mercredi, 10 février 2010
Vittorio Feltri: le matador italien
La communication de la note de la Secrétairie d'Etat est reçue avec plus ou moins de scepticisme par la presse italienne. "Il Giornale" titre même: "Le Pape en dehors de la grâce de Dieu". "Il Foglio" pense que la note a été écrite par la main de Gian Maria Vian. C'est oublié que le Pape lui-même en a approuvé la publication ! Certes, le Vatican souffre de façon chronique de difficultés dans sa communication. Cette note est la bienvenue, mais vient à nouveau beaucoup trop tard. Cela demandait bien plus de rapidité. Le monde de la communication est ainsi fait. Le temps de l'Eglise et le temps de l'arène des médias ne sont pas identiques.
Si on ne croit pas à l'intégrité morale du Cardinal Bertone, à l'attachement sans faille du Pape à la vérité, on peut alors tout inventer. Personnellement, je ne fais pas confiance à Vittorio Feltri, à son éthique professionnelle. Dans un premier temps, il accuse Dino Boffo d'avoir été cité dans un tribunal italien pour des pressions homosexuels, puis trois mois après, il revient sur ces lignes en affirmant que cela ne concernait nullement une telle accusation. Puis, il raconte que ces fausses infos lui furent livrées par une tierce personne, de toute confiance dans la prestigieuse ambiance vaticane.
Ayant lu l'analyse de Diego Contreras, professeur d'analyse des médias, je pense que Vittorio Feltri a tendu des pièges aux journalistes, toujours prêts à bondir, afin de non seulement faire jaillir le sang en faisant rouler des têtes, mais de faire couler beaucoup d'encre. Son journal fait aussi partie de la famille du premier ministre italien (propriété de son frère). Ce dernier était plongé dans des affaires de moeurs dont la presse italienne a subitement cessées de parler. Aussi, l'attention a été habilement détournée vers le Saint Siège. Une vraie tactique pour une corrida médiatique. La qualité professionnelle de Mr Feltri laisse ainsi beaucoup à désirer, ne rend en tout cas pas service à la si noble vocation de journaliste et révèle sans doute la crise profonde que traverse la presse écrite. Chercher le scandale abaisse le niveau général, soulever la poussière finit par rendre aveugle et choquer permet d'attirer les lecteurs pour leur conter un roman sans fondement. Intriguer permet de faire tourner le petit manège. Mais jusqu'à quand ? Car nous savons que le taureau finit toujours tôt ou tard par être mis à mort et qu'ensuite les gens s'en vont.
18:23 | Lien permanent | Commentaires (1) | | |
Commentaires
Merci de ces précisions ! Cher Suisse Romain, votre texte vient à point nommé pour rétablir la vérité.
Écrit par : Philippe Boehler | mercredi, 10 février 2010
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