dimanche, 12 janvier 2014
Homélie de Mgr Charles Morerod
Ordination de Monseigneur Alain de Raemy Évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg
Homélie de Monseigneur Charles Morerod OP Evêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg
Fribourg - Cathédrale Saint-Nicolas Samedi 11 janvier 2014
Was bedeutet eine Bischofsweihe? Der Bischof kann man nur in seiner Beziehung mit der Kirche verstehen. Das zweite Vatikanische Konzil beschreibt die Kirche zuerst als „Reich Gottes“, dann als „der Schafstall, dessen einzige und notwendige Tür Christus ist“, „die Pflanzung, der Acker Gottes“, „Gottes Bauwerk“, „das Jerusalem droben“ und „unsere Mutter“, dann auch als „Leib Christi“, als „Gemeinschaft des Glaubens, der Hoffnung und der Liebe“ und als „Volk Gottes“. So ist die Kirche vor allem in ihrer Beziehung mit Gott verstanden. Weshalb kann man mehr oder verstehen, was ein Bischof ist, nur in seiner Beziehung mit der Kirche als Kirche Gottes verstanden. Wenn es nicht für Gott wäre hätten wir keine echte Gründe zu feiern, was wir heute feiern.
Es ist natürlich auch etwas menschliches: „wer Gott liebt“, soll „auch seinen Bruder lieben“ Und unserem „Gott hat es (...) gefallen, die Menschen nicht einzeln, unabhängig von aller wechselseitigen Verbindung, zu heiligen und zu retten, sondern sie zu einem Volke zu machen, das ihn in Wahrheit anerkennen und ihm in Heiligkeit dienen soll“. Dank der jetzigen Liturgie können wir besser verstehen, was wir jetzt tun. Wenn wir den liturgischen Wörtern aufmerksam zuhören, und die liturgischen Akte aufmerksam schauen, können wir immer viel lernen.
Comme la révélation « comprend des actions et des paroles intimement liées entre elles », la liturgie nous montre et nous dit à la fois ce que nous sommes en train de vivre.
Nous allons dans un instant dire ou entendre la prière d’ordination, qui est – avec l’imposition des mains – l’un des deux gestes principaux par lesquels, Alain, tu deviendras évêque. Durant cette prière, on tiendra l’Evangile ouvert sur ta tête, montrant ainsi que tu es soumis à l’Evangile et que tu es appelé à le vivre et à le faire vivre. Si nous écoutons ce que cette prière demande à Dieu, nous découvrons beaucoup d’aspects de ce que nous célébrons. J’en signale quelques extraits :
- « dès l’origine, tu as destiné le peuple issu d’Abraham à devenir un peuple saint » :
- «tu as institué des chefs et des prêtres et toujours pourvu au service de ton sanctuaire » :
Dieu accepte notre manière humaine de faire (il accepte de donner à son peuple un roi et un temple tout en expliquant bien que lui- même aurait suffi...) parce qu’il nous aime et nous respecte. Mais en même temps Dieu sait l’infirmité des pasteurs humains, et il est toujours lui-même notre pasteur . Dans l’incarnation, on voit comment Dieu se fait lui-même notre pasteur tout en rassemblant une communauté humaine et en lui donnant des pasteurs. C’est ce qui arrive dans le sacrement de l’ordre, Dieu lui-même nous donne un pasteur, qui devra toujours se souvenir qu’il n’est qu’un pauvre collaborateur de Dieu, dont Dieu pourrait se passer et qui est ainsi un serviteur inutile.
- « tu veux trouver ta gloire dans les hommes que tu choisis »
Dieu n’a pas besoin de nous pour sa gloire ! C’est nous qui avons besoin d’être dans la lumière de Dieu, et il ne veut pas que nous y parvenions comme des marionnettes passives. Il nous associe à son œuvre, parce qu’il veut notre réponse libre à son amour. C’est un des grands mystères du christianisme que Dieu, reconnu dans toute sa majesté, s’associe une communauté humaine...
Comme nous ne sommes pas des pantins dans les mains d’un destin indifférent à notre liberté, nous pouvons accepter ou non ce que Dieu nous demande. Au début de cette célébration le futur évêque a exprimé son engagement, qui est une sorte d’explicitation de la confession de foi du baptême (renouvelée à chaque veillée pascale). Il a accepté « cette charge au service du peuple de Dieu », jusqu’à la mort et avec la grâce du Saint-Esprit. Et il a pris des engagements :
« annoncer l’Evangile du Christ avec fidélité et sans relâche » :
Comme cela est manifesté par l’Evangile sur la tête de l’évêque pendant la prière d’ordination
« garder le dépôt de la foi »:
- il s’agit d’annoncer tout l’Evangile, contre la tentation de n’en annoncer qu’une partie, qui pourrait être :
- annoncer seulement ce que j’en comprends ;
- annoncer seulement ce dont je pense que mes interlocuteurs peuvent le comprendre ou le vivre (ce serait une forme de mépris des interlocuteurs ou une conviction que moi j’ai mieux que l’Evangile, une autoattribution par le ministre de « On vous a dit, moi je vous dis »). L’Evangile nous dépasse, mais c’est le don de Dieu et il ne peut être reçu et vécu qu’avec sa grâce ;
mais cet Evangile doit être annoncé à la manière dont le faisait Jésus, et qu’exprime ta devise: Auprès du Seigneur la miséricorde. Les exigences de l’Evangile pourraient sembler écrasantes si on les communiquait sans la conscience permanente que « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » , nous dit Jésus. L’Evangile n’est une bonne nouvelle que s’il est annoncé avec amour. Comme nous l’a rappelé et montré S. François de Sales, « l’on prend plus de mouches avec une cuillerée de miel qu’avec cent barils de vinaigre. S’il faut donner en quelque excès, que ce soit du côté de la douceur ».
« travailler à la construction du corps du Christ »:
L’Eglise ne se comprend qu’en relation au Christ, sans laquelle on n’a aucune raison suffisante d’en faire partie et encore moins d’y donner sa vie ;
La construction du Corps du Christ se réalise par l’annonce de l’Evangile et la célébration des sacrements.
"et demeurer dans son unité avec le collège des évêques et sous l’autorité du successeur de Pierre »:
Au sein du collège des évêques qui succède au collège des Apôtres dans une partie de ses fonctions, l’évêque sert de référence parmi les différentes interprétations de l’Evangile, qu’il y a toujours eu et qu’il y aura toujours, Le successeur de Pierre est la référence si différentes interprétations de la foi se font jour au sein du collège des évêques. Avec ces moyens de salut « humains », Dieu a pris ses dispositions pour que le don du Christ puisse vraiment être transmis avec sûreté à travers les âges.
«accueillir au nom du Seigneur les pauvres et les étrangers »:
Cela fait partie de l’annonce de tout l’Evangile. Le Sermon sur la montagne, qui indique le cœur de la nouveauté évangélique, nous le rappelle : « j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli » (Mt 25,35). Dieu compte sur nos mains. Si le nouvel évêque a besoin de l’imposition des mains, nos mains chrétiennes sont requises pour que les pauvres croient que Dieu les aime, et lorsque nous rencontrerons le Christ il nous demandera si nos mains ont soulagé ceux qui souffrent.
«partir à la recherche des brebis errantes »
Actuellement il s’agit de chercher non plus 1 brebis sur 100, mais 99 sur 100, nous dit le pape; nous sommes une minorité qui accepte comme une libération d’avoir perdu un rôle social dominant à cause duquel trop de monde a souffert ; nous proposons simplement le Christ comme il s’est proposé lui- même, à qui accepte librement de l’accueillir ;
cela implique de dire et de montrer ce que nous proposons à accueillir. Dans la situation d’ignorance religieuse où nous nous trouvons, un grand effort de formation chrétienne doit être entrepris (comme tu l’as constaté durant toutes tes années de ministère auprès des jeunes, en paroisse et à la Garde Suisse).
« intercéder auprès de toi et à te présenter l’offrande de ton Église »:
a. Il est indispensable d’intercéder parce que nous nous rappelons que nous sommes des serviteurs inutiles dans la vigne du Seigneur qui est l’Eglise, nous pouvons planter et arroser, mais c’est Dieu qui donne la croissance. Parler avec Dieu des personnes que nous rencontrons est au cœur de notre ministère. Imitons Jésus qui, avant d’appeler ses Apôtres, a passé la nuit en prière, nous rappelle l’Evangile de cette messe.
b. L’évêque doit présenter l’offrande – l’eucharistie. «L’Eglise fait l’eucharistie, l’eucharistie fait l’Eglise ». Ce qui compte dans l’Eglise, ce ne sont pas les discours religieux, c’est la présence du Christ lui- même. C’est pourquoi il faut l’eucharistie pour laquelle il faut des prêtres et donc des évêques. Si ce n’est pas l’eucharistie qui est au centre, ce sera nous, nos idées et notre œuvre ; mais nous n’amenons pas à nous-mêmes ! Nous nous posons beaucoup de justes questions (peut-être aussi des questions fausses) à propos de notre pastorale, de la vie des communautés chrétiennes. Et nous devons nous poser ces questions. Mais rappelons-nous toujours de ce qui est le plus fondamental : une communauté chrétienne existe par et pour le Christ. C’est lui qui nous appelle – « faites ceci en mémoire de moi » – et qui est présent là où deux ou trois sont rassemblés en son nom. Appelons-le sans cesse : Viens, Seigneur Jésus ! Si nous voulons que nos communautés chrétiennes vivent et se développent, il faut que l’on y reconnaisse la présence agissante du Christ.
Le porteur de la crosse est le pasteur des brebis, à la suite de Dieu qui « les porte sur son cœur » Le pasteur doit aimer chacune de ses brebis et en connaître l’odeur. Le porteur de l’anneau est comme envoyé (apôtre) du Christ époux de cette Eglise où il est envoyé, il aime cette épouse et lui donne sa vie (en prolongement de la consécration de son baptême).
Cher Alain, au début de cette célébration tu as déclaré à propos de cette charge de l’épiscopat : « Je m’engage à la remplir jusqu’à la mort avec la grâce de l’Esprit Saint ». Tu as accepté cette consécration au service de l’Eglise reçue en épouse. Il n’y aurait aucune raison de prendre un tel engagement jusqu’à la mort – tu peux être amené à donner ta vie pour la foi que tu vis et enseignes – si ce n’était en réponse au Seigneur de l’Eglise, au Christ qui a donné sa vie pour nous. On ne peut s’engager ainsi que par amour, en réponse à l’amour infini de Dieu. Tu as entendu ce que Jésus disait à la Samaritaine : « Si tu savais le don de Dieu ».
Mais même en percevant le don de Dieu, tu sais bien que tu n’es pas à la hauteur de ce don... et tu te lances quand même. Tu pourrais dire avec S. Paul : « Non que je sois déjà au but, ni déjà devenu parfait; mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir, ayant été saisi moi-même par le Christ Jésus». Tu as publié dans une interview que tu te croyais trop timide pour devenir prêtre (j’en ai aussi souffert, d’ailleurs, et ce n’est pas fini). Tu as pu surmonter cette timidité en grande partie, mais tu sais encore mieux qu’avant à quel point tu es inadapté à la mission que Dieu te demande. Mais Dieu le sait mieux que nous... et donc nous n’avons pas à avoir peur. Tu t’es engagé, oui, mais en précisant bien : « Avec la grâce du Saint-Esprit ».
In der Zukunft werde ich dir wiederholen können, was Paulus in der zweiten Lesung dieser Messe sagt: „Entfache die Gnade Gottes wieder, die dir durch die Auflegung meiner Hände zuteil geworden ist“. Mit dieser Auflegung hast du ein Amt bekommen, das nicht einfach ist, aber damit gibt Gott seine Hilfe: „Leide mit mir für das Evangelium. Gott gibt dazu die Kraft: Er hat uns gerettet; mit einem heiligen Ruf hat er uns gerufen, nicht aufgrund unserer Werke, sondern aus eigenem Entschluss und aus Gnade“. Als ich an die Rekrutenschule der Bischöfe teilgenommen habe (was du auch in September tun wirst), habe ich festgestellt, dass andere Bischöfe dasselbe wie ich erfuhren: bis jetzt glaubte ich schon, dass ich die Hilfe Gottes immer brauche. Jetzt sehe ich aber einfach keine andere Lösung: mit meinen Kräften wäre ich ganz unfähig. Es ist eine ungeheure Befreiung, dass zu erfahren. Auch wenn wir auf dem Schiff der Kirche während eines Sturmes sind, sagt uns Jesus: „Was seid ihr so furchtsam, ihr Kleingläubigen? Dann stand er auf und befahl den Winden und dem See; und es entstand eine große Stille“.
N’aie pas peur. Tu n’es pas seul : nous portons le joug avec le Christ, et avec lui ce joug est léger. Et l’évêque n’est pas sans l’Eglise. Il y a deux joies et consolations dans notre vie : la première est dans notre dialogue avec Dieu. La deuxième, intimement liée à la première, c’est le soutien mutuel dans la foi. Je suis émerveillé en voyant des prêtres qui ont grandi et mûri dans leur ministère, ou qui le commencent avec enthousiasme : c’est magnifique de travailler avec eux, et ça encourage énormément. Et je suis émerveillé de tellement de rencontres avec des laïcs profondément enracinés dans leur foi : ceux qui travaillent pour l’Eglise avec joie et compétence, ceux que je rencontre en visitant le diocèse, mais aussi ceux qui me disent un mot dans la rue et entrouvrent des fenêtres sur leur relation avec Dieu. Et puis tu vois l’accueil fraternel des évêques qui concélèbrent cette ordination. Surtout de ceux avec qui tu collaboreras le plus : Pierre Farine et moi.
Comme nous avons été heureux de travailler ensemble jusqu’à maintenant, nous le serons de travailler avec toi.
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