mercredi, 21 avril 2010
Bruno Mastroianni et Benoît XVI
Professeur de Media Relations à l'Université pontificale de la Sainte Croix, Bruno Mastroianni révèle toute sa classe et sa capacité à comprendre et médiatiser le brillant pontificat de Benoît XVI.
La première «législature» de Benoît XVI est une question de record
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Benoît XVI aura 83 ans le 16 avril et le 19 avril marquera les cinq ans de son pontificat. Qu'est-il arrivé durant ce lustre?
Le Pape a écrit trois encycliques (sur Dieu, la vérité, l'espérance et l'amour), il a voyagé de l'Amérique à l'Australie et dans plusieurs pays européens, allant jusqu'en Afrique. Il a libéralisé le rite ancien, il a levé l'excommunication des évêques lefebvristes, il a créé les conditions pour le retour des anglicans dans la communion avec Rome. Il a accompli des pas en avant dans le dialogue avec les orthodoxes, il a construit une confrontation franche avec les juifs et les musulmans. Il a rencontré des victimes de prêtres pédophiles, il a rassemblé tous les évêques et réconforté tout le monde par la lettre aux catholiques de l'Irlande. Il a ouvert l'Année paulinienne pour appeler tous les baptisés à être des apôtres. Et il a ouvert l'année sacerdotale pour relancer la mission des prêtres. Il a écrit un best-seller sur Jésus dont on attend la deuxième partie. Il a prononcé des homélies, des discours et des réflexions qui resteront dans l'histoire.
Il est en train de remettre en ordre l'ABC de la foi, de raccommoder les déchirures d'interprétations extrêmes de Vatican II, il présente au monde un christianisme vital et intelligent capable de remettre Dieu à sa place après des décennies de confusion relativisante. Tout cela dans un laps de temps égal à une législature italienne.
Les inexactitudes pédophiles du New York Times ou les commérages au sujet de problèmes de santé présumés ne suffiront pas à nous distraire. Les résultats de la papauté Ratzinger, après ces cinq années sont sous les yeux de tous.
Tous mes voeux, Saint-Père.
Un bilan sous le signe de la foi
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Le climat médiatique autour de l'Eglise qui, durant ces derniers mois, a été crescendo, a largement occulté la vie réelle de l'institution. Dans une sorte d'éternel retour de la polémique, on répète depuis des mois les mêmes deux ou trois questions à fort impact, alors que justement la question la plus intéressante semble être la grande absente du débat public: que fait réellement l'Eglise?
Le 19 avril prochain, les cinq premières années du pontificat de Benoît XVI s'achèveront. Il y aura des bilans, et on fera des comptes sur la santé de l'Église. Il y aura ceux qui prendront en considération les voyages et les encycliques, qui retraceront les différentes étapes de son pontificat, qui mettront l'accent sur les problèmes de la Curie (présumés ou réels) et qui insisteront sur les incertitudes dans la gestion de la machine ecclésiastique.
Mais parmi tous ces jugements, ce serait dommage si la vraie politique que Joseph Ratzinger comme Pape, a portée durant ces années n'émergeait pas : celle de remettre de l'ordre dans les choses dans l'Eglise, en commençant par assigner à nouveau à la foi la première place qui lui revient.
Sans coups spectaculaires, sans précipitation, sans jeux de scènes ou feux d'artifice, Benoît XVI remet à leur place, l'un après l'autre, la vérité, le contenu de la doctrine, les fondements du message chrétien. Sans aucune révolution curiale ni coups de poing en matière d'organisation, il a mis l'accent dès le début sur la "cible principale", la plus cruciale: renforcer ce qui maintient l'Eglise debout, et lui fait remplir sa mission depuis des siècles.
C'est une ligne politique haute et spirituelle, peut-être moins visibles à l'œil des médias (ce n'est pas un hasard si, au cours des cinq dernières années elle a été une source de turbulences et de malentendus), mais pas pour autant sans consistance. C'est l'effort de mener le Concile Vatican II à son véritable accomplissement. Ralph McInenrny, auteur catholique connu, récemment disparu, dans son "Vatican II: Qu'est-ce qui n'a pas été?" (“Vaticano II: che cosa è andato storto?”), a soutenu que les différentes dérives et la confusion qui ont résulté du Concile ne peuvent être attribués à l'assemblée elle-même - qui a été une recherche de grand renouvellement dans la continuité - mais à la crise de la foi qui par la suite a touché de nombreuses personnes à l'intérieur et hors de l'Eglise.
C'est à cela que Ratzinger met la main. C'est une réalité que les caméras pointées sur la machine-institution, avec leurs trépieds et leurs objectifs trop encombrants, risquent parfois d'ignorer. Et pourtant, c'est pour cela que Benoît XVI laissera un souvenir dans les livres d'histoire.
L'effet imprévisible de la tempête pédophile
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Rien à faire: Papa Ratzinger a le charisme de la vérité, qui remporte la victoire malgré les polémiques.
Comme cela s'est produit avec l'affaire de Ratisbonne, grâce à laquelle une réflexion sur la relation entre la raison et la religion a été entamée, comme cela s'est produit dans le cas des lefebvristes, qui a remis au premier plan l'importance du Concile et sa continuité avec les enseignements de l'Église, et comme cela s'est produit avec la prétendue brouille avec les Juifs, qui a ravivé le désir de la vérité historique et d'une confrontation claire entre les religions: aujourd'hui encore, la tempête pédophile se transforme en son contraire.
La succession d'accusations (peu nombreuses, du passé, et déjà closes) déballées à dessein une par une, plutôt que de confirmer les sentiments anti-catholiques, ont l'effet inverse. En ce moment, tout le monde se sent appelé: les évêques et les cardinaux du monde entier qui ont exprimé leur confiance inconditionnelle au Pape, les intellectuels (y compris non-croyants) qui sont descendus sur le terrain pour défendre la vérité des faits, les fidèles à travers le monde engagés dans des initiatives et des activités (y compris à travers Internet) pour clarifier la vérité.
Tous unis par le désir de rendre justice à l'action déterminée et cristalline d'un Pape qui plus que quiconque a contribué à résoudre le problème. C'est un fait qui ne trouvera peut-être pas de place parmi les gros caractères des titres , et pourtant, c'est ce qui est en train de se passer: l'Eglise de Benoît XVI, face à la énième attaque, plutôt que de se décomposer, réagit, en redécouvrant la valeur de l'unité.
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