire, mais je suis disposé à le faire“, a précisé le pape après avoir dressé la liste des différentes initiatives récentes du Saint-Siège en la matière.

L’ouverture à la Chine

Alors que l’avion qui le menait à Rome survolait l’espace aérien chinois, le pape a raconté aux journalistes s’être rendu un peu plus tôt dans le cockpit où il avait assisté à l’échange entre les pilotes et les contrôleurs du ciel de l’Empire du Milieu. Ces derniers avaient alors donné à l’avion pontifical l’autorisation de survoler le territoire de la République populaire. “De retour à ma place, j’ai beaucoup prié pour le beau et noble peuple chinois, un peuple sage“, a confié le pape avant de s’exclamer : “Si je veux aller en Chine ? Bien sûr, dès demain !“

“Nous respectons le peuple chinois, a dit le pape François, mais l’Eglise demande seulement la liberté pour faire son métier, son travail, aucune autre condition“. Il a alors invité à ne pas oublier la lettre “fondamentale“ et encore “actuelle“ envoyée aux Chinois par Benoît XVI en 2007. Alors que Pékin et Rome n’ont pas de relations diplomatiques, le pape a enfin assuré que le Saint-Siège était “toujours ouvert aux contacts car il a une véritable estime pour le peuple chinois“.

La prière pour la paix en Terre sainte ne fut pas un échec

Organisée le 8 juin dernier au Vatican et rapidement suivie par un conflit meurtrier à Gaza, la prière pour la paix en Terre sainte en compagnie des présidents israélien et palestinien “n’a absolument pas été un échec“, selon le pape François. Le récent conflit à Gaza était “conjoncturel“, a expliqué le pape, à l’inverse de la prière grâce à laquelle une “porte“ s’est “ouverte“. “En ce moment, a-t-il précisé, la fumée des bombes, des guerres, ne laisse pas entrevoir la porte, mais cette porte est restée ouverte depuis ce jour-là, et comme je crois en Dieu, je crois que le Seigneur regarde cette porte et ceux qui prient et lui demandent qu’il nous aide“.

Le pape, en outre, a assuré que cette “initiative“ de prière venait des présidents d’Israël et de l’Etat de Palestine, des “hommes de paix“. Cette affirmation diffère cependant de ce qu’il avait assuré en mai dernier, laissant comprendre alors qu’il était lui-même à l’origine de cette initiative.

La “cruauté“ du monde

“Nous sommes aujourd’hui dans un monde en guerre, un peu partout“, a par ailleurs déploré le pape avant de lancer : “Aujourd’hui les enfants ne comptent pas. Aujourd’hui, les bombes tuent l’innocent avec le coupable, la femme avec son enfant, elles massacrent tout le monde. Nous devons nous  arrêter et réfléchir au niveau de cruauté que nous avons atteint. Cela devrait nous effrayer“.

“La torture est devenu aujourd’hui l’un des moyens presque ordinaires des services secrets, des procès de justice“, a affirmé le pape aux journalistes en les encourageant à s’intéresser de plus près à cette question. “La torture est un péché contre l’humanité“, a-t-il expliqué avant de préciser à l’intention des catholiques : “torturer quelqu’un est un péché grave, un péché mortel“.

La “souffrance“ de la péninsule coréenne

Comme il l’avait fait à Séoul, le pape a évoqué une nouvelle fois “la souffrance de tant de familles qui ne peuvent se retrouver“, divisées entre Nord et Sud. Il a alors révélé qu’il avait reçu en cadeau, le matin même, une couronne d’épines du Christ réalisée avec du barbelé “qui divise les 2 parties d’une même Corée“.

Après avoir salué avec beaucoup de tendresse, le matin même à Séoul, quelques anciennes esclaves sexuelles de l’armée japonaise, les femmes dites ‘de réconfort’, le pape a relevé que le peuple coréen lui avait semblé “fort dans la dignité“ malgré “tant de souffrances“.

Le pape a en outre été interpellé sur ses multiples gestes à l’égard des survivants et des familles de victimes du ferry coréen Sewol, qui demandent justice au gouvernement. A la question de savoir s’il craignait que ces gestes soient mal interprétés, le pape François a répondu : “Lorsque tu te trouves face à la souffrance humaine, tu dois faire ce que ton cœur te dit de faire, puis les autres diront : il a fait cela parce qu’il a des intentions politiques, ou encore autre chose, on peut tout dire“. “Je suis prêtre et je sens que je dois être proche“, s’est tout simplement justifié le pontife. Il a alors confié qu’on lui avait recommandé de ne pas garder sur sa soutane un ruban jaune, symbole des familles des victimes, par soucis de neutralité. “J’ai répondu, a confié le pape, que face à la douleur humaine, on ne peut être neutre !“

Les prochains voyages

Le 21 septembre, le pape François se rendra en Albanie, non pas spécialement pour se rendre aux “périphéries“ de l’Europe, a-t-il expliqué, mais d’abord pour encourager ce pays qui a réussi à composer “un gouvernement d’unité nationale avec des musulmans, des orthodoxes, des catholiques, etc… avec un conseil interreligieux qui aide beaucoup et équilibré“. “La présence du pape consiste à dire à tous les peuples que l’on peut travailler ensemble“, a-t-il précisé. L’autre motivation de cette visite réside dans le fait que l’Albanie fut “le seul des pays communistes à avoir l’athéisme inscrit dans sa constitution“.

Outre son voyage aux Philippines et au Sri Lanka en janvier 2015, le pape entend bien se rendre aux Etats-Unis, en septembre de la même année. Il a expliqué qu’il souhaitait aller à Philadelphie pour la Rencontre mondiale des familles mais aussi, à l’invitation de Barack Obama, à Washington pour intervenir devant le Parlement américain, et enfin à New York, au siège des Nations unies. Confirmant qu’il avait été invité au Mexique, le pape a expliqué qu’il pourrait “profiter“ de ce déplacement pour s’y rendre mais que ce n’était “pas sûr“. Il sera difficile pour lui de se rendre à Avila (Espagne) en 2015, a encore confié le pape.

Benoît XVI et “l’institution“ des papes émérites

Une fois encore, le pape François a assuré qu’il possédait avec Benoît XVI un rapport “de frères“, mais que le pape émérite était aussi pour lui comme un “grand-père“, un homme plein de “sagesse“ et de “nuances“ avec qui il possède un “rapport normal“. Il a confié que le pape émérite lui avait récemment remis “un écrit intéressant“ en lui demandant son avis.

L’évêque de Rome est aussi revenu sur le statut du pape émérite. “Peut-être que certains théologiens me diront que ce n’est pas juste“, a-t-il soutenu, mais “pape émérite n’est pas une exception“, c’est devenu “une institution“. “Notre vie s’allonge et, à un certain âge, on n’a pas la capacité de bien gouverner, parce que le corps se fatigue, la santé peut être bonne mais on n’a pas la capacité de gérer tous les problèmes d’un gouvernement comme celui de l’Eglise“. Et le pape François d’assurer : “Si je sens que je ne peux pas continuer, je ferai la même chose“.

Encyclique sur l’écologie

Le pape François a par ailleurs confié qu’il avait très récemment reçu des mains du cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, “la première mouture“ de sa prochaine encyclique sur la protection de la Création, sur l’écologie humaine. Il a jugé que ce premier texte, plutôt épais, serait allégé car il se devait d’énoncer dans un texte magistériel des “choses sûres“ alors qu’en la matière, il existe “des certitudes jusqu’à un certain point, avant les hypothèses scientifiques“.

Comment gère-t-il sa popularité ?

Extrêmement populaire depuis le début de son pontificat, le pape François a assuré qu’il remerciait Dieu “que son peuple soit heureux“. “Je tente de penser à mes péchés et à mes erreurs pour ne pas trop me monter la tête car je sais que cela durera peu de temps“. Puis, en souriant, il a glissé : “2 ou 3 ans et puis, hop, j’irai vers la maison du père !“

Les vacances du pape

“La dernière fois que j’ai pris des vacances en dehors de Buenos Aires, avec la communauté jésuite, c’était en 1975“, s’est amusé le pape, expliquant que cette période signifiait plus pour lui un changement de rythme : “Je dors plus, je lis ce qui me plaît, j’écoute de la musique, je prie plus, et cela me repose“. Il a cependant reconnu avoir dû affronter des “journées très chargés“ avant l’été qui l’avaient contraint à annuler quelques rendez-vous. “Désormais, a-t-il promis, je dois être un peu plus prudent !“

Interpellé sur sa vie à la Maison Sainte-Marthe au Vatican, le pape a en outre soutenu qu’il tentait d’y vivre “la vie la plus normale possible“. “J’aimerais bien pouvoir sortir, mais si tu sors…“, a dit le pape en faisant comprendre qu’il serait assailli par la foule. “Vous sentez-vous prisonnier ?“, a demandé une journaliste. “Au début oui, a répondu le pape, mais plus maintenant car quelques murs sont tombés“.

Mgr Oscar Romero, bientôt bienheureux ?

Le procès de béatification et de canonisation de l’évêque salvadorien Oscar Romero (1917-1980), longtemps “bloqué par prudence“ à la Congrégation pour la doctrine de la foi, doit désormais “suivre la voie normale d’un procès“ à la Congrégation des causes des saints, a confié le pape. Pour autant, le pape argentin a jugé que Mgr Romero était “un homme de Dieu“ et qu’il était important de le béatifier “sans tarder“ en éclaircissant à cette occasion la possibilité de voir en lui un martyr, tué en haine de la foi. 

Antoine-Marie Izoard/I.MEDIA

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