lundi, 07 décembre 2009
Le Cardinal Tauran et les islams
source: La Croix
Comment analysez-vous le référendum suisse sur les minarets ?
Il nous pose la question de la place de l’islam en Europe, aujourd’hui et demain. Pour moi, l’ignorance est la mère de toutes les dérives, elle est à la base de toutes les difficultés. Il faut se connaître davantage, s’apprivoiser, voir ce que l’on peut faire ensemble. On ne se rencontre jamais assez.
Nous devons également réaffirmer la liberté de religion, dans son sens le plus large, qui suppose comme minimum nécessaire que chacun puisse disposer de lieux de culte adéquats, cela en Europe comme au Moyen-Orient. Naturellement, les mosquées comme les églises doivent respecter le paysage urbain et le contexte culturel. Pas question de construire une cathédrale devant la grande mosquée de Riyad ou une mosquée devant Notre-Dame de Paris ! Le sens commun doit nous dicter le respect d’autrui. Comme l’ont fait remarquer des personnalités musulmanes, le minaret n’est pas essentiel à une mosquée. Le muezzin doit obéir à la loi locale, tout comme les cloches de l’église y obéissent !
Des progrès concrets ont-ils été réalisés en matière de réciprocité au Moyen-Orient ?
Malheureusement, en dépit de la visite historique du roi Abdallah d’Arabie saoudite au Vatican le 7 novembre 2007, nous ne voyons rien venir. Lorsque j’étais récemment en visite à l’aumônerie catholique de l’Université de New York, j’ai vu des étudiants musulmans prier dans leur gymnase. Après la prière, ils ont replié leurs tapis et nous avons eu un très bon échange. C’est exactement ce que nous demandons en Arabie : une simple table dans un hôtel pour pouvoir célébrer l’eucharistie. C’est une forme simple de réciprocité.
Comment y parvenir ?
Il existe des instruments juridiques pour résoudre ces problèmes, sans livrer des combats ou faire des coups d’éclat. Faisons preuve de bonne volonté mutuelle. Demandons l’application des textes du droit international. Il n’y aura de solution qu’à travers le dialogue et le droit, en tenant évidemment compte des particularités historiques locales. Nous sommes condamnés au dialogue !Pour moi, le remède à toutes ces difficultés réside dans l’éducation, toujours plus d’éducation. Je ne suis pas au chômage ! Le dialogue interreligieux est plus que jamais nécessaire. Durant ces deux dernières années, j’ai eu l’occasion de rencontrer beaucoup de chefs religieux musulmans. On ne peut que constater une amélioration du climat de nos relations : elles sont fréquentes, substantielles et bienveillantes. Le grand problème demeure comment faire pour que cette amélioration, qui se situe au niveau des élites, puisse arriver jusqu’à la base.
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