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samedi, 03 mars 2012

Polémique autour d'une lettre pastorale de Mgr Huonder

topelement-1.jpgLe Matin - La tribune de Genève - Le Temps

(la photo n'est pas choisie au hasard - l'ouverture de la porte (qui peut symboliser la communion ou les sacrements pour les divorcés remariés) semble se refermer par l'évêque, qui est donc un "nein-sager", un homme contre l'ouverture, qui lui fait obstacle)

Analyse médiatique:

- C'est un fait: le contexte médiatique n'est pas favorable à l'évêque de Coire. Sa lettre pastorale vient se greffer sur ce préavis ou préjugé négatif. D'autres hommes publiques vivent aussi d'ailleurs avec des vagues de popularité,  tantôt positives, tantôt négatives. Une image publique est si fragile. 

Timing

- Le timing du communiqué de l'ATS (Agence Télégraphique Suisse) n'est sans doute pas un hasard. Une agence de presse alimente normalement le flot des nouvelles.

La presse dominicale donne généralement le ton média de la semaine. Une journaliste m'expliquait comment un chef de parti privilégiait ses annonces pour la presse du dimanche afin d'être pro-actif et mener plus efficacement ses campagnes par la suite. Aussi, le samedi après-midi permet de lancer la prémisse de la polémique afin que les journaux dominicaux la reprenne. Il est donc probable que les magazines (TV, Radio, Jouraux) de la semaine prochaine amplifient les propos. Une polémique a enfin une durée de vie de quelques jours, voir de deux semaines pour les plus grosses. Après, il faut passer à autre chose. 

Un tollé prévisible

- J'ai eu vent d'une lettre pastorale de Mgr Huonder la semaine passée, qui parlerait des personnes qui vivent un divorce, qui se sont remariés. Leur situation de souffrance est un vrai drame qui se heurte de plein fouet à l'indissolubilité du sacrement du mariage. Le tollé était prévisible.

La neutralité n'existe pas 

- L'espace médiatique n'est pas neutre, il est composé d'un tissu de conflits et de thèmes pré-établis. En ce sens, l'agora ou le forum est déjà "occupé" par des différentes idées. Il suffit que des thèmes sensibles (ils le sont en fonction du terreau de l'opinion publiée et de l'opinion publique) viennent se heurter sur ces "dogmes" médiatiques pour que le conflit s'enflamme et que la machine médiatique s'emballe. Cela provoquera alors un tollé. Le contraste est le grand pourvoyeur de news. 

les thèmes conflictuels

- Les thèmes qui fâchent sont presque prévisibles à l'avance: le célibat des prêtres, l'homosexualité, la pédophilie, la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (Ecône), le préservatif, la contraception, l'avortement, l'euthanasie, les divorcés remariés, l'islam, la Shoah, l'antisémitisme, l'Etat d'Israël ... Une lettre pastorale qui parlerait de la Vierge Marie, de la Trinité, de l'Eucharistie ou de la prière ne provoquerait aucun remous. 

Surfer-Under-Wave.jpgUne polémique est une opportunité

Robert Giggs, porte-parole du Président américain Obama pense avec raison que toute polémique n'est pas mauvaise en soi. Elle permet une annonce ou au pire de faire parler de soi. Le polémiques sont des opportunités et les hommes d'Eglises comme les chrétiens ne doivent pas s'en effrayer, ni les fuirent, mais bel et bien les affronter avec patience et bonté. 

Tentative d'explication "dogmatique"

Un évêque ne doit pas systématiquement éviter les sujets qui fâchent. L'Eglise doit annoncer le Christ et elle ne peut pas renoncer à sa mission "malheur à moi si je n'annonce pas l'Evangile" dirait Saint Paul.

Reste à expliquer avec doigté la raison pour laquelle une personne qui s'est mariée à l'Eglise catholique, dans un mariage sacramentel valide, qui a vécu hélas un divorce, puis qui s'est re-engagée ou surtout remariée civilement ne peut pas accéder à la communion.

carton-daccorac-de-deux.jpgLa fidélité ou le marketing de l'Eglise

La lamme de fond est la promotion de la fidélité et de l'indissolubilité du mariage. Le sacrement du mariage est pour la vie, qui dure jusqu'à ce que la mort s'en suive. Toutes les entreprises tentent de fidéliser leurs clients, et les médias font de même. Ils cherchent avec raison de fidéliser leurs lecteurs, leurs auditeurs, leurs téléspectateurs. Pourquoi alors l'Eglise catholique ne pourrait pas faire ce marketing ? comme tous le monde en fait. Une personne vaut plus qu'un produit !

«L’évêque veut renforcer la valeur du mariage», a expliqué M. Gracia (porte-parole), mais en aucun cas il ne désire "discriminer les personnes divorcées".

Un sacrement est une rencontre avec le Christ

La seconde lamme de fond vient de la réalité de la communion, de la Messe, de l'Eucharistie. La foi nous éclaire pour nous inviter à croire que le Corps, le Sang, l'Ame et la Divinité de Jésus Christ sont réellement présents sous le voile de l'hostie. La communion requiert l'état de grâce, comme un sportif qui réussit tout, heureux et au top de son art, malgré sa faiblesse. Or de nos jours, presque tous le monde va communier sans examiner sa conscience, l'état de sa conscience.

La pratique dominicale

Enfin, nous sommes invités, comme catholiques, à nous rendre tous les dimanches à la Messe. Or, le fait que la grande majorité des chrétiens ne s'y rendent qu'une fois tous les 6 mois ne semblent pas poser de difficultés. Aussi, l'auto-privation de la communion ne créer pas de scandale. Ce dernier devient effectif si l'Eglise rappelle à la conscience que le mariage est pour la vie. 

La blessure du divorce

Mais il est clair que le divorce est une terrible blessure qui fait beaucoup et terriblement souffrir. Rapellons qu'une personne qui s'est divorcée, puis remariée n'est pas excomuniée, mais continue de faire partie de l'Eglise, en étant invitée à la prière et la communion spirituelle. 

Vivre du Christ

Christ Pentocrator.jpgL'annonce de l'Eglise ne vise qu'à signaler à la conscience que quelque chose d'important est en jeux, qui fait office de symptôme ou de réveil douloureux, car fondamentalement, le chrétien se définit d'abord en rapport à la personne du Christ. La rencontre personnelle, amicale, avec le Christ change la vie. Aussi vivons de Dieu, du Christ d'abord! et la morale suivra ensuite par une réponse amoureuse et pacifiée. 

 

Commentaires

Il me semble aussi important de rappeler que le divorce est réellement un mal objectif, sur les plans humain, familial et social. C'est une destruction des individus, de la famille et des liens sociaux. Et les premiers et plus gravement touchés par ce fléau du divorce sont les enfants. Le divorce induit la dépression, la précarité, les échecs scolaires ou professionnels, la drogue ; il peut mener au suicide, voire au meurtre. C'est donc bien un mal objectif, que les lois civiles ont pourtant banalisé, quand ils ne l'ont pas facilité et encouragé.

On ne peut donc pas demander à l'Église de se ranger bêtement derrière ces lois civiles, qui ont multiplié ces situations de mal objectif, tout en présentant le divorce comme un bien, ce qui est un mensonge. Or, si l'Église banalisait à son tour le divorce, ce serait confirmer que ces lois civiles sont bonnes, alors qu'elles ne le sont pas du tout. Et ce serait surtout aggraver encore la multiplication des divorces, donc aggraver encore le mal pour les individus, pour les familles et pour la société.

Des lois peuvent être mauvaises et inhumaines. Il ne faut pas croire que, parce qu'elles ont été votées dans un pays, elles deviendraient automatiquement bonnes et humaines. Il n'y a pas si longtemps, beaucoup de pays avaient voté des lois de ségrégation raciale. Ce sont ceux qui s'opposaient à ces lois mauvaises et inhumaines (dont l'Église catholique) qui étaient dans le bon.

Écrit par : Pauvre Job | dimanche, 04 mars 2012

En effet, le divorce est une blessure. La famille est si importante pour la vie entière, avec l'amour, le pardon, l'éducation, l'aide mutuelle. La prochaine rencontre des familles à Milan donnera aussi une occasion aux participants de renforcer leur vocation au mariage, qui est la base de la société, et la cellule fondamentale de l'Eglise, une Eglise domestique. Aussi, ne craignons pas de promouvoir positivement et activement la vocation de la famille. Concernant l'Eucharistie, cela nous invite à un examen de conscience, sommes-nous toujours en état de grâce lorsque nous allons communier ? Aussi, sachons promouvoir le sacrement du pardon, de la réconciliation. La communion et le pardon sont liés.

Écrit par : Dominique Fabien | dimanche, 04 mars 2012

Bravo à Mgr Huonder de soutenir, à contre-courant de la société, la valeur du sacrement de mariage et, par là même tous les couples chrétiens qui veulent vivre sincèrement leur vocation dans le Christ.... Et il y en a encore ! Avec mon mari, nous ressortons d'un week-end organisé pour les Equipes Notre-Dame et Dieu merci, on rencontre encore beaucoup de couples qui entretiennent ce beau sacrement et qui y croient!
Si l'Eglise ne peut même plus clamer haut et fort l'importance, la beauté, la joie et le bonheur de ce Sacrement, où va-t-on ?
Durant ce week-end, j'ai appris l'existence des Equipes Reliance (http://www.equipes-reliance.fr/). Ce sont des équipes formées de chrétiens vivant une nouvelle union après un divorce.Ces équipes s'inspirent de la pédagogie des Equipes Notre-Dame. Pour l'instant, de telles équipes existent en France, pas encore en Suisse...
Oui, le divorce est une épreuve. L'Eglise ne le nie pas, et je crois qu'elle recherche sincèrement des moyens pour aider les personnes vivant une séparation. Mais cela ne doit en aucun cas se faire en "bradant" les valeurs de fidélité dans le Sacrement du mariage et celle de fidélité au Christ dans l'Eucharistie.
Le chemin de fidélité accompli comme couple chrétien peut être possible, beau, extraordinairement fécond.
C'est un défi à relever à l'époque actuelle, mais il est fondamental pour le bien de la famille, de l'Eglise et de la société. Alors, merci à toutes les personnes de bonne foi qui continue à nous y encourager !

Écrit par : Solange | lundi, 05 mars 2012

Réactionnaire ou Moutons de Panurge? Je les préfère réactionnaire. - J'ai toujours apprécié les hommes d'Eglise qui se tienent droit et n'oublient pas leurs devoirs dans la tempête ... médiatique. - Mgr Huonder comme Mgr Leonard sont de ceux-là. Salutations - ABS

Écrit par : ABS - Le Blog et Le Goupillon | lundi, 05 mars 2012

Merci pour votre explication très claire et qui nous soutient face aux personnes et même aux prêtres qui ont contesté la lettre de l'évêque de Coire. Au fait, a-t-elle été traduite en français ?
Bien amicalement.

Écrit par : DE LA COTARDIERE Caroline | jeudi, 29 mars 2012

C'est une bonne question. A mon avis, non, cela est une lettre diocésaine, et la langue n'est que l'allemand. Mais je vais contrôler en effet. Merci à vous

Écrit par : Dominique Fabien | jeudi, 29 mars 2012

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