Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 19 avril 2010

Pour le Pape et les victimes

I'm trully sorry


Aux victimes de la pédophilie: "vous avez terriblement souffert et je suis profondèment désolé".

0040.jpg

Il y a bien un thème qui fait la une des médias: la pédophilie de quelques prêtres. Des tonnes d'articles, de transmissions télévisées et radiophoniques se vomissent, pardon pour cette parole, tel un tsunami ou un tremblement de terre, dans les oreilles, les yeux et les coeurs de tant de personnes, de nous tous.

Si vous me le permettez, je vous demande une faveur, car je voudrais vous faire une confidence: lorsque j'avais 12 ans, je fus le témoin d'actes pédophiles, pas sur moi, grâce à Dieu, mais sur un ami qui fut à côté de mois durant un camp pour jeunes. Il dormait à côté de moi. Nous fûmes punis tout les deux alors que nous n'avions rien fait et nous restâmes seuls au chalet de la colonie. Je l'ai vu se lever, descendre de son lit et partir dans une chambre avec cet homme étrange, ce directeur de la colo. J'étais trop innocent pour comprendre, nous n'avions que 12 ans. Mais maintenant, je comprends; je sais ce que faisait ce drôle de chef de camp auquel nous avons participé moi et mon compagnon. Il retournait ensuite au lit, juste à côté de moi, soufflant fort, angoissé... et dire que je ne comprenais pas... Maintenant oui...

Le souverain pontife Benoît XVI a signé vendredi 19 mars, lors de la solennité de Saint Joseph, gardien et protecteur de l'Eglise, la lettre aux catholiques d'Irlande concernant la crise des abus sexuels. Le doux Christ sur la terre, comme l'appelait très justement Sainte Catherine de Sienne, exprime sa douleur et sa forte préoccupation personnelle afin de réparer, soigner et rénover.

Justement, ses paroles sont adressées avant tout aux victimes. Le Pape, qui déjà dans le passé a rencontré des victimes d'abus - en Amérique, en Australie - se dit prêt à le refaire.

Aux coupables, il affirme qu'ils doivent répondre de leurs péchés et de leurs crimes devant Dieu et les tribunaux légalement constitués. Pour les évêques, il insiste afin qu'ils mettent en pratique avec rigueur les normes canoniques et pénales et collaborent avec les autorités civiles pour la justice et la protection de la jeunesse.

Je sais qu'il existe des statistiques qui démontrent scientifiquement que la profession avec le taux le plus bas de pédophilie, en pourcentage, est précisement celle du prêtre catholique. Heureusement, j'en suis convaincu, car je suis prêtre catholique et je connais l'Eglise, mon épouse qui est sainte.

Mais je voudrais avant toute chose faire résonner la profondeur des paroles du Pape, qui a écouté et rencontré les victimes de ces crimes:

"En plusieurs occasions depuis mon élection au Siège de Pierre, j'ai rencontré des victimes d'abus sexuels, de même que je suis disposé à le faire à l'avenir. Je me suis arrêté pour parler avec eux, j'ai écouté leurs récits, j'ai pris acte de leur souffrance, j'ai prié avec eux et pour eux."

Dans sa lettre, le Pape parle précisemment aux victimes et à leur famille. Avec son style, humble, beau, il me semble que nous n'avons pas besoin d'interpréter ou de gloser ses propres paroles. Alors je le cite:

"Aux victimes d'abus et à leurs familles: Vous avez terriblement souffert et j'en suis vraiment désolé. Je sais que rien ne peut effacer le mal que vous avez supporté. Votre confiance a été trahie, et votre dignité a été violée. Beaucoup d'entre vous, alors que vous étiez suffisamment courageux pour parler de ce qui vous était arrivé, ont fait l'expérience que personne ne vous écoutait. Ceux d'entre vous qui ont subi des abus dans les collèges doivent avoir ressenti qu'il n'y avait pas moyen d'échapper à leur souffrance. Il est compréhensible que vous trouviez difficile de pardonner ou de vous réconcilier avec l'Eglise. En son nom, je vous exprime ouvertement la honte et le remord que nous éprouvons tous. Dans le même temps, je vous demande de ne pas perdre l'espérance. C'est dans la communion de l'Eglise que nous rencontrons la personne de Jésus Christ, lui-même victime de l'injustice et du péché. Comme vous, il porte encore les blessures de sa souffrance injuste. Il comprend la profondeur de votre peine et la persistance de son effet dans vos vies et dans vos relations avec les autres, y compris vos relations avec l'Eglise. Je sais que certains d'entre vous trouvent également difficile d'entrer dans une église après ce qui s'est passé. Toutefois, les blessures mêmes du Christ, transformées par ses souffrances rédemptrices, sont les instruments grâce auxquels le pouvoir du mal s'est brisé et nous renaissons à la vie et à l'espérance".

"Comme vous, j'ai été profondément bouleversé par les nouvelles apparues concernant l'abus d'enfants et de jeunes vulnérables par des membres de l'Eglise en Irlande, en particulier par des prêtres et des religieux. Je ne peux que partager le désarroi et le sentiment de trahison que nombre d'entre vous ont ressenti en prenant connaissance de ces actes scandaleux et criminels et de la façon dont les autorités de l'Eglise en Irlande les ont affrontés"

Fin de la citation et fin de ma petite intervention. Merci pour votre patience, votre écoute, merci pour vos prières, pour les victimes, pour notre Pape, pour toute notre Eglise où vit notre espérance: Le Christ.

Dominique Fabien Rimaz

mars 2010

Les commentaires sont fermés.