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dimanche, 20 juillet 2014

Communication: le pathos du Pape François et le logos de Benoît XVI

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Pourquoi cette différence de perception entre Benoît XVI et le Pape François ?

Si la continuité est pleinement assurée, la perception des deux Papes Benoît XVI et François est cependant différente. Sans doute parce que Benoît XVI penche clairement du côté du "logos" et que François joue d'avantage sur le "pathos". 

Le rhétorique évoque 3 mots dans l'art de convaincre:

- le pathos

- l'ethos

- le logos

Le pathos touche aux émotions, aux passions. L'ethos concerne l'intégrité morale de celui qui parle et le logos renvoie au contenu rationnel du message. 

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Benoît XVI: le Pape du Logos

Pour le Pape Benoît XVI, le Logos est au coeur de sa théologie: le Verbe du Prologue de Saint Jean, Dieu qui se fait chair, Jésus Christ le Fils de Dieu. Durant 50 ans, il fut le roc des intellectuels, comme celui des petits et des simples. Ses discours, ses homélies et ses interventions furent d'une précision prodigieuse. Un tout grand maître de l'harmonie, de la logique et de la rationalité de la foi, tant la musique des mots charme son auditoire. 

L'ethos que dégage Benoît XVI est aussi remarquable. Il vit ce qu'il dit et dit ce qu'il vit. Pour ses ennemis, son action claire et transparente face à la crise pédophile est à mettre à son actif. 

Le Pape François et le "pathos"

Pour le Pape François, il dégage le même "ethos" que le Pape Benoît XVI: intégrité, crédibilité et humilité. Cependant, et cela vient probablement de ses origines latino-américaines, le pathos domine clairement, parfois au détriment du logos. L'Amérique du Sud possède une culture d'avantage émotionnel. Les européens sont marqués par Saint Thomas d'Aquin ou Kant ... Notre Pape suscite les émotions, touche le coeur des personnes et transporte les foules. Il meut et émeut. 

Inutile de préciser que l'ambiance actuelle du monde médiatique penche nettement du côté du "pathos". 

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Commentaires

C'est par le pathos qu'on été amené l'avortement, l'euthanasie, le mariage homosexuel. ..et demain la pma ou la gpa...

Méfiance que ça ne soit pas par le pathos qu'on amène aussi la communion sacrilège aux personnes adultères....comme ça se fait déjà pastoralement à bcp d'endroits en Suisse.

Quand à l'évidence de la continuité entre les 2 derniers Papes elle vous est personnel car vous êtes à ma connaissance le dernier blog, toute tendance confondue, à la défendre.

Écrit par : stève | lundi, 21 juillet 2014

Merci beaucoup pour ce compliment ....

Écrit par : Don Dom | lundi, 21 juillet 2014

La continuité n'est assurée qu'au niveau de la fonction et du dépôt de la foi, que le pape ne peut changer à son gré. Pas grand chose, donc, en vérité. Pour le reste, le recul de l'histoire nous aidera peut-être à y voir plus clair, mais de sérieux doutes peuvent être formulés...

Il est vrai qu'on participe d'une génération qui a grandi sous le soleil de Jean-Paul II et Ratzinger-Benoît XVI, et qu'on a par conséquent une peine immense (à tous les sens du terme) à imaginer qu'un pape puisse faire des erreurs, dire des bêtises, abîmer l'Eglise et ses fidèles... On finit par être tenté de croire que le pape est un super-héros et qu'il a toujours raison, qu'il est infaillible en toutes ses actions, qu'il a une ligne directe avec le Saint Esprit et que tout ce qu'il dit est parole d'Evangile... C'est évidemment faux, et même hérétique.

Comme le disait un bloggeur, les papes passent, l'Eglise reste; ils ne peuvent la détruire mais ne la laissent pas toujours dans l'état où ils l'ont trouvée... Prions donc beaucoup pour le Saint Père, comme il ne cesse de le demander.

Écrit par : ph.martin | lundi, 21 juillet 2014

Bonjour,

1. Quand on recourt prioritairement au logos, il arrive que ce soit avant tout dans l'espoir de convaincre, et avec la possibilité de recevoir du Logos, et de transmettre aux autres, les moyens de résister à la double confusion contemporaine entre consensus et vérité, entre sympathie et sainteté.

2. Quand on recourt prioritairement au pathos, il arrive que ce soit avant tout dans l'espoir de séduire, avec de plus grandes difficultés de recevoir du Logos, et de transmettre aux autres, sans équivoques ni imprécisions ni imprudences, les moyens de résister à la double confusion ci-dessus évoquée.

3. Dites moi si vous cherchez plutôt à faire appel à l'intelligence de vos interlocuteurs, ou si vous cherchez plutôt à faire appel à leur affectivité, à leur émotivité, et je vous dirai si vous voulez plutôt les convaincre, ou plutôt les séduire.

4. Il ne s'agit pas pas pour moi de dire que l'on est d'autant plus convaincant que l'on est plus repoussant ou moins séduisant, mais il s'agit pour moi de dire que le recours prioritaire au pathos débouche fréquemment, chez le Pape François, sur de l'ambivalence, voire sur une intransigeance plus grande

- à l'égard des catholiques qui s'efforcent d'être fidèles à une conception non avant tout ni seulement sentimentale et solidariste du christianisme,

que

- vis-à-vis des principes et des pratiques religieux des chrétiens non catholiques et des croyants non chrétiens.

5. Que voulez-vous, depuis longtemps, l'AFFECT s'est substitué au CONCEPT ; vous recourez à juste titre aux notions d'ethos, de logos et de pathos, mais nos contemporains comprendraient-ils que vous évoquiez

- le "nomos" et tel ou tel "topos" inhérents à l'expression de la substance de la Foi catholique ?

- la nécessité de résister à la tentation de la cosmolâtrie et de la chronolâtrie, donc de résister à la tentation de l'adoration du monde présent et à l'adoration du temps présent ?

6. J'ai parfaitement conscience du fait que quand on priorise à outrance le logos, on risque de transformer le christianisme en une gnosis dogmatique réservée à une élite ou à des initiés, mais croyez-vous qu'il soit moins dangereux de prioriser à outrance le pathos, au point ou au risque de le transformer en une praxis croire-ensembliste et vivre-ensembliste ?

7. Je m'efforce de terminer ce message en rappelant que l'on a beaucoup priorisé le pathos, dans les années 1960-1970 ; je suis convaincu que cela a beaucoup plus contribué à la fragilisation qu'à la consolidation de la Foi, de l'Espérance, de la Charité.

8. Aujourd'hui, la tentation de prioriser le pathos passe, ou en tout cas semble passer, par le recours à des notions telles que "l'esprit de l'Evangile" et "les valeurs chrétiennes" ; eh bien,

- si jamais "l'esprit de l'Evangile", devient, à l'égard de l'Evangile, ce que "l'esprit du Concile" a été et est toujours, vis-à-vis du Concile,

- si jamais "les valeurs chrétiennes" provoquent l'éviction ou l'omission, en douceur, en silence, avec le sourire, de la réception et de la transmission de l'expression de la radicalité et de la spécificité de chacune des trois vertus théologales,

croyez-moi, nous n'aurons rien gagné.

Merci de m'avoir donné l'expression de m'exprimer ainsi, bon dimanche et excellente continuation.

A Z

Écrit par : A Z | dimanche, 10 août 2014

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