vendredi, 23 avril 2010
Vincent Pellegrini et Benoît XVI
Rubrique “Non-dits” du “Nouvelliste” du 23 avril 2010
Cinq ans déjà....
Vincent Pellegrini
Les médias helvétiques n’ont pas été tendres cette semaine, à l’heure du bilan, pour le cinquième anniversaire de l’élévation de Joseph Ratzinger au trône pontifical. La presse qui donne le pouls du pays n’a retenu de ces années que quelques épisodes, démesurément grossis et sortis de leur contexte. Comme elle n’a vu lors du dernier voyage de Benoît XVI à Malte que la rencontre du pape avec les victimes de prêtres pédophiles – devant qui il a d’ailleurs prié et pleuré, quel autre chef d’Etat ferait cela? – alors que l’accueil de la population maltaise a été massif et fervent.
Même la chaîne TV Euronews, après avoir souligné les polémiques qui ont secoué le pontificat de Benoît XVI, a dû admettre que ses encycliques et ses textes étaient d’une grande qualité. Car l’enseignement de Benoît XVI est parcouru d’un souffle prophétique – en avance sur son temps – que même des économistes athées ont par exemple dû reconnaître en commentant sa dernière encyclique sur le fonctionnement et la finalité du grand marché. En fait, je ne me fais guère de souci pour ce pape. L’histoire lui donnera raison, lorsque le temps aura lissé les choses et mis en perspective les lignes force de son pontificat. D’autant plus que selon un sondage effectué pour le quotidien français «La Croix», près des deux tiers des Européens pensent que les valeurs chrétiennes restent adaptées au mode de vie contemporain.
Benoît XVI sait que seule une petite minorité de chrétiens pratiquent encore de manière régulière. Qu’il faut reconstruire et recentrer l’Eglise sur les valeurs qui ne sont pas celles du monde et de ses pompes. Qu’il est donc normal que le siècle condamne. Mais le sauvetage de l’Eglise qui est dans le monde sans être du monde est à ce prix. Lorsqu’un pape veut remettre Dieu à la première place, proclamer les vérités reçues en héritage (même face aux autres religions) et restaurer une continuité entre la tradition et la modernité, il ne faut pas s’étonner que les leaders d’opinion ne lui fassent aucun cadeau. Le contraire serait inquiétant. Lorsque le journal «Le Temps» parle de la politique de «restauration» de Benoît XVI, il a raison. Mais lorsqu’il dénonce la trahison de «l’héritage prophétique» de Jean Paul II, il se trompe lourdement. S’il y a une personne qui a profondément influencé le pontificat et la pensée de Jean Paul II, c’est bien Joseph Ratzinger, son plus proche collaborateur sur le plan théologique. Un cardinal Ratzinger qui a d’ailleurs imprimé de sa marque les grands textes du pape polonais. Jean Paul II a lancé de manière charismatique la nouvelle évangélisation et Benoît XVI, avec son style discret, ne fait que prolonger et approfondir cette œuvre, sans discontinuité ni rupture, n’en déplaise à certains commentateurs.
17:45 | Lien permanent | Commentaires (2) | | |
Commentaires
Merci d'avoir publié ce beau texte de notre excellent journaliste valaisan.
De tels écrits se font rares dans la presse "bien-pensante".
Écrit par : Philippe Boehler | samedi, 24 avril 2010
Merci d'avoir publié ce beau texte de notre excellent journaliste valaisan.
De tels écrits se font rares dans la presse "bien-pensante".
Écrit par : Philippe Boehler | samedi, 24 avril 2010
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