Lorsque la constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium, sur la réforme liturgique, fut approuvée en décembre 1963, certains firent des “expériences“ d’une “créativité sauvage“ peu respectueuse de “l’esprit du concile“, a ainsi expliqué le cardinal Cañizares au terme d’un cycle de rencontres sur Vatican II proposé par l’ambassade d’Espagne près le Saint-Siège. Le haut prélat a alors regretté que de tels excès aient menés à la “rupture“ avec une partie de l’Eglise. En effet, aux yeux du prélat espagnol, cette “mauvaise interprétation“ du texte conciliaire a “exaspéré“ certains, provoquant la séparation actée par Mgr Lefebvre en 1988 avec l’ordination de quatre évêques sans mandat pontifical.
Selon le préfet, à l’époque du Concile Vatican II, le “changement“ était un “mot magique“, alors même que le “renouveau liturgique doit s’inscrire dans la continuité“, sans quoi on court le risque de faire de la réforme une “caricature“.
Le Concile n’offrait pas tant des “changements“ mais bien une “vision“ de la liturgie “en continuité avec toute la tradition de l’Eglise et la réflexion théologique“ menée sur ce sujet, a poursuivi le cardinal Cañizares. Aussi, selon lui, “les changements sont la conséquence de cette réflexion théologique à l’intérieur de la tradition“ et dans la suite du “mouvement liturgique“ initié en France au 19e siècle par Dom Prosper Guéranger (1805-1875), qui avait à cœur d’approfondir la liturgie pour en extraire la substance, afin de la faire connaître et aimer.
Renouveler le sens liturgique
“Même ceux qui suivent la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, lorsqu’ils participent à une messe célébrée correctement, a encore affirmé le haut prélat, disent qu’il n’y aurait pas eu besoin de cette séparation avec l’Eglise catholique si c’était ainsi partout“. Le cardinal Cañizares a alors précisé que, de l’aveu de Mgr Bernard Fellay, actuel supérieur de la fraternité, Mgr Lefebvre n’aurait sans doute pas souhaité la rupture si la messe était célébrée partout selon “la forme la plus stricte“ du nouveau Missel de Paul VI (1963-1978).
Alors que la nouvelle évangélisation est une priorité pour les catholiques, le chef de dicastère a estimé qu’il n’y avait “pas d’avenir pour l’Eglise, et même pour l’humanité, sans renouveau du sens liturgique“. “La réforme la plus urgente est la formation liturgique, qui manque fortement et cela se voit“, a-t-il encore souligné. Et d’ajouter : “Là où les pasteurs et les fidèles ont une bonne formation liturgique, la vitalité des communautés est plus forte“.
Le prêtre ne doit pas être le “protagoniste“ d’une “liturgie spectacle“, a encore affirmé le cardinal Cañizares, mais sa messe doit être davantage “comprise, consciente et active“.
Interpellé par les journalistes sur la sensibilité liturgique de Benoît XVI et notamment le retour récent du fanon papal, ornement traditionnel, le cardinal Cañizares a estimé qu’il fallait “regarder les célébrations du pape comme un modèle à suivre“. “Le pape enseigne non seulement par ses paroles mais aussi par ses gestes, et sa façon de célébrer est un exemple pour toute la chrétienté“, a-t-il conclu.
I.Media, Rome
MM
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