mercredi, 07 novembre 2012
Gays contre le mariage pour tous
Des gays contre le mariage
source: Valeurs actuelles
Entretien
Xavier Bongibault préside l’association Plus gay sans mariage qui veut regrouper des personnes homosexuelles hostiles au projet du gouvernement.
Vous avez créé Plus gay sans mariage au mois de juillet. Dans quel but ?
Nous souhaitons faire entendre la voix des personnes homosexuelles qui sont contre l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe. Le projet du gouvernement est loin de faire l’unanimité au sein de la communauté gay. Contrairement à ce qu’affirment les médias, cette revendication n’est pas majoritaire chez les homosexuels. La plupart s’en moquent, mais l’influence des associations LGBT[lesbiennes, gay, bi et trans, NDLR] est telle que beaucoup n’osent pas le dire.
Pourquoi y êtes-vous hostile ?
Mes arguments sont ceux de toutes les personnes qui contestent ce projet : un enfant a besoin d’un père et d’une mère. Respectons cet équilibre familial, qui est aussi nécessaire à l’équilibre de la société : on ne peut pas tout chambouler sans plus de réflexions. Avant de trancher, qu’il y ait au moins un débat sur des questions qui engagent l’avenir de la société, pas seulement celui des couples homosexuels.
Qu’est-ce qui, selon vous, incite les associations LGBT à défendre cette cause ?
Je crois qu’elles étaient à cours de revendications et qu’il leur fallait en trouver une. Leurs revendications étaient nécessaires dans les années1970 et 1980, leur combat contre les discriminations était juste.
Mais c’est une époque que je n’ai pas connue. J’ai 21 ans, je ne me sens victime d’aucune discrimination aujourd’hui. Je pense que ces associations sont dans une logique de surenchère permanente.
Vous vous engagez contre ce projet. Quelles sont les réactions au sein de la communauté homosexuelle ?
Dès lors que vous êtes contre le mariage, contre l’adoption, les militants LGBT jugent que vous êtes réactionnaire, voire fasciste, et forcément homophobe – ce qui, dans mon cas, est pour le moins paradoxal ! En revanche, ceux qui me connaissent me disent “C’est très bien ce que tu fais” mais ils n’osent pas encore franchir le pas. Beaucoup redoutent de perdre des amis. Ils ont peur de parler.
Qu’est-ce qui vous a incité, vous, à franchir le pas ?
D’abord, je ne supportais plus qu’on ne puisse pas s’exprimer sur ce sujet. Ensuite, j’avais l’impression que le gouvernement se servait de ce projet comme d’un paravent, qu’il cherchait à détourner l’attention de l’opinion. Ce qui s’est passé ces derniers jours le prouve : Christiane Taubira en a reparlé juste après l’intervention télévisée de François Hollande et l’annonce de milliards d’euros d’impôts supplémentaires. Je trouve cela choquant.
Les militants LGBT voient souvent la main de l’Église derrière l’opposition à ce projet. Êtes-vous croyant ?
Pas du tout, je suis athée. Je ne cherche pas à préserver des traditions, juste un peu de bon sens. De quoi parle-t-on ? Du mariage civil ! C’est le mariage civil que je veux préserver, le code civil. Cela ne fait pas de moi un catholique…
Avez-vous un engagement politique ?
Je suis adhérent à l’UMP, mais pas vraiment militant.
On entend peu les dirigeants de l’UMP sur ce sujet. Qu’attendez-vous d’eux ?
Je souhaite qu’ils restent fidèles à la ligne qu’avait définie Nicolas Sarkozy pendant la campagne électorale : qu’ils s’opposent clairement au mariage et à l’adoption par les couples de même sexe.
Comment susciter le débat que vous appelez de vos voeux ?
En mobilisant l’opinion publique par tous les moyens : la presse, évidemment, mais aussi, pourquoi pas, des happenings. Il est important de faire monter sur scène des personnes qui sont contre ce projet mais qui n’osent pas encore le dire. Actuellement, seuls ses partisans ont accès aux médias audiovisuels. Qu’il y ait des pour, des contre, mais surtout, qu’il y ait un débat !
Êtes-vous favorable à l’organisation d’un référendum ?
Nous réclamons d’abord l’organisation d’états généraux contre la précarité familiale, car le lien familial ne doit pas être menacé mais au contraire consolidé. C’est notre priorité. Si nous n’obtenons pas du gouvernement la tenue de ces états généraux, l’organisation d’un référendum peut être envisagée.
Certains élus locaux voudraient bénéficier d’une clause de conscience, les dispensant de célébrer des mariages auxquels ils s’opposent. Qu’en pensez-vous ?
Pratiquement, cette clause serait sans doute difficile à mettre en oeuvre, mais cette demande des élus locaux me semble légitime, dans le cadre de ce débat.
Vous êtes jeune. Avez-vous mesuré que vous allez vous retrouver au coeur d’une polémique parfois violente ?
Cela ne me fait absolument pas peur. J’ai des convictions, partagées par beaucoup d’homosexuels. Dans une démocratie, il est bon qu’elles soient clairement exposées et discutées, quel que soit le prix à payer.
Propos recueillis par Fabrice Madouas
16:47 | Lien permanent | Commentaires (1) | | |
Commentaires
la bongibaut, c'est une folle tordue
Écrit par : bernard | mercredi, 14 août 2013
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