lundi, 26 mai 2014
Pape François au Yad Vashem
Le Pape embrasse la main d'un survivant de la Shoah
“Homme, qui es-tu ? Je ne te reconnais plus“, lance le pape François au mémorial de la Shoah à Jérusalem (Verbatim).
Comme le firent avant lui Jean-Paul II (1978-2005) et Benoît XVI (2005-2013), le pape François s’est rendu le 26 mai 2014 dans l’impressionnante “salle de la mémoire“ du Yad Vashem, à Jérusalem. Dans ce haut lieu de mémoire de la Shoah, en présence du président et du premier ministre israéliens, le pape a prononcé une profonde méditation sur “la tragédie incommensurable de l’holocauste“ dans laquelle il a interrogé l’humanité. Après avoir évoqué sa “honte“ de ce dont l’homme avait été capable, le pape a lancé : “Jamais plus, Seigneur, jamais plus !“.
Le pape François, avant cela, a ravivé la flamme du souvenir de la Shoah et, avec 2 jeunes catholiques, a déposé une gerbe de fleurs jaunes et blanches sur le mausolée contenant les cendres de quelques victimes de la Shoah. Puis, le pape a écouté des survivants de l’holocauste lui raconter leur histoire personnelle avant de prononcer sa méditation, d’une voix lente et grave.
Voici le texte prononcé par le pape François au mémorial du Yad Vashem :
“Adam, où es-tu ?“ (cf. Gn 3, 9). Où es-tu, homme ? Où es-tu passé ? En ce lieu, mémorial de la Shoah, nous entendons résonner cette question de Dieu : “Adam, où es-tu ?“. En cette question il y a toute la douleur du Père qui a perdu son fils. Le Père connaissait le risque de la liberté ; il savait que le fils aurait pu se perdre… mais peut-être, pas même le Père ne pouvait imaginer une telle chute, un tel abîme ! Ce cri : “Où te trouves-tu ?“, ici, en face de la tragédie incommensurable de l’Holocauste, résonne comme une voix qui se perd dans un abîme sans fond…
Homme, qui es-tu ? Je ne te reconnais plus. Qui es-tu, homme ? Qu’est-ce que tu es devenu ? De quelle horreur as-tu été capable ? Qu’est-ce qui t’a fait tomber si bas ? Ce n’est pas la poussière du sol, dont tu es issu. La poussière du sol est une chose bonne, œuvre de mes mains. Ce n’est pas l’haleine de vie que j’ai insufflée dans tes narines. Ce souffle vient de moi, c’est une chose très bonne (cf. Gn 2, 7). Non, cet abîme ne peut pas être seulement ton œuvre, l’œuvre de tes mains, de ton cœur… Qui t’a corrompu ? Qui t’a défiguré ? Qui t’a inoculé la présomption de t’accaparer le bien et le mal ? Qui t’a convaincu que tu étais dieu ? Non seulement tu as torturé et tué tes frères, mais encore tu les as offerts en sacrifice à toi-même, parce que tu t’es érigé en dieu. Aujourd’hui, nous revenons écouter ici la voix de Dieu : “Adam, où es-tu ?“.
Du sol s’élève un gémissement étouffé : Prends pitié de nous, Seigneur ! A toi, Seigneur notre Dieu, la justice, à nous le déshonneur au visage, la honte (cf. Ba 1, 15). Un mal jamais survenu auparavant sous le ciel s’est abattu sur nous (cf. Ba 2, 2). Maintenant, Seigneur, écoute notre prière, écoute notre supplication, sauve-nous par ta miséricorde. Sauve-nous de cette monstruosité. Seigneur tout-puissant, une âme dans l’angoisse crie vers toi. Ecoute, Seigneur, prends pitié. Nous avons péché contre toi. Tu règnes pour toujours (cf. Ba 3, 1-2). Souviens-toi de nous dans ta miséricorde. Donne-nous la grâce d’avoir honte de ce que, comme hommes, nous avons été capables de faire, d’avoir honte de cette idolâtrie extrême, d’avoir déprécié et détruit notre chair, celle que tu as modelée à partir de la boue, celle que tu as vivifiée par ton haleine de vie.
Jamais plus, Seigneur, jamais plus ! “Adam, où es-tu ?“. Nous voici, Seigneur, avec la honte de ce que l’homme, créé à ton image et à ta ressemblance, a été capable de faire. Souviens-toi de nous dans ta miséricorde.
I.MEDIA/AMI
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