Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : corruption pue

Benoît XVI ouvre le Synode sur l'Afrique

... une maladie déjà diffusée dans le monde occidental, à savoir le matérialisme pratique, associé à la pensée relativiste et nihiliste. Sans parler de la genèse de tels maux de l’esprit, il est toutefois indiscutable que le soi-disant “premier” monde ait parfois exporté et continue d’exporter des déchets toxiques spirituels qui contaminent les populations des autres continents, parmi lesquels justement les populations africaines. C’est en ce sens que le colonialisme, accompli sur le plan politique, n’est jamais tout à fait terminé ...

index_synode.jpg

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

Vénérés Frères dans l’Épiscopat et dans le Sacerdoce,
Mesdames et Messieurs,
Chers frères et sœurs!

Pax vobis - la paix soit avec vous! Au travers de cette salutation liturgique, je m’adresse à vous tous, rassemblés dans cette Basilique vaticane où, voici quinze ans, le 10 avril 1994, le Serviteur de Dieu Jean-Paul II ouvrit la Première Assemblée pour l’Afrique du Synode des Évêques. Le fait que nous nous retrouvions ici aujourd’hui pour inaugurer la seconde, signifie qu’il s’est agit d’un événement certainement historique mais non pas isolé. Elle a constitué l’arrivée d’un chemin qui, par la suite, s’est poursuivi et qui arrive désormais à une nouvelle étape significative de validation et de relance. Louons pour cela le Seigneur! J’adresse la plus cordiale bienvenue aux membres de l’Assemblée synodale qui concélèbrent avec moi cette Sainte Eucharistie, aux Experts et aux Auditeurs, en particulier à ceux qui proviennent de la terre d’Afrique. Je salue avec une reconnaissance toute particulière le Secrétaire général du Synode et ses collaborateurs. Je suis très heureux de la présence parmi nous de Sa Sainteté Abuna Paulos, Patriarche de l’Église orthodoxe Tewahedo d’Éthiopie, que je remercie cordialement, ainsi que de celle des Délégués fraternels des autres Églises et Communautés ecclésiales. Je suis heureux d’accueillir également les Autorités civiles et Messieurs les Ambassadeurs qui ont bien voulu participer à ce moment. Je salue affectueusement les prêtres, les religieuses et les religieux, les représentants d’organismes, de mouvements et d’associations ainsi que le chœur congolais qui, avec la Chapelle Sixtine, anime notre Célébration eucharistique.

Les lectures bibliques de ce dimanche parlent du mariage. Mais, plus profondément, elles parlent du dessein de la Création, de l’origine et donc de Dieu. Sur ce plan converge également la deuxième lecture, tirée de la Lettre aux Hébreux, là où elle dit: “Jésus qui sanctifie, et les hommes qui sont sanctifiés, sont de la même race; et, pour cette raison, il n'a pas honte de les appeler ses frères”. De l’ensemble des lectures, ressort donc de manière évidente le primat de Dieu Créateur, avec la validité éternelle de son empreinte originelle et la priorité absolue de sa seigneurie, cette seigneurie que les enfants savent mieux accueillir que les adultes raison pour laquelle Jésus les indique comme modèle pour entrer dans le Royaume des cieux. Or la reconnaissance de la seigneurie absolue de Dieu représente certainement l’une des caractéristiques les plus importantes et unificatrices de la culture africaine. Naturellement, il existe en Afrique de nombreuses cultures différentes, mais elles semblent toutes s’accorder sur ce point: Dieu est le Créateur et la source de la vie. Or la vie - nous le savons bien - se manifeste en premier lieu dans l’union entre l’homme et la femme et dans la naissance des enfants; la loi divine, écrite dans la nature, est donc plus forte, prééminente, par rapport à toute loi humaine, selon l’affirmation nette et concise de Jésus: “ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas !”. La perspective n’est pas avant tout morale: avant le devoir elle concerne l’être, l’ordre inscrit dans la Création.

Chers frères et sœurs, c’est en ce sens, que la liturgie de la Parole de ce jour - au-delà de la première impression - se révèle particulièrement adaptée pour accompagner l’ouverture d’une Assemblée synodale dédiée à l’Afrique. Je voudrais souligner en particulier certains aspects qui émergent avec force et qui concernent le travail qui nous attend. Le premier a déjà été évoqué: le primat de Dieu, Créateur et Seigneur. Le deuxième: le mariage. Le troisième: les enfants. À propos du premier aspect, l’Afrique est dépositaire d’un trésor inestimable pour le monde entier: son profond sens de Dieu que j’ai eu l’occasion de percevoir directement au cours des rencontres que j’ai eues avec les Évêques africains en visite ad Limina et plus encore lors de mon récent voyage apostolique au Cameroun et en Angola dont je conserve un souvenir agréable et ému. C’est justement à ce pèlerinage en terre africaine que je voudrais me référer parce qu’en ces jours-là, j’ai ouvert idéalement cette Assemblée synodale, en remettant l’Instrumentum Laboris aux Présidents des Conférences épiscopales et aux Chefs des Synodes des Évêques des Églises orientales catholiques.

Lorsque l’on parle des trésors de l’Afrique, notre pensée va immédiatement aux ressources dont est riche le continent et qui sont malheureusement devenues, et continuent parfois de l’être, une source d’exploitation, de conflit et de corruption. La Parole de Dieu nous fait au contraire nous tourner vers un autre patrimoine: le patrimoine spirituel et culturel dont l’humanité a besoin encore plus que des matières premières. “En effet - dirait Jésus - quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier en le payant de sa vie?”. De ce point de vue, l’Afrique représente un immense “poumon” spirituel, pour une humanité qui semble en crise de foi et d’espérance. Mais ce “poumon” peut aussi tomber malade. Et, à l’heure actuelle, au moins deux dangereuses pathologies sont en train de l’attaquer: avant tout, une maladie déjà diffusée dans le monde occidental, à savoir le matérialisme pratique, associé à la pensée relativiste et nihiliste. Sans parler de la genèse de tels maux de l’esprit, il est toutefois indiscutable que le soi-disant “premier” monde ait parfois exporté et continue d’exporter des déchets toxiques spirituels qui contaminent les populations des autres continents, parmi lesquels justement les populations africaines. C’est en ce sens que le colonialisme, accompli sur le plan politique, n’est jamais tout à fait terminé. Mais, justement dans cette perspective, il faut signaler un second “virus” qui pourrait également toucher l’Afrique, à savoir le fondamentalisme religieux, lié à des intérêts politiques et économiques. Des groupes qui s’inspirent aux différents appartenances religieuses sont en train de se répandre sur le continent africain; ils le font au nom de Dieu, mais selon une logique opposée à la logique divine, c’est-à-dire en enseignant et en pratiquant non pas l’amour et le respect de la liberté, mais l’intolérance et la violence.

En ce qui concerne le thème du mariage, le texte du chapitre 2 du Livre de la Genèse nous en a rappelé le fondement éternel, que Jésus lui-même a confirmé: “À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un”. Comment ne pas rappeler l’étonnant cycle de catéchèse que le Serviteur de Dieu Jean-Paul II a dédié à un tel argument, à partir d’une exégèse ô combien approfondie de ce texte biblique? Aujourd’hui, en nous le proposant justement à l’ouverture du Synode, la liturgie nous offre la lumière surabondante de la vérité révélée et incarnée dans le Christ, avec laquelle on peut considérer la thématique complexe du mariage dans le contexte africain ecclésial et social. Sur cet autre point cependant, je voudrais brièvement saisir une suggestion qui précède toute réflexion et indication de type moral, et qui se relie encore au primat du sens du sacré et de Dieu. Le mariage, tel que la Bible nous le présente, n’existe pas en dehors de la relation avec Dieu. La vie conjugale entre l’homme et la femme, et donc de la famille qui en dérive, est inscrite dans la communion avec Dieu et, à la lumière du Nouveau Testament, devient icône de l’Amour trinitaire et sacrement de l’union du Christ avec l’Église. Dans la mesure où elle conserve et développe sa foi, l’Afrique pourra trouver des ressources immenses à donner en faveur de la famille fondée sur le mariage. 

En incluant également dans la péricope évangélique le texte sur Jésus et les enfants, la liturgie nous invite à considérer d’ores et déjà, dans notre sollicitude pastorale, la réalité de l’enfance qui constitue une grande partie, même si elle est malheureusement souffrante, de la population africaine. Dans la scène où Jésus accueille les enfants, en s’opposant avec dédain à ces disciples qui voulaient eux-mêmes les éloigner, nous voyons l’image de l’Église qui, en Afrique et dans toute autre partie de la terre, manifeste sa propre maternité surtout à l’égard des plus petits, même lorsqu’ils ne sont pas encore nés. Comme le Seigneur Jésus, l’Église ne voit pas en eux avant tout des destinataires d’assistance, et encore moins que jamais de piétisme ou de manipulation, mais des personnes à part entière qui, avec leur propre façon d’être, montrent la voie maîtresse pour entrer dans le règne de Dieu, à savoir celle qui consiste à se remettre sans condition à son amour.

Chers frères, ces indications qui proviennent de la Parole de Dieu s’inscrivent dans le large horizon de l’Assemblée synodale qui commence aujourd’hui, et qui se rattache à celle déjà dédiée précédemment au continent africain, dont les fruits ont été présentés par le Pape Jean-Paul II, de vénérée mémoire, dans l’Exhortation apostolique “Ecclesia in Africa”. Reste naturellement valide et actuel le devoir premier de l’évangélisation, voire d’une nouvelle évangélisation qui tienne compte des mutations sociales rapides de notre époque et du phénomène de la mondialisation. Il faut en dire autant du choix pastoral d’édifier l’Église comme Famille de Dieu. C’est dans ce large sillage que se situe la Seconde Assemblée, qui a pour thème: « L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. “Vous êtes le sel de la terre... Vous êtes la lumière du monde” ». Ces dernières années, l’Église catholique en Afrique a connu un grand dynamisme, et l’Assise synodale est l’occasion d’en remercier le Seigneur. Et puisque la croissance de la communauté ecclésiale dans tous les domaines comporte également des défis “ad intra” et “ad extra”, le Synode est un moment propice pour repenser l’activité pastorale et renouveler l’élan d’évangélisation. Pour devenir lumière du monde et sel de la terre, il faut toujours davantage viser la “mesure haute” de la vie chrétienne, c’est-à-dire la sainteté. Les pasteurs et tous les membres de la communauté ecclésiale sont appelés à être saints; les fidèles laïcs sont appelés à répandre le parfum de la sainteté au sein de la famille, sur les lieux de travail, à l’école et dans tout autre milieu social et politique. Puisse l’Église en Afrique être toujours une famille d’authentiques disciples du Christ, où les différences entre les ethnies deviennent une raison et une sollicitation pour un enrichissement humain et spirituel réciproque.

Par son action d’évangélisation et de promotion humaine, l’Église peut certainement donner en Afrique une grande contribution à toute la société, qui connaît malheureusement dans plusieurs pays la pauvreté, les injustices, les violences et les guerres. La vocation de l’Église, communauté de personnes réconciliées avec Dieu et entre elles, est d’être prophétie et ferment de réconciliation entre les différents groupes ethniques, linguistiques et aussi religieux, à l’intérieur de chaque nation et sur tout le continent. La réconciliation, don de Dieu que les hommes doivent implorer et accueillir, est un fondement stable sur lequel construire la paix, condition indispensable pour le progrès authentique des hommes et de la société, selon le projet de justice voulu par Dieu. Ouverte à la grâce rédemptrice du Seigneur ressuscité, l’Afrique sera ainsi toujours plus éclairée par sa lumière et, en se laissant guider par l’Esprit Saint, deviendra une bénédiction pour l’Église universelle, apportant sa propre contribution qualifiée à l’édification d’un monde plus juste et fraternel.

Chers Pères synodaux, merci pour la contribution que chacun d’entre vous donnera aux travaux des prochaines semaines, qui seront pour nous une expérience renouvelée de communion fraternelle répétée au bénéfice de toute l’Église, spécialement dans le contexte de cette Année sacerdotale. Et à vous, chers frères et sœurs, je demande de nous accompagner par votre prière. Je le demande aux personnes présentes; je le demande aux monastères de clôture et aux communautés religieuses répandues en Afrique et dans le monde entier, aux paroisses et aux mouvements, aux malades et aux personnes souffrantes: à tous je demande de prier pour que le Seigneur rende fructueuse cette Seconde Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. Invoquons sur elle la protection de saint François d’Assise, dont nous faisons mémoire aujourd’hui, celle de tous les saints et saintes africains et, de manière particulière, de la Sainte Vierge Marie, Mère de l’Église et Notre-Dame d’Afrique. Amen!

Lire la suite

dimanche, 04 octobre 2009 | Lien permanent

Synode sur l'Afrique: Message finale

index_synode.jpgDIX-HUITIEME CONGREGATION GENERALE

CITE DU VATICAN, 23 OCT 2009 (VIS)

Ce matin, au cours de la dix-huitième Congrégation générale du Synode africain, présidée par le Cardinal Wilfrid Fox Napier, OFM, en présence du Saint-Père, a été présenté et voté le Message final. En voici quelques passages:


"UN REGARD SUR L'AFRIQUE D'AUJOURD'HUI

L'Afrique est "riche en ressources humaines et naturelles, beaucoup parmi nos peuples croupissent dans la pauvreté et la misère, les guerres et les conflits, les crises et le chaos... Cette situation...est attribuée largement aux décisions et aux activités humaines des gens qui n'ont aucun souci du bien commun et cela souvent par le biais d'une complicité tragique et d'un complot criminel des dirigeants locaux et des intérêts extérieurs.

Il y a de très bonnes nouvelles en plusieurs endroits en Afrique. Mais, les moyens médiatiques modernes tendent souvent à accentuer les mauvaises nouvelles et ainsi semblent se concentrer davantage sur nos infortunes et nos déboires plutôt que de relever l'effort positif qui s'accomplit... Des signes abondants démontrent plusieurs initiatives qui tendent à l'apport des solutions effectives à nos problèmes".

 

A LA LUMIERE DE LA FOI

Le vrai pardon promeut la justice de la conversion et de la réparation et conduit à la paix qui va jusqu'à la racine du conflit, et qui transforme les victimes et les ennemis de jadis en amis, en frères et en sœurs. Comme c'est Dieu seul qui rend possible ce genre de réconciliation, nous devons, dans ce ministère, réserver une place privilégiée à la prière et aux sacrements, spécialement au sacrement de la Réconciliation.

 

L'EGLISE UNIVERSELLE

L'Eglise en Afrique rend grâces à Dieu pour ses nombreux fils et filles missionnaires en d'autres continents... Dans ce merveilleux échange, il importe que les partenaires continuent de travailler à développer des relations transparentes, honnêtes, dignes et chrétiennes. Pendant les séances du Synode, elle a accepté de se laisser interpeller sur l'intérêt à porter aux africains vivant dans d'autres continents surtout en Amérique...Un spécial merci à ceux qui sont restés avec leur peuple même en temps de guerre ou de crise grave. Certains ont même payé de leur vie leur fidélité.

 

L'EGLISE EN AFRIQUE

Nous sommes convaincus que l'action première et spécifique de l'Eglise en faveur du peuple africain, c'est la proclamation de l'Evangile du Christ... Nous acceptons la responsabilité d'être des instruments de réconciliation, de justice et de paix dans nos communautés, des ambassadeurs du Christ..., tous les membres de l'Eglise, clergé, religieux et fidèles laïcs doivent se mobiliser pour œuvrer ensemble à l'unité qui fait la force... Au niveau du nos différentes Conférences et Assemblées, nous nous mettons nous‑mêmes au défi de travailler dans l'unité pour donner à nos pays respectifs le modèle d'une société réconciliée... Chaque évêque doit inscrire en priorité dans le programme diocésain les problèmes de réconciliation, de justice et de paix... Nos diocèses doivent se présenter comme des modèles de bonne gouvernance, de transparence et de bonne gestion financière. Nous devons continuer à lutter contre la pauvreté qui est l'obstacle majeur sur les chemins de la paix et de la réconciliation... En cette Année sacerdotale, chers frères dans le sacerdoce, nous nous adressons à vous qui occupez une position clé dans l'apostolat du diocèse... Catéchèse, formation de laïcs, accompagnement des responsables haut‑placés, rien de tout cela ne s'en ira chercher loin sans votre plein engagement dans vos paroisses et dans vos postes de responsabilités. Le Synode vous exhorte à ne pas négliger votre devoir en ce domaine... Votre fidélité aux engagements sacerdotaux, surtout le célibat dans la chasteté et le détachement de biens matériels, est un témoignage éloquent pour le peuple de Dieu... Ces derniers temps, l'Afrique est devenue aussi un terrain fertile pour les vocations... Le Synode vous exhorte à être performants au maximum dans leur apostolat en communion loyale et engagée avec la hiérarchie locale. Le Synode remercie en particulier les religieuses pour le don d'elles‑mêmes et le zèle apostolique dans les domaines de la santé, de l'éducation et du développement...

 

Ce Synode s'adresse avec une profonde affection aux fidèles laïcs africains. Vous êtes l'Eglise de Dieu dans les lieux publics de notre société. Grâce à vous, la vie et le témoignage de l'Eglise sont rendus plus visibles au monde... Ceci demande que vous permettiez à la foi chrétienne d'imprégner tous les aspects et toutes les dimensions de votre vie, en famille, au travail, dans l'exercice de diverses professions, dans la politique et dans la vie publique. Ce n'est pas une tâche facile. C'est pourquoi vous devez accéder aux moyens de la grâce par la prière et la fréquentation des sacrements... Le Synode vous réserve un message très important et spécial, chers catholiques africains qui œuvrez dans la vie publique. Nous louons la bravoure de beaucoup d'entre vous qui, passant outre les dangers et les insécurités des politiques en Afrique, vous donnez pour le service public de votre peuple, pour promouvoir le bien commun et le règne divin de la justice, de l'amour et de la paix, dans la ligne des enseignements de l'Eglise.. L'Afrique a besoin de saints dans les hautes sphères politiques, de saints politiciens qui combattent la corruption, travaillent pour le bien du peuple et savent mobiliser les autres hommes et femmes de bonne volonté pour s'allier contre le mal commun qui assiège nos pays.

 

Nous nous adressons maintenant à nos chères familles catholiques de l'Afrique. Nous vous remercions de rester obstinément fidèles aux idéaux de la famille chrétienne et de maintenir les plus belles valeurs de notre famille africaine. Nous vous invitons à la vigilance contre les idéologies virulentes et nocives venant d'outre‑mer et se donnant le nom de culture moderne. Continuez à accueillir les enfants comme un don de Dieu et les former à la connaissance et à la crainte de Dieu, à être de futurs agents de la réconciliation, de la justice et de la paix... La pauvreté rend encore des parents incapables de bien prendre soin de leurs enfants, ceci entraîne des conséquences désastreuses. Nous lançons un appel aux gouvernements et aux autorités civiles de se souvenir qu'une nation dont la législation détruit la famille agit à son propre détriment. Bien des familles ne demandent que le minimum pour la survie. Ellesont droit de vivre...On doit globalement reconnaître et promouvoir la contribution spécifique des femmes, non seulement au foyer comme épouses et mères mais, aussi dans la sphère sociale. Le Synode recommande à nos Eglises locales de dépasser des déclarations générales pour mettre sur pied des structures concrètes en vue de réaliser la participation des femmes aux niveaux adéquats... Nous avons besoin de prêter une attention particulière aux jeunes adultes. Ils sont souvent négligés, laissés pour compte et à la cible de toutes sortes d'idéologies et de sectes. Ce sont les mêmes qu'on recrute et qu'on emploie dans pour faire violence. Nous invitons ardemment toutes les Eglises locales à réserver à l'apostolat des jeunes une place de choix.

 

APPEL À LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

L'Eglise est sans pareille dans la lutte contre le SIDA et dans les soins apportés à ceux qui en sont infectés et affectés en Afrique... D'accord avec le Pape, ce Synode avertit solennellement que le problème ne se saurait se résoudre par la distribution de prophylactiques. Nous en appelons à la conscience de ceux qui sont vraiment intéressés à arrêter la transmission du SIDA par voie sexuelle, pour qu'ils reconnaissent les succès déjà obtenus par les programmes qui proposent l'abstinence pour les non‑mariés et la fidélité pour les mariés.

Aux grandes puissances de ce monde, nous demandons de traiter l'Afrique avec respect et dignité. L'Afrique en appelait à un changement de l'ordre économique mondial, à cause des structures injustes qui s'entassaient sur elle. La récente turbulence dans le monde financier démontre qu'il est temps d'opérer des changements radicaux dans les règles du jeu. Mais ce serait une autre tragédie si ce réajustement devait viser les intérêts des riches au détriment des pauvres. La plupart des conflits, des guerres et des situations de pauvreté en Afrique proviennent essentiellement de ces structures injustes. Un changement est nécessaire en ce qui concerne le poids de la dette pesant sur les nations pauvres, mortel pour leurs enfants. Les multinationales doivent arrêter la dévastation criminelle de l'environnement dans leur vorace exploitation des ressources naturelles. C'est une politique à courte vue qui fomente des guerres pour obtenir des gains rapides à partir du chaos, au prix des vies humaines et de sang répandu. N'y aurait‑il personne dans leur rang qui soit capable et désireux d'arrêter ces crimes contre l'humanité?

 

AFRIQUE, LEVE TOI !

Nous saluons les efforts fournis pour libérer l'Afrique de l'aliénation et de l'esclavage politique. Maintenant l=Afrique doit faire face au défi de procurer à ses enfants un niveau et des conditions convenables de vie. Au niveau politique on enregistre du progrès dans l'intégration continentale... Sur le front économique, l'Afrique a essayé d'élaborer une stratégie pour le développement, appelé NEPAD... Le Synode encourage tous ces efforts, car ces structures établissent un lien évident entre l'indépendance économique de l'Afrique e le règne de la bonne gouvernance. Malheureusement, le nœud du problème, c'est que pour la plupart des nations africaines, ces splendides documents du NEPAD ne sont encore que lettre morte... Le Synode félicite chaleureusement les quelques pays africains qui ont fait le choix d'une authentique démocratie... Il s'attriste en remarquant que c'est la honte qui caractérise plus d'un pays africain. Nous pensons en particulier au cas lamentable de la Somalie empêtrée dans de violents conflits depuis près de deux décennies, avec des conséquences sur les nations avoisinantes. Nous n'oublions pas non plus la tragédie des millions de personnes dans la région des Grands Lacs et la durable crise au nord de l'Ouganda, au Darfour ou en Guinée Conakry... Quel que soit le niveau de responsabilité attribuable aux intérêts étrangers, on ne peut nier une honteuse et tragique complicité des leaders locaux, des politiciens qui trahissent et mettent leurs nations aux enchères

 

METTONS ENSEMBLE NOS RESSOURCES SPIRITUELLES

Déterminé à préserver son patrimoine spirituel contre toute agression et contagion, le Synode en appelle à une collaboration œcuménique plus intense avec les frères et sœurs des autres traditions chrétiennes. Nous espérons aussi plus de dialogue et de coopération avec les musulmans, les adeptes des religions traditionnelles et ceux d'autres croyances. Le fanatisme religieux cause des dégâts en maint endroits en Afrique. De notre culture religieuse traditionnelle, nous les africains avons un sens inné du Dieu Créateur... Quand cette ferveur religieuse en vient à être mal orientée par les fanatiques ou manipulée par les politiciens, des conflits surgissent et menacent d'engloutir tout le monde. Toutefois, quand les religions reçoivent une orientation appropriée, elles constituent une grande force pour le bien, spécialement pour la paix et la réconciliation... L'Assemblée a écouté beaucoup de Pères synodaux témoigner de leur succès sur les chemins du dialogue avec les musulmans... La réconciliation, la justice et la paix constituent en général la préoccupation des communautés entières en dehors de la problématique des croyances. En se basant sur les nombreuses valeurs entre eux, musulmans et chrétiens peuvent œuvrer ensemble bâtir dans nos pays le règne de la paix et de la réconciliation.

 

La liberté de religion inclut aussi la liberté de partager sa foi, de la proposer et non de l'imposer, d'accepter et d'accueillir des convertis. Les nations qui, de par la loi, interdisent à leurs citoyens d'embrasser la foi les privent de leur droit humain fondamental qui leur donne de choisir librement leur foi. Cela ne s'est passé que trop longtemps, et il est temps de revoir la situation sous l'angle du respect pour les droits fondamentaux de l'homme. Ce Synode avertit qu'une telle restriction des libertés empêche le dialogue sincère et porte entorse à une authentique collaboration. Puisque des chrétiens qui décident de changer de religion sont accueillis dans les rangs des musulmans, on doit pouvoir aboutir à la réciprocité dans cette affaire. La bonne direction, c'est le respect mutuel".

 

Cet après-midi, la dix-neuvième Congrégation générale sera consacrée à la présentation des propositions définitives.

 

 

Lire la suite

vendredi, 23 octobre 2009 | Lien permanent

La rencontre avec Martin Luther, ce que nous avons en commun

pape-francois-luther-473x360.jpg

Unknown.jpeg

Unknown-1.jpeg

Ces trois photos résument l'opposition que nombres de sites traditionalistes vouent au Pape François. La statue de Luther était à la salle des audiences, la salle Paul VI (et non pas dans la basilique Saint Pierre) et le Pape François a reçu les thèses de Luther (audience du 13 octobre). Le Pape a simplement accueilli un groupe avec la statue de Luther. 

Avant de parvenir aux conclusions, citons deux phrases: 

La rencontre avec Martin Luther

Non, le mal n’est pas une bagatelle. Et il ne pourrait être aussi puissant si nous mettions vraiment Dieu au centre de notre vie. La question : quelle est la position de Dieu à mon égard, comment je me situe moi devant Dieu ? - cette question brûlante de Luther doit devenir de nouveau, et certainement sous une forme nouvelle également notre question, non de manière académique mais réellement. Je pense que c’est là le premier appel que nous devrions entendre dans la rencontre avec Martin Luther.

Ce que nous avons en commun

C’était l’erreur de l’âge confessionnel d’avoir vu en majeure partie seulement ce qui sépare, et de ne pas avoir perçu de façon existentielle ce que nous avons en commun dans les grandes directives de la Sainte Écriture et dans les professions de foi du christianisme antique. Le grand progrès œcuménique des dernières décennies est pour moi, que nous nous soyons rendu compte de cette communion, que nous pouvons la reconnaître comme notre fondement commun et impérissable dans la prière et le chant communs, dans l’engagement commun pour l’ethos chrétien face au monde, dans le témoignage commun du Dieu de Jésus Christ en ce monde.

Qui a écrit ces textes ? Le Pape François ? Et bien c'est Benoît XVI* ! lors de sa rencontre avec les Luthériens en Allemagne en 2010. 

Aussi, les reproches qui sont faits au pape François s'adressent aussi à Benoît XVI, et de fait in fine au Concile Vatican II. La foi est toujours la même. L'Esprit Saint nous place dans un nouvel équilibre: la capacité de dialoguer, de proposer la vérité de la foi, non plus par des condamnations mais par la confiance en la vérité tout entière vers laquelle Dieu nous conduit. 

... aujourd'hui, l'Epouse du Christ préfère recourir au remède de la miséricorde, plutôt que de brandir les armes de la sévérité.

Unknown-2.jpeg"Au moment où s'ouvre ce IIe Concile œcuménique du Vatican, il n'a jamais été aussi manifeste que la vérité du Seigneur demeure éternellement. En effet, dans la succession des temps, nous voyons les opinions incertaines des hommes s'exclure les unes le autres, et bien souvent à peine les erreurs sont-elles nées qu'elles s'évanouissent comme brume au soleil.

L'Eglise n'a jamais cessé de s'opposer à ces erreurs. Elle les a même souvent condamnées, et très sévèrement. Mais aujourd'hui, l'Epouse du Christ préfère recourir au remède de la miséricorde, plutôt que de brandir les armes de la sévérité. Elle estime que, plutôt que de condamner, elle répond mieux aux besoins de notre époque en mettant davantage en valeur les richesses de sa doctrine.

Certes, il ne manque pas de doctrines et d'opinions fausses, de dangers dont il faut se mettre en garde et que l'on doit écarter; mais tout cela est si manifestement opposé aux principes d'honnêteté et porte des fruits si amers, qu'aujourd'hui les hommes semblent commencer à les condamner d'eux-mêmes".

Saint Jean XXIII, discours pour l'ouverture du Concile Vatican II

 

VOYAGE APOSTOLIQUE EN ALLEMAGNE
22-25 SEPTEMBRE 2011

*RENCONTRE AVEC LES REPRÉSENTANTS
DU CONSEIL DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE EN ALLEMAGNE

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI

Salle du Chapitre de l'ex-couvent augustinien de Erfurt
Vendredi 23 septembre 2011

(Vidéo)

 

Mesdames et Messieurs,

Unknown-3.jpegPrenant la parole, je voudrais tout d’abord remercier de tout cœur parce que nous pouvons nous rencontrer ici. Ma gratitude va particulièrement à vous, chère frère et Président Schneider qui, par vos paroles, m’a donné la bienvenue et m’a reçu parmi vous. Vous avez ouvert votre cœur, et exprimé la foi vraiment commune, votre désir sincère d’unité. Et nous nous réjouissons également, que cette rencontre, notre rencontre commence comme la fête de la foi que nous avons en commun. Je désire vous remercier, vous tous, pour le cadeau que représente le fait de pouvoir parler ensemble dans ce lieu historique.

Pour moi, en tant qu’Évêque de Rome, c’est un moment d’émotion de vous rencontrer ici, dans l’antique couvent augustinien d’Erfurt. Nous avons entendu précédemment que Luther a étudié ici. Ici, il a célébré sa première messe en 1507. Contre le désir de son père, il ne continua pas ses études de droit, mais il étudia la théologie et se mit en marche vers le sacerdoce dans l’Ordre de saint Augustin. Sur ce chemin, ce n’était pas ceci ou cela qui lui importait. Ce qui l’a animé, c’était la question de Dieu, qui fut la passion profonde et le ressort de sa vie et de son itinéraire tout entier. « Comment puis-je avoir un Dieu miséricordieux ? » Cette question lui pénétrait le cœur et se trouvait derrière chacune de ses recherches théologiques et chaque lutte intérieure. Pour Luther, la théologie n’était pas une question académique, mais la lutte intérieure avec lui-même, et ensuite c’était une lutte par rapport à Dieu et avec Dieu.

« Comment puis-je avoir un Dieu miséricordieux ? » Que cette question ait été la force motrice de tout son chemin, me touche toujours à nouveau profondément. Qui, en effet, se préoccupe aujourd’hui de cela, même parmi les chrétiens ? Que signifie la question de Dieu dans notre vie ? Dans notre annonce ? La plus grande partie des gens, même des chrétiens, tient aujourd’hui pour acquis que Dieu, en dernière analyse, ne s’occupe plus de nos péchés et de nos vertus. Il sait, en effet, que nous sommes tous que chair. Et si on croit encore en un au-delà et en un jugement de Dieu, alors presque tous nous présupposons en pratique que Dieu doit être généreux, et, qu’à la fin, dans sa miséricorde, il ignorera nos petites fautes. La question ne nous préoccupe plus. Mais nos fautes sont-elles vraiment si petites ? Le monde n’est-il pas dévasté à cause de la corruption des grands, mais aussi à cause de celle des petits, qui pensent seulement à leurs propres intérêts ? N’est-il pas dévasté par le pouvoir des drogues, qui vit du désir de vie et d’argent d’une part, et de l’autre, par l’addiction à la jouissance des personnes qui lui sont adonnées ? N’est-il pas menacé par la disposition croissante à la violence qui se revêt souvent de la religiosité ? La faim et la pauvreté pourraient-elles dévaster autant de parties entières du monde si, en nous, l’amour de Dieu et, à partir de Lui, l’amour pour le prochain, pour les créatures de Dieu, les hommes, étaient plus vivants ? Les questions en ce sens pourraient continuer. Non, le mal n’est pas une bagatelle. Et il ne pourrait être aussi puissant si nous mettions vraiment Dieu au centre de notre vie. La question : quelle est la position de Dieu à mon égard, comment je me situe moi devant Dieu ? - cette question brûlante de Luther doit devenir de nouveau, et certainement sous une forme nouvelle également notre question, non de manière académique mais réellement. Je pense que c’est là le premier appel que nous devrions entendre dans la rencontre avec Martin Luther.

Et alors, est important : Dieu, le Dieu unique, le Créateur du ciel et de la terre, est quelque chose d’autre qu’une hypothèse philosophique sur les origines du cosmos. Ce Dieu a un visage et il nous a parlé. Dans l’homme Jésus Christ, il est devenu l’un de nous – à la fois vrai Dieu et vrai homme. La pensée de Luther, sa spiritualité tout entière était complètement christocentrique : « Ce qui promeut la cause du Christ » était pour Luther le critère herméneutique décisif dans l’interprétation de la Sainte Écriture. Cela suppose toutefois que le Christ soit le centre de notre spiritualité et que l’amour pour Lui, le vivre ensemble avec Lui oriente notre vie.

Maintenant pourrait-on peut-être dire : c’est bien et bon ! Mais qu’a à voir tout cela avec notre situation œcuménique ? Tout cela n’est peut-être seulement qu’une tentative d’éluder, avec tant de paroles, les problèmes urgents dans lesquels nous attendons des progrès pratiques, des résultats concrets ? A ce sujet, je réponds : la chose la plus nécessaire pour l’œcuménisme est par-dessus tout que, sous la pression de la sécularisation, nous ne perdions pas presque par inadvertance les grandes choses que nous avons en commun, qui en elles-mêmes nous rendent chrétiens et qui sont restées comme don et devoir. C’était l’erreur de l’âge confessionnel d’avoir vu en majeure partie seulement ce qui sépare, et de ne pas avoir perçu de façon existentielle ce que nous avons en commun dans les grandes directives de la Sainte Écriture et dans les professions de foi du christianisme antique. Le grand progrès œcuménique des dernières décennies est pour moi, que nous nous soyons rendu compte de cette communion, que nous pouvons la reconnaître comme notre fondement commun et impérissable dans la prière et le chant communs, dans l’engagement commun pour l’ethos chrétien face au monde, dans le témoignage commun du Dieu de Jésus Christ en ce monde.

Le danger de la perdre n’est pas irréel, bien sûr. Je voudrais faire remarquer rapidement deux aspects. Ces derniers temps, la géographie du christianisme a profondément changé et est en train de continuer à changer. Devant une forme nouvelle de christianisme, qui se diffuse avec un immense dynamisme missionnaire, parfois préoccupant dans ses formes, les Églises confessionnelles historiques restent souvent perplexes. C’est un christianisme de faible densité institutionnelle, avec peu de bagage rationnel et encore moins de bagage dogmatique et aussi avec peu de stabilité. Ce phénomène mondial –dont me parlent toujours des Évêques du monde entier- nous place tous devant la question : Qu’est-ce-que cette nouvelle forme de christianisme a à nous dire de positif et de négatif ? En tous cas, elle nous met de nouveau face à la question de savoir ce qui demeure toujours valable, et ce qui peut ou doit être changé, par rapport à la question de notre choix fondamental dans la foi.

Plus profond et plus sensible dans notre Pays, est le second défi pour la chrétienté tout entière, dont je voudrais vous parler. Il s’agit du contexte du monde sécularisé, dans lequel nous devons vivre et témoigner aujourd’hui notre foi. L’absence de Dieu dans notre société se fait plus pesante, l’histoire de sa Révélation, dont nous parle l’Écriture, semble reléguée dans un passé qui s’éloigne toujours davantage. Faut-il peut-être céder à la pression de la sécularisation, devenir modernes moyennant une édulcoration de la foi ? La foi doit être repensée, naturellement, et surtout elle doit être vécue aujourd’hui d’une manière nouvelle pour devenir quelque chose qui appartient au présent. Mais ce n’est pas l’édulcoration de la foi qui aide, mais seulement le fait de la vivre entièrement dans notre aujourd’hui. C’est une tâche œcuménique centrale dans laquelle nous devrions nous entraider à croire de façon plus profonde et plus vivante. Ce ne seront pas les tactiques qui nous sauveront, qui sauveront le christianisme, mais une foi repensée et vécue d’une façon nouvelle, par laquelle le Christ, et avec Lui le Dieu vivant, entre dans notre monde. Comme les martyrs de l’époque nazie nous ont conduits les uns vers les autres, et ont suscité la première grande ouverture œcuménique, ainsi aujourd’hui encore, la foi, vécue à partir du plus profond de nous-mêmes, dans un monde sécularisé, est la force œcuménique la plus forte qui nous réunit, nous guidant vers l’unité dans l’unique Seigneur. Et nous le prions afin que nous puissions apprendre à vivre la foi à neuf, et afin qu’ainsi nous puissions devenir un.

Lire la suite

lundi, 07 novembre 2016 | Lien permanent

Eglise à Ratisbonne: des centaines d'enfants abusés ! Ratzinger innocent !

images.jpeg

Lien

Les "Regensburger Domspatzen", moineaux de la cathédrale de Ratisbonne, sont le plus prestigieux chœur catholique allemand, comparable au Thomanerchor de l'église protestante Saint-Thomas de Leipzig, dont le cantor avait été Jean-Sébastien Bach.

Des centaines d'enfants du fameux chœur de la cathédrale de Ratisbonne en Bavière ont été victimes dans l'après-guerre de sévices et abus sexuels. Pendant trente ans, de 1964 à 1994, Georg Ratzinger, frère du pape émérite Benoît XVI, a été maître de chapelle du chœur, mais non pas de l'internat où les choristes ont été maltraités.

----

Mgr Georg Ratzinger: "Je n'étais certainement pas au courant de l'étendue des méthodes brutales du Directeur M.. Si je l'avais su, j'aurais dit quelque chose".

En anglais

Ratisbonne: des centaines d'enfants du choeur "Regensburger Domspatzen" abusés

Les abus sexuels sont un crime abominable, un péché qui crie jusque vers Dieu et une offense absolument effroyable. Le Pape François parlait de Messe noire ! 

En Allemagne, le célèbre choeur de Ratisbonne a connu un nombre plus effrayants de victimes (lien). C'est proprement épouvantable ! L'Eglise se doit d'être résolument avec et pour les victimes. 

Mgr Georg, le frère de Joseph Ratzinger, devenu Benoît XVI, dirigeait ces enfants. Un lien semble inévitable ?

"- Au cours de nos tournées de concert, certains collégiens m'ont raconté comment c'était pour eux à Etterzhausen. Mais ils ne m'ont rien dit qui me laisse penser que je me devais de faire quelque chose.

Je n'étais certainement pas au courant de l'étendue des méthodes brutales du Directeur M.. Si je l'avais su, j'aurais dit quelque chose. Bien sûr, on peut juger plus sévèrement aujourd'hui, alors qu'on est devenu plus sensibilisés. Cela vaut aussi pour moi. Mais en même temps, je m'excuse auprès de toutes les victimes".

Mgr Georg Ratzinger 2010

Mgr Georg Ratzinger absolument innocent

Ceci étant dit, Mgr Goerg Ratzinger n'a commis aucun crime, aucun abus. Il n'a nullement été complice et fut à l'obscure de ces crimes totalement condamnables qui se sont déroulés dans l'internat. 

La polémique visant à impliquer les Ratzinger"s" avait déjà eu lieu en 2010. 

Il faut rappeler, comme l'a fait le Pape François en conférence de presse: ce fut à partir du chemin de Croix du Colisée en mars 2005 que l'Eglise a commencé à parler de corruption en son sein. Le Cardinal Ratzinger fut un pionnier dans la lutte contre la pédophilie dans le clergé. 

Je suis donc assez stupéfait de voir les Ratzinger"s" convoqués à nouveau, notamment le frère du Pape Mgr Georg, dans des crimes abominables dont ils sont totalement innocents. La polémique se prépare à exploser. 

Archive:

3602georgebened_00000002917.jpgGeorg Ratzinger, Domkapellmeister de Ratisbonne de 1964 à 1994, a souligné dans un entretien avec PNP qu'il ne savait rien des abus sexuels désormais révélés, commis dans le milieu du Choeur de Ratisbonne.

En même temps, il prend ses distances avec les excès pédagogique dont un ancien directeur du pensionnat des enfants du chœur a été accusé. Ce prêtre, qui, dans l'interviewe est désigné sous le nom de Johann M. est décédé en 1992.

- Herr Domkapellmeister, comment avez-vous réagi aux informations sur les abus sexuels commis à l'encontre de certains élèves du Domspatzen?

- Au début, avec surprise, car les cas de la fin des années 50 et début des années 60 appartiennent à un passé assez éloigné maintenant. Puis je me suis senti préoccupé par la façon dont ces révélations pourraient influencer négativement le présent immédiat du Domspatzen aujourd'hui. Je regrette que les victimes aient été attaquées dans leur intégrité physique et spirituelle.

- Dans vos premières déclarations que vous avez dit que vous ne connaissiez pas de cas de violence sexuelle. Lorsque vous avez rejoint le Choeur en 1964, n'y avait-il aucune rumeur?

À la maison, nous n'avons jamais parlé de ces choses. Au début, quand je suis arrivé à Ratisbonne, il y avait beaucoup de problèmes avec la réorganisation de la chorale qui se dispersait parmi divers intérêts. Et non, les abus sexuels signalés n'ont jamais été soulevés.

- Croyez-vous que cette histoire d'abus sexuel va nuire à la réputation du Domspatzen?

- Des dégâts importants, certainement pas. Mais il est possible que certains parents concernés puissent en tenir compte, mais de réels dommages, je ne crois pas.

- Outre les accusations d'attouchements sexuels, il y a aussi des plaintes concernant les châtiments corporels qui faisaient partie de l'enseignement catholique. Quelle était la raison d'être alors d'une telle sévérité?

- La gifle sur le visage était autrefois la première réaction à une performance négative ou une défaillance. Et la sévérité de celle-ci était variable, souvent en fonction du caractère de celui qui la donnait. L'un pouvait réagir plus fortement, l'autre moins, et encore un autre pouvait être totalement insensible et vraiment rude. Quelquefois, l'énervement jouait également un rôle, comme quand il y avait trop d'enfants à faire face tous à la fois.

- En ce qui concerne l'école préparatoire des Domspatzen à Etterzhausen, plus tard à Pielenhofen, y a-t-il eu des plaintes concernant des coups excessifs et des coups de fouet administrés par des éducateurs trop sévères (disciplinarian), comme par exemple l'ancien directeur Johann M.?

- Aujourd'hui, on jugerait les choses tout autrement, alors que chaque démonstration de force est immédiatement considérée comme horrible. Moi aussi, je juge les choses différemment aujourd'hui. A propos de l'internat de l'école préparatoire, voilà ce que je peux dire: c'était une institution totalement indépendante, ainsi que mon prédécesseur, le Domkapellmeister Theobald Schrems, entendait qu'elle soit, de sorte que la maison de Ratisbonne n'avait pas à la gérer de loin. Le Directeur M. était une personnalité très sûre de soi, et intense et n'aurait jamais permis d'être dirigé à distance.

- Que saviez-vous personnellement sur l'ampleur des punitions corporelles dans l'internat?

- Je savais que le directeur, M. avait la réputation de donner des gifles très fortes, et même que ces gifles étaient souvent données pour des riens.

Mais comme je l'ai souligné, c'était une institution indépendante, et dans l'organisation, je n'avais pas le pouvoir d'examiner ces choses. Au départ, je n'étais même pas à la tête de la Fondation Regensburger Domspatzen - jusqu'en 1970, ce poste était occupé par le chef du Musikgymnasium de Ratisbonne. J'étais, en fait, un roi sans royaume, et je n'avais pas un statut dominant dans la maison, comme je l'ai eu plus tard vers la fin de mon service.

- Le Directeur Johann M. a été en fonction de 1953 à 1992, période pendant laquelle, apparemment, il a continué ces infractions. Avez-vous eu l'occasion d'intervenir contre lui?

- Par moi-même, non. J'aurais dû en parler à l'administration de la Fondation Domspatzen qui aurait eu le pouvoir d'intervenir. Et dans ce cas, le directeur de l'école préparatoire aurait eu le droit de dire: "Ce ne sont pas tes affaires". En tout cas, en 1992, le Directeur M. s'est retiré car alors, ses méthodes d'enseignement brutales commençaient à être connues par la presse. C'est pourquoi il a pris sa retraite avant qu'il ne le veuille vraiment.

- Lorsque vous apprenez maintenant que des enfants ont parfois été couverts de bleus, et que des témoignages ont été donnés, regrettez-vous que de telles choses aient pu arriver?

- Au cours de nos tournées de concert, certains collégiens m'ont raconté comment c'était pour eux à Etterzhausen. Mais ils ne m'ont rien dit qui me laisse penser que je me devais de faire quelque chose.
Je n'étais certainement pas au courant de l'étendue des méthodes brutales du Directeur M.. Si je l'avais su, j'aurais dit quelque chose. Bien sûr, on peut juger plus sévèrement aujourd'hui, alors qu'on est devenu plus sensibilisés. Cela vaut aussi pour moi. Mais en même temps, je m'excuse auprès de toutes les victimes.

- Vous et votre frère, avez-vous eu une expérience de châtiments corporels de la part de vos enseignants?

- J'ai reçu un savon, une fois. Un préfet de musique à qui il avait été demandé de superviser les divisions inférieures - j'étais encore parmi les plus petits - voulut regarder mon cahier de musique. Sans faire attention, je lui tendis le premier cahier sur la table. Il le regarda, me le jeta, furieux, et me donna une bonne gifle. À cette époque, je composais déjà, et dans mon enthousiasme, j'avais rempli ce cahier de mon travail. Ce qui le mit en colère et il m'a giflé. Mais je ne me souviens pas d'autres claques.

- Et votre frère?

- Mon frère est entré au séminaire beaucoup plus tard que moi - dans la septième classe (doit correspondre à notre 5ème). Je pense qu'avec les garçons plus âgés, les professeurs étaient plus prudent. En plus de cela, mon frère ne leur aurait jamais donné aucune raison de le punir.

- Dans votre temps, vous étiez considéré comme un chef de choeur aimé, mais aussi très sévère. Comment avez-vous exercé cette rigueur et quelles étaient les limites?

- Je dois dire que j'ai toujours été très heureux de venir à chaque répétition chorale. Mais parfois, je partais déprimé parce que je n'étais pas en mesure d'accomplir ce que je voulais. Au début, j'ai distribué des gifles à plusieurs reprises, mais j'ai toujours eu mauvaise conscience à ce sujet par la suite. J'ai donc été heureux quand en 1980, la loi a interdit totalement les châtiments corporels. J'ai suivi cela strictement, et je me suis senti soulagé. Parce qu'avant, la gifle était tout simplement une réaction réflexe aux fautes ou à la désobéissance. J'ai pensé qu'il était bon que l'interdiction de frapper soit devenue si complète et absolue.

- J'ai aussi demandé jusqu'où vous alliez. Avez-vous jamais battu un enfant au point qu'il ait des bleus?
- Non, je n’ai jamais fait ça.

- Que peuvent faire les autorités de l'Eglise - ou l'Église dans son ensemble - pour faire face de manière crédible au problème de la violence sexuelle et de la violence?

- Il n'y a rien d'autre à faire que d'en traiter ouvertement afin que tout soit transparent. Quiconque tente de briser physiquement une personne commet une grande injustice. Ainsi, dans l'éducation et l'éducation des enfants, il doit y avoir davantage d'efforts de persuasion. Cela signifie encourager enseigner et encourager le respect pour l'intégrité de chaque homme, d'une manière qui lui permette de maîtriser un tempérament débridé.

- Pourquoi ces choses ont-elles été gardés secrètes si longtemps dans l'Église?

- Je crois que ce n'était pas seulement l'Église qui se taisait. C'était la société aussi, et même surtout. Il n'était tout simplement pas pensable de parler de choses que les gens eux-mêmes n'avaient jamais eu à juger.

- Que peut faire votre frère, le Pape, faire afin d'aider les victimes et l'Eglise catholique en Allemagne dans cette affaire?

- Il ne peut qu'en appeler aux autorités catholiques dans chaque pays - également en Allemagne - et formulé avec eux une condamnation claire de tous les cas d'abus. Il leur demandera de prendre fermement la voie du profond respect pour l'intégrité humaine.

- Le Saint-Père, par sa proximité tout au long de plusieurs décennies, appartient en quelque sorte à la famille du Domspatzen. Comment a t-il été affecté par l'implication des Domspatzen dans toute cette affaire des abus sexuels?

- Le pape se sent proche de toutes les victimes. Mais dans le cas du Domspatzen, il y a presque un aspect familial.

Lire la suite

mercredi, 13 janvier 2016 | Lien permanent

Dialogue avec nos frères musulmans: retour sur le document: ”La fraternité humaine”

374654066_highres.jpg

Le Pape François en visite au Maroc

-------

DOCUMENT SUR

LA FRATERNITÉ HUMAINE

POUR LA PAIX MONDIALE ET LA COEXISTENCE COMMUNE

source

 

AVANT-PROPOS

La foi amène le croyant à voir dans l’autre un frère à soutenir et à aimer. De la foi en Dieu, qui a créé l’univers, les créatures et tous les êtres humains – égaux par Sa Miséricorde –, le croyant est appelé à exprimer cette fraternité humaine, en sauvegardant la création et tout l’univers et en soutenant chaque personne, spécialement celles qui sont le plus dans le besoin et les plus pauvres.

Partant de cette valeur transcendante, en diverses rencontres dans une atmosphère de fraternité et d’amitié, nous avons partagé les joies, les tristesses et les problèmes du monde contemporain, au niveau du progrès scientifique et technique, des conquêtes thérapeutiques, de l’époque digitale, des mass media, des communications ; au niveau de la pauvreté, des guerres et des malheurs de nombreux frères et sœurs en diverses parties du monde, à cause de la course aux armements, des injustices sociales, de la corruption, des inégalités, de la dégradation morale, du terrorisme, de la discrimination, de l’extrémisme et de tant d’autres motifs.

De ces échanges fraternels et sincères, que nous avons eus, et de la rencontre pleine d’espérance en un avenir lumineux pour tous les êtres humains, est née l’idée de ce « Document sur la Fraternité humaine ». Un document raisonné avec sincérité et sérieux pour être une déclaration commune de bonne et loyale volonté, destinée à inviter toutes les personnes qui portent dans le cœur la foi en Dieu et la foi dans la fraternité humaine, à s’unir et à travailler ensemble, afin que ce Document devienne un guide pour les nouvelles générations envers la culture du respect réciproque, dans la compréhension de la grande grâce divine qui rend frères tous les êtres humains.

le-pape-francois-et-le-grand-imam-d-al-azhar-le-cheikh-ahmed-al-tayeb-se-donn.jpg

 

DOCUMENT

Au nom de Dieu qui a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à coexister comme des frères entre eux, pour peupler la terre et y répandre les valeurs du bien, de la charité et de la paix.

Au nom de l’âme humaine innocente que Dieu a interdit de tuer, affirmant que quiconque tue une personne est comme s’il avait tué toute l’humanité et que quiconque en sauve une est comme s’il avait sauvé l’humanité entière.

Au nom des pauvres, des personnes dans la misère, dans le besoin et des exclus que Dieu a commandé de secourir comme un devoir demandé à tous les hommes et, d’une manière particulière, à tout homme fortuné et aisé.

Au nom des orphelins, des veuves, des réfugiés et des exilés de leurs foyers et de leurs pays ; de toutes les victimes des guerres, des persécutions et des injustices ; des faibles, de ceux qui vivent dans la peur, des prisonniers de guerre et des torturés en toute partie du monde, sans aucune distinction.

Au nom des peuples qui ont perdu la sécurité, la paix et la coexistence commune, devenant victimes des destructions, des ruines et des guerres.

Au nom de la « fraternité humaine » qui embrasse tous les hommes, les unit et les rend égaux.

Au nom de cette fraternité déchirée par les politiques d’intégrisme et de division, et par les systèmes de profit effréné et par les tendances idéologiques haineuses, qui manipulent les actions et les destins des hommes.

Au nom de la liberté, que Dieu a donnée à tous les êtres humains, les créant libres et les distinguant par elle.

Au nom de la justice et de la miséricorde, fondements de la prospérité et pivots de la foi.

Au nom de toutes les personnes de bonne volonté, présentes dans toutes les régions de la terre.

Au nom de Dieu et de tout cela, Al-Azhar al-Sharif – avec les musulmans d’Orient et d’Occident –, conjointement avec l’Eglise catholique – avec les catholiques d’Orient et d’Occident –, déclarent adopter la culture du dialogue comme chemin ; la collaboration commune comme conduite ; la connaissance réciproque comme méthode et critère.

Nous – croyants en Dieu, dans la rencontre finale avec Lui et dans Son Jugement –, partant de notre responsabilité religieuse et morale, et par ce Document, nous demandons à nous-mêmes et aux Leaders du monde, aux artisans de la politique internationale et de l’économie mondiale, de s’engager sérieusement pour répandre la culture de la tolérance, de la coexistence et de la paix; d’intervenir, dès que possible, pour arrêter l’effusion de sang innocent, et de mettre fin aux guerres, aux conflits, à la dégradation environnementale et au déclin culturel et moral que le monde vit actuellement.

Nous nous adressons aux intellectuels, aux philosophes, aux hommes de religion, aux artistes, aux opérateurs des médias et aux hommes de culture en toute partie du monde, afin qu’ils retrouvent les valeurs de la paix, de la justice, du bien, de la beauté, de la fraternité humaine et de la coexistence commune, pour confirmer l’importance de ces valeurs comme ancre de salut pour tous et chercher à les répandre partout.

96168_pape-francois-imam-al-azhar-abou-dhabi-000-1d12go.jpg

Cette Déclaration, partant d’une réflexion profonde sur notre réalité contemporaine, appréciant ses réussites et partageant ses souffrances, ses malheurs et ses calamités, croit fermement que parmi les causes les plus importantes de la crise du monde moderne se trouvent une conscience humaine anesthésiée et l’éloignement des valeurs religieuses, ainsi que la prépondérance de l’individualisme et des philosophies matérialistes qui divinisent l’homme et mettent les valeurs mondaines et matérielles à la place des principes suprêmes et transcendants.

Nous, reconnaissant aussi les pas positifs que notre civilisation moderne a accomplis dans les domaines de la science, de la technologie, de la médecine, de l’industrie et du bien-être, en particulier dans les pays développés, nous soulignons que, avec ces progrès historiques, grands et appréciés, se vérifient une détérioration de l’éthique, qui conditionne l’agir international, et un affaiblissement des valeurs spirituelles et du sens de la responsabilité. Tout cela contribue à répandre un sentiment général de frustration, de solitude et de désespoir, conduisant beaucoup à tomber dans le tourbillon de l’extrémisme athée et agnostique, ou bien dans l’intégrisme religieux, dans l’extrémisme et dans le fondamentalisme aveugle, poussant ainsi d’autres personnes à céder à des formes de dépendance et d’autodestruction individuelle et collective.

L’histoire affirme que l’extrémisme religieux et national, ainsi que l’intolérance, ont produit dans le monde, aussi bien en Occident qu’en Orient, ce que l’on pourrait appeler les signaux d’une « troisième guerre mondiale par morceaux », signaux qui, en diverses parties du monde et en diverses conditions tragiques, ont commencé à montrer leur visage cruel ; situations dont on ne connaît pas avec précision combien de victimes, de veuves et d’orphelins elles ont générés. En outre, il y a d’autres régions qui se préparent à devenir le théâtre de nouveaux conflits, où naissent des foyers de tension et s’accumulent des armes et des munitions, dans une situation mondiale dominée par l’incertitude, par la déception et par la peur de l’avenir et contrôlée par des intérêts économiques aveugles.

Nous affirmons aussi que les fortes crises politiques, l’injustice et l’absence d’une distribution équitable des ressources naturelles – dont bénéficie seulement une minorité de riches, au détriment de la majorité des peuples de la terre – ont provoqué, et continuent à le faire, d’énormes quantité de malades, de personnes dans le besoin et de morts, causant des crises létales dont sont victimes divers pays, malgré les richesses naturelles et les ressources des jeunes générations qui les caractérisent. A l’égard de ces crises qui laissent mourir de faim des millions d’enfants, déjà réduits à des squelettes humains – en raison de la pauvreté et de la faim –, règne un silence international inacceptable.

Il apparaît clairement à ce propos combien la famille est essentielle, en tant que noyau fondamental de la société et de l’humanité, pour donner le jour à des enfants, les élever, les éduquer, leur fournir une solide morale et la protection familiale. Attaquer l’institution familiale, en la méprisant ou en doutant de l’importance de son rôle, représente l’un des maux les plus dangereux de notre époque.

Nous témoignons aussi de l’importance du réveil du sens religieux et de la nécessité de le raviver dans les cœurs des nouvelles générations, par l’éducation saine et l’adhésion aux valeurs morales et aux justes enseignements religieux, pour faire face aux tendances individualistes, égoïstes, conflictuelles, au radicalisme et à l’extrémisme aveugle sous toutes ses formes et ses manifestations.

1024x576_714883.jpg

Le Pape au Maroc

Le premier et le plus important objectif des religions est celui de croire en Dieu, de l’honorer et d’appeler tous les hommes à croire que cet univers dépend d’un Dieu qui le gouverne, qu’il est le Créateur qui nous a modelés avec Sa Sagesse divine et nous a accordé le don de la vie pour le préserver. Un don que personne n’a le droit d’enlever, de menacer ou de manipuler à son gré; au contraire, tous doivent préserver ce don de la vie depuis son commencement jusqu’à sa mort naturelle. C’est pourquoi nous condamnons toutes les pratiques qui menacent la vie comme les génocides, les actes terroristes, les déplacements forcés, le trafic d’organes humains, l’avortement et l’euthanasie et les politiques qui soutiennent tout cela.

De même nous déclarons – fermement – que les religions n’incitent jamais à la guerre et ne sollicitent pas des sentiments de haine, d’hostilité, d’extrémisme, ni n’invitent à la violence ou à l’effusion de sang. Ces malheurs sont le fruit de la déviation des enseignements religieux, de l’usage politique des religions et aussi des interprétations de groupes d’hommes de religion qui ont abusé – à certaines phases de l’histoire – de l’influence du sentiment religieux sur les cœurs des hommes pour les conduire à accomplir ce qui n’a rien à voir avec la vérité de la religion, à des fins politiques et économiques mondaines et aveugles. C’est pourquoi nous demandons à tous de cesser d’instrumentaliser les religions pour inciter à la haine, à la violence, à l’extrémisme et au fanatisme aveugle et de cesser d’utiliser le nom de Dieu pour justifier des actes d’homicide, d’exil, de terrorisme et d’oppression. Nous le demandons par notre foi commune en Dieu, qui n’a pas créé les hommes pour être tués ou pour s’affronter entre eux et ni non plus pour être torturés ou humiliés dans leurs vies et dans leurs existences. En effet, Dieu, le Tout-Puissant, n’a besoin d’être défendu par personne et ne veut pas que Son nom soit utilisé pour terroriser les gens.

pape_imam_al_azhar.jpg

Ce Document, en accord avec les précédents Documents Internationaux qui ont souligné l’importance du rôle des religions dans la construction de la paix mondiale, certifie ce qui suit :

- La forte conviction que les vrais enseignements des religions invitent à demeurer ancrés dans les valeurs de la paix ; à soutenir les valeurs de la connaissance réciproque, de la fraternité humaine et de la coexistence commune ; à rétablir la sagesse, la justice et la charité et à réveiller le sens de la religiosité chez les jeunes, pour défendre les nouvelles générations de la domination de la pensée matérialiste, du danger des politiques de l’avidité du profit effréné et de l’indifférence, basée sur la loi de la force et non sur la force de la loi.

- La liberté est un droit de toute personne : chacune jouit de la liberté de croyance, de pensée, d’expression et d’action. Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains. Cette Sagesse divine est l’origine dont découle le droit à la liberté de croyance et à la liberté d’être différents. C’est pourquoi on condamne le fait de contraindre les gens à adhérer à une certaine religion ou à une certaine culture, comme aussi le fait d’imposer un style de civilisation que les autres n’acceptent pas.

- La justice basée sur la miséricorde est le chemin à parcourir pour atteindre une vie décente à laquelle a droit tout être humain.

- Le dialogue, la compréhension, la diffusion de la culture de la tolérance, de l’acceptation de l’autre et de la coexistence entre les êtres humains contribueraient notablement à réduire de nombreux problèmes économiques, sociaux, politiques et environnementaux qui assaillent une grande partie du genre humain.

- Le dialogue entre les croyants consiste à se rencontrer dans l’énorme espace des valeurs spirituelles, humaines et sociales communes, et à investir cela dans la diffusion des plus hautes vertus morales, réclamées par les religions ; il consiste aussi à éviter les discussions inutiles.

Lire la suite

dimanche, 31 mars 2019 | Lien permanent

Amoris Laetitia et Pape François: le Cardinal Burke continue de douter

DOnGSOnXUAAhkXK.jpgCardinal Burke et Amoris Laetitia:

"sortir des ambiguïtés en s’appuyant sur le charisme de Pierre".

Un an après, jour pour jour, la publication de leurs dubia au Pape, le cardinal Burke s’exprime à nouveau publiquement, en demandant solennellement au Pape de faire ce pour quoi il a été appelé au Siège de Pierre : confirmer ses frères dans la foi « par une manifestation claire de la doctrine concernant la morale chrétienne et le sens de la pratique sacramentelle de l’Église »

(entretien avec Edward Pentin, dans National Catholic Register de ce jour).

Amoris Laetitia et Pape François: le Cardinal Burke continue de douter

Lien L'Homme Nouveau

Comme si notre Cardinal Burke n’avait pas les capacités de comprendre le Pape François. La loi de la gradualité, la morale des vertus ou du bonheur, la synthèse de Saint Thomas et de Saint Ignace de Loyola ou le discernement sont parmi les notions clefs de l'exhortation apostolique Amoris Laetitia.

Si lui doute, alors les fidèles douteront. S’il explique calmement Amoris Laetitia, avec humilité, fidélité et compétence, cela signifie la fin des « dubia ».

DOnGSOnXUAAhkXK.jpg

Votre Éminence, où en sommes-nous après que vous avez, ainsi que le cardinal Walter Brandmüller et les deux cardinaux récemment décédés, Carlo Caffarra et Joachim Meisner, rendu publiques les dubiavoici un an cette semaine ?

Cardinal Raymond Burke : Un an après la publication des dubia sur Amoris Lætitia, qui sont restés sans réponse de la part du Saint-Père, nous constatons une confusion croissante sur les manières d’interpréter l’Exhortation apostolique. C’est pourquoi notre préoccupation sur la situation de l’Église et pour sa mission dans le monde, est devenue encore plus pressante.

Je demeure, bien sûr, en communication régulière avec le cardinal Brandmüller sur ces affaires des plus graves. Et nous restons, tous les deux, en profonde union avec les feus cardinaux Joachim Meisner et Carlo Caffarra, décédés au cours de ces derniers mois. Ainsi,j'avertis à nouveau sur la gravité d’une situation qui ne cesse d’empirer.

Beaucoup de choses ont été dites sur les dangers que présente la nature ambiguë du chapitre VIII d’Amoris Lætitia, en soulignant qu’il est ouvert à beaucoup d’interprétations. Pourquoi la clarté est-elle si importante ?

La clarté d’un enseignement n’implique pas une quelconque rigidité qui empêcherait les gens d’emprunter le chemin de l’Évangile. Bien au contraire, elle nous fournit la lumière nécessaire pour accompagner les familles sur le chemin du disciple chrétien. C’est l’obscurité qui nous empêche de voir ce chemin et qui fait obstacle à l’action évangélisatrice de l’Église, comme Jésus l’a dit : « la nuit vient, où personne ne peut travailler » (Jn 9, 4).

Pourriez-vous nous en expliquer davantage sur la situation actuelle à la lumière des dubia ?

La situation actuelle, loin d’amoindrir l’importance de nos questions, les rend encore plus pressantes. Il ne s’agit pas, comme il a été dit, d’une « ignorance affectée » [can 1325], qui ne soulève des doutes que parce qu’elle n’est pas disposée à recevoir un enseignement donné. La préoccupation était plutôt et est toujours de déterminer avec précision ce que le Pape veut enseigner comme Successeur de Pierre.

Ainsi, nos questions ne sont soulevées que parce que nous reconnaissons le ministère pétrinien que le Pape a reçu du Seigneur dans le but de confirmer ses frères dans la foi. Le Magistère est un don de Dieu à l’Église pour apporter la clarté sur des points qui concernent le dépôt de la foi. Par leur nature même, des affirmations qui manquent de cette clarté ne sauraient être qualifiées d’expression du Magistère.

En quoi est-il dangereux, selon vous, qu’il y ait des interprétations divergentes d’Amoris Lætitia, en particulier sur l’approche pastorale envers ceux qui vivent dans des unions irrégulières, et particulièrement sur divorcés remariés civilement qui ne vivent pas dans la continence et reçoivent la Sainte Communion ?

Il est évident que certaines dispositions d’Amoris Lætitia, relatives à des aspects essentiels de la foi et de la pratique de la vie chrétienne, ont reçu des interprétations variées qui sont divergentes et parfois incompatibles les unes avec les autres. C’est un fait incontestable qui confirme que ces instructions sont ambivalentes, qu’elles permettent des lectures variées, beaucoup d’entre elles se trouvant être en opposition avec la doctrine de l’Église.

La question que nous avons soulevée, en tant que cardinaux, concerne ce que le Saint-Père a exactement enseigné et comment ses enseignements s’harmonisent avec le dépôt de la foi, étant donné que le magistère « n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais il est à son service, n’enseignant que ce qui a été transmis, puisque par mandat de Dieu, avec l’assistance de l’Esprit Saint, il écoute cette Parole avec amour, la garde saintement et l’expose aussi avec fidélité, et puise en cet unique dépôt de la foi tout ce qu’il propose à croire comme étant révélé par Dieu » (Concile Vatican II, constitution dogmatique Dei Verbum, n. 10).

Le Pape n’a-t-il pas dit clairement sa position dans sa lettre aux évêques d’Argentine dans laquelle il déclare qu’il n'y a « pas d’autre interprétation » que les directives que ces évêques ont publiées – directives qui laissent ouverte la possibilité pour des couples non mariés et actifs sexuellement, de recevoir la Sainte Eucharistie ?

Contrairement à ce que certains ont prétendu, nous ne pouvons pas considérer la lettre du Pape aux évêques de la région de Buenos Aires, écrite peu avant d’avoir reçu les dubia, et qui contient des commentaires sur les directives pastorales de ces évêques, comme une réponse adéquate aux questions posées. D’une part, ces directives peuvent être interprétées de différentes manières.

D’autre part, il n’est pas évident que cette lettre constitue un texte magistériel dans lequel le Pape ait voulu s’adresser à l’Église universelle en tant que Successeur de Pierre. Le fait est qu’on n’a eu d’abord connaissance de cette lettre que parce qu’elle a été divulguée par une fuite à la presse – elle n’a été rendue publique par le Saint-Siège que plus tard –, et cela soulève un doute raisonnable sur l’intention du Saint-Père de s’adresser à l’Église universelle.

De plus, il serait tout à fait étrange – et en contradiction au désir explicitement formulé par le Pape François, de laisser aux évêques de chaque pays le soin de l’application concrète d’Amoris Lætitia (cf. Amoris Lætitia, n. 3) – qu’il puisse imposer à l’Église universelle des directives concrètes qui ne sont que celles d’une région particulière. Et les dispositions différentes promulguées par divers évêques dans leurs diocèses, de Philadelphie à Malte, devraient-elles toutes être considérées comme invalides ? Un enseignement qui n’est pas suffisamment déterminé, eu égard à son autorité et à son contenu réel, ne peut pas jeter un doute sur la clarté de l’enseignement constant de l’Église qui, dans tous les cas, demeure toujours la norme.

Êtes-vous aussi inquiet du fait que des évêques de certaines conférences épiscopales qui permettent à certains divorcés remariés vivants more uxorio (c’est-à-dire en ayant des relations sexuelles) de recevoir la Sainte Communion sans avoir la ferme intention de s’amender, sont en contradiction avec les précédents enseignements de papes, et notamment de l’Exhortation apostolique Familiaris Consortio du pape saint Jean-Paul II ?

En effet, les dubia ou questions demeurent posés. Ceux qui affirment que la discipline enseignée dans Familiaris Consortio au n. 84 a changé, se contredisent entre eux quand ils en expliquent les raisons et les conséquences. Certains en sont venus jusqu’au point de dire que des divorcés engagés dans une nouvelle union et qui continuent à vivre more uxorio, ne se trouvent pas dans une situation objective de péché mortel (citant Amoris Lætitia n. 303).

D’autres nient cette interprétation (citant Amoris Lætitia n. 305 à l’appui), mais laissent entièrement au jugement de la conscience de déterminer les critères d’accès aux sacrements. Il semble que le but de ces interprètes est d’arriver, par tous les moyens, à un changement de la discipline, et que les moyens qu’ils allèguent pour y parvenir sont sans importance. Ils ne se sont pas non plus préoccupés de mettre grandement en danger des points essentiels du dépôt de la foi.

Quel effet palpable de ce mélange d’interprétations ?

Cette herméneutique de la confusion a déjà produit un triste résultat. De fait, l’ambiguïté sur un point concret de la pastorale pour la famille, a conduit certains à proposer un changement de paradigme de toute la pratique morale de l’Église, dont les fondements ont été enseignés avec autorité par saint Jean-Paul II dans son encyclique Veritatis Splendor.

Vraiment, un processus a été mis en mouvement qui est une subversion de parties essentielles de la Tradition. Pour ce qui est de la morale chrétienne, certains prétendent que les normes morales absolues doivent être relativisées et qu’on doit accorder à la conscience subjective et autoréférentielle la primauté – qui sera au bout du compte équivoque – dans tout ce qui touche aux affaires de morale. Ce qui est donc en jeu n’est d’aucune manière un élément secondaire du kérygme, c’est-à-dire du message fondamental de l’Évangile. Ce dont nous parlons c’est de savoir si la rencontre d’une personne avec le Christ peut ou ne peut pas, avec la grâce de Dieu, donner forme à un chemin de vie chrétienne afin d’être en harmonie avec le sage plan du Créateur.

Pour comprendre jusqu’où vont ces changements, il suffit de réfléchir à ce qui pourrait arriver si un tel raisonnement s’appliquait à d’autres cas, comme par exemple celui d’un médecin pratiquant des avortements, ou celui d’un homme politique appartenant à un réseau de corruption, ou encore celui d’une personne souffrante décidant de faire une demande de suicide assisté…

Certains ont dit que l’effet le plus pernicieux de tous, c’est qu’il représente une attaque contre les sacrements aussi bien que contre l’enseignement moral de l’Église. Comment peut-il en être ainsi ?

Au-delà du débat sur la morale, le sens de la pratique sacramentelle dans l’Église s’érode de plus en plus, particulièrement pour ce qui est des sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie. Le critère décisif pour l’admission aux sacrements a toujours été la cohérence entre le mode de vie d’une personne et les enseignements de Jésus. Si, au lieu de cela, le critère décisif devait devenir celui de l’absence de culpabilité subjective chez une personne – comme l’ont suggéré certains interprètes d’Amoris lætitia – cela ne changerait-il pas la nature même des sacrements ? En réalité, les sacrements ne sont pas des rencontres privées avec Dieu ni des moyens d’intégration sociale dans une communauté.

Disons plutôt qu’ils sont les signes visibles et efficaces de notre incorporation au Christ et à son Église, et dans et par lesquels l’Église professe publiquement sa foi et l’active. Dès lors, en transformant la culpabilité subjectivement diminuée d’une personne en critère décisif pour l’admission aux sacrements, on met en danger la regula fidei elle-même, la règle de la foi que les sacrements proclament et actualisent non seulement par des mots mais par des gestes visibles. Comment l’Église pourrait-elle continuer à être le sacrement universel du salut si le sens même des sacrements était vidé de son contenu ?

Bien que vous-même et beaucoup d’autres – y compris les 250 universitaires et prêtres qui ont diffusé une correction filiale – ayez clairement de très graves pressentiments sur les effets de ces passages d’Amoris lætitia, et du fait que vous n’avez reçu à ce jour aucune réponse du Saint-Père, allez-vous lui lancer un ultime appel ?

Oui, pour ces graves raisons et un an après avoir rendu publiques les dubia, je m’adresse de nouveau au Saint-Père et à toute l’Église, en soulignant combien il est urgent qu’en exerçant le ministère qu’il a reçu du Seigneur, le Pape puisse confirmer ses frères dans la foi en exprimant clairement l’enseignement sur la morale chrétienne et sur la signification de la pratique sacramentelle de l’Église

Lire la suite

mardi, 14 novembre 2017 | Lien permanent | Commentaires (32)

Corps diplomatique: le tour du monde du Pape François

Comment ne pas voir dans tout cela le fruit de cette “culture du rejet” ....  surtout celles qui sont pauvres ou avec un handicap, si elles “ne servent pas encore” – comme les enfants à naître -, ou “ne servent plus” – comme les personnes âgées. Nous sommes devenus insensibles à toute forme de gaspillage, à commencer par le gaspillage alimentaire, qui est parmi les plus déplorables, quand il y a de nombreuses personnes et familles qui souffrent de la faim et de la malnutrition .

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Je vous adresse une cordiale bienvenue à ce rendez-vous annuel, qui m’offre l’opportunité de vous présenter mes vœux pour la nouvelle année, me permettant de réfléchir avec vous sur la situation de notre monde, béni et aimé de Dieu, pourtant tourmenté et affligé de nombreux maux. Je remercie le nouveau Doyen du Corps diplomatique, Son Excellence Monsieur Armindo Fernandes do Espírito Santo Vieira, Ambassadeur d’Angola, pour les aimables paroles qu’il m’a adressées au nom de tout le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, alors que je désire rappeler d’une façon spéciale – à presqu’un mois de leur disparition – les regrettés Ambassadeur de Cuba, Rodney Alejandro López Clemente, et du Libéria, Rudolf P. von Ballmoos.

OSSROM15240_Articolo.jpgL’occasion m’est offerte aussi d’adresser une pensée particulière à tous ceux qui participent pour la première fois à cette rencontre, relevant avec satisfaction que, au cours de l’année passée, le nombre d’Ambassadeurs résidant à Rome s’est encore accru. Il s’agit d’une indication significative de l’attention avec laquelle la Communauté internationale suit l’activité diplomatique du Saint-Siège. Les Accords internationaux souscrits ou ratifiés au cours de l’année qui vient de s’achever en sont une preuve supplémentaire. Je désire, en particulier, citer ici les ententes spécifiques en matière fiscale signées avec l’Italie et les États-Unis d’Amérique, qui témoignent de l’engagement accru du Saint-Siège en faveur d’une plus grande transparence dans les questions économiques. Non moins importants sont les accords de caractère général, en vue de réguler des aspects essentiels de la vie et de l’activité de l’Église dans les différents pays, comme l’entente signée à Díli avec la République du Timor-Oriental.

Je désire également rappeler l’échange des Instruments de ratification de l’Accord avec le Tchad sur l’état juridique de l’Église catholique dans le pays, comme aussi l’Accord signé et ratifié avec la Palestine. Il s’agit de deux accords qui, avec le Mémorandum d’Entente entre la Secrétairerie d’État et le Ministère des Affaires étrangères du Koweït, montrent, entre autre, comment le vivre-ensemble pacifique entre des personnes appartenant à des religions différentes est possible, là où la liberté religieuse est reconnue et où la possibilité effective de collaborer à l’édification du bien commun, dans le respect réciproque de l’identité culturelle de chacun, est garantie.

D’autre part, chaque expérience religieuse authentiquement vécue ne peut que promouvoir la paix. Noël, que nous venons de célébrer et où nous avons contemplé la naissance d’un enfant sans défense, « appelé : Conseiller merveilleux, Dieu-fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix » (cf. Is 9, 5), nous le rappelle. Le mystère de l’Incarnation nous montre le vrai visage de Dieu, pour qui puissance ne signifie pas force et destruction, mais bien amour ; justice ne signifie pas vengeance, mais bien miséricorde. C’est dans cette perspective que j’ai voulu proclamer le Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, inauguré exceptionnellement à Bangui au cours de mon voyage apostolique au Kenya, en Ouganda et en République Centrafricaine. Dans un pays longuement éprouvé par la faim, la pauvreté et les conflits, où la violence fratricide des dernières années a laissé des blessures profondes dans les âmes, déchirant la communauté nationale et engendrant misère matérielle et morale, l’ouverture de la Porte Sainte de la Cathédrale de Bangui a voulu être un signe d’encouragement à élever le regard, à reprendre la route et à retrouver les raisons du dialogue.

Là où l’on a abusé du nom de Dieu pour commettre l’injustice, j’ai voulu rappeler, avec la communauté musulmane de la République Centrafricaine, que « celui qui dit croire en Dieu doit être aussi un homme, une femme de paix » [1], et donc de miséricorde, puisqu’on ne peut jamais tuer au nom de Dieu. Seule une forme idéologique et déviée de la religion peut penser rendre justice au nom du Tout-Puissant, en massacrant délibérément des personnes sans défense, comme cela est arrivé dans les attentats terroristes sanglants des mois derniers en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient.

La miséricorde a été comme le “fil conducteur” qui a guidé mes voyages apostoliques déjà au cours de l’année passée. Je me réfère surtout à la visite à Sarajevo, ville profondément blessée par la guerre dans les Balkans et capitale d’un pays, la Bosnie Herzégovine, qui revêt une signification spéciale pour l’Europe et pour le monde entier. Un tel carrefour de cultures, nations et religions s’efforce, avec des résultats positifs, de construire toujours de nouveaux ponts, de valoriser ce qui unit et de regarder les différences comme des opportunités de croissance dans le respect de tous. Cela est possible grâce au dialogue patient et confiant, qui sait faire siennes les valeurs de la culture de chacun et accueillir le bien provenant des expériences d’autrui [2].

Ma pensée va ensuite au voyage en Bolivie, en Équateur et au Paraguay, où j’ai rencontré des peuples qui ne se rendent pas face aux difficultés et affrontent avec courage, détermination et esprit de fraternité les nombreux défis qui les tourmentent, à commencer par la pauvreté diffuse et les inégalités sociales. Au cours du voyage à Cuba et aux États-Unis d’Amérique, j’ai pu embrasser deux pays qui ont été longuement divisés et qui ont décidé d’écrire une nouvelle page de l’histoire, en entreprenant un chemin de rapprochement et de réconciliation.

À Philadelphie, à l’occasion de la Rencontre mondiale des familles, comme aussi au cours du voyage au Sri Lanka et aux Philippines et avec le récent Synode des Évêques, j’ai rappelé l’importance de la famille, qui est la première et la plus importante école de miséricorde, où l’on apprend à découvrir le visage affectueux de Dieu et où notre humanité grandit et se développe. Malheureusement, nous connaissons les nombreux défis que la famille doit affronter en ce temps, où elle est « menacée par les efforts croissants de certains pour redéfinir l’institution-même du mariage à travers le relativisme, la culture de l’éphémère et un manque d’ouverture à la vie » [3].

Il y a aujourd’hui une peur diffuse face au caractère définitif que la famille exige et en font les frais surtout les plus jeunes, souvent fragiles et désorientés, et les personnes âgées qui finissent par être oubliées et abandonnées. Au contraire, « de la fraternité vécue en famille, naît (…) la solidarité dans la société » [4], qui nous porte à être responsable les uns des autres. Cela est possible seulement si dans nos maisons, de même que dans nos sociétés, nous ne laissons pas se sédimenter les peines et les ressentiments, mais donnons place au dialogue, qui est le meilleur antidote à l’individualisme si largement répandu dans la culture de notre temps.

Chers Ambassadeurs,

Un esprit individualiste est un terrain fertile pour la maturation de cette attitude d’indifférence envers le prochain, qui porte à le traiter comme simple objet d’achat et de vente, qui pousse à se désintéresser de l’humanité des autres et finit par rendre les personnes craintives et cyniques. Ces sentiments ne sont-ils pas ceux que nous éprouvons souvent devant les pauvres, les marginaux, les derniers de la société ? Et combien de derniers avons-nous dans nos sociétés ! Parmi ceux-ci, je pense surtout aux migrants, avec leur poids de difficultés et de souffrances qu’ils affrontent chaque jour dans la recherche, parfois désespérée, d’un lieu où vivre en paix et avec dignité.

Je voudrais donc aujourd’hui m’arrêter à réfléchir avec vous sur la grave urgence migratoire que nous sommes en train d’affronter, pour en discerner les causes, proposer des solutions, vaincre l’inévitable peur qui accompagne un phénomène aussi massif et imposant qui, au cours de 2015, a surtout concerné l’Europe, mais aussi différentes régions de l’Asie et le nord et le centre de l’Amérique.

« Ne crains pas, ne t’effraie pas, car le Seigneur ton Dieu sera avec toi où tu iras » (Jos 1, 9). C’est la promesse que Dieu fait à Josué et qui montre combien le Seigneur accompagne chaque personne, surtout celle qui est dans une situation de fragilité comme celle qui cherche refuge dans un pays étranger. En vérité, toute la Bible nous raconte l’histoire d’une humanité en chemin, parce que le fait d’être en mouvement est connaturel à l’homme.

Son histoire est faite de nombreuses migrations, parfois muries comme conscience du droit à une liberté choisie, souvent dictées par des circonstances extérieures. De l’exil du paradis terrestre jusqu’à Abraham en marche vers la terre promise ; du récit de l’Exode à la déportation à Babylone, la Sainte Écriture raconte peines et douleurs, désirs et espérances, qui sont communs à ceux des centaines de milliers de personnes en marche de nos jours, avec la même détermination que Moïse pour atteindre une terre dans laquelle coule “lait et miel” (cf. Ex 3, 17), où pouvoir vivre libres et en paix.

Et aussi, aujourd’hui comme alors, nous entendons le cri de Rachel qui pleure ses enfants parce qu’ils ne sont plus (cf. Jr 31, 15 ; Mt 2, 18). C’est la voix des milliers de personnes qui pleurent en fuyant des guerres horribles, des persécutions et des violations des droits humains, ou l’instabilité politique ou sociale, qui rendent souvent impossible la vie dans sa patrie. C’est le cri de tous ceux qui sont contraints de fuir pour éviter les barbaries indicibles pratiquées envers des personnes sans défense, comme les enfants et les personnes handicapées, ou le martyre pour la seule appartenance religieuse.

Comme alors, nous entendons la voix de Jacob qui dit à ses fils : « descendez là-bas et achetez-y du blé pour nous : ainsi nous ne mourrons pas, nous vivrons » (Gn 42, 2). C’est la voix de tous ceux qui fuient la misère extrême, à cause de l’impossibilité de nourrir la famille ou d’accéder à des soins médicaux et à l’instruction, de la dégradation sans perspective de quelque progrès, ou aussi à cause des changements climatiques et des conditions climatiques extrêmes. Malheureusement, on sait que la faim est encore une des plaies les plus graves de notre monde, avec des millions d’enfants qui meurent chaque année à cause d’elle. C’est douloureux de constater pourtant que souvent ces migrants ne rentrent pas dans les systèmes internationaux de protection sur la base des accords internationaux.

Comment ne pas voir dans tout cela le fruit de cette “culture du rejet” qui met en péril la personne humaine, sacrifiant des hommes et des femmes aux idoles du profit et de la consommation? Il est grave de s’habituer à ces situations de pauvreté et de besoin, aux drames de nombreuses personnes et de les faire devenir “normalité”. Les personnes ne sont plus perçues comme une valeur fondamentale à respecter et à protéger, surtout celles qui sont pauvres ou avec un handicap, si elles “ne servent pas encore” – comme les enfants à naître -, ou “ne servent plus” – comme les personnes âgées. Nous sommes devenus insensibles à toute forme de gaspillage, à commencer par le gaspillage alimentaire, qui est parmi les plus déplorables, quand il y a de nombreuses personnes et familles qui souffrent de la faim et de la malnutrition [5].

Le Saint-Siège souhaite que le Premier Sommet humanitaire mondial convoqué en mai prochain par les Nations Unies puisse réussir, dans le triste tableau actuel de conflits et de catastrophes, dans son intention de mettre la personne humaine et sa dignité au cœur de chaque réponse humanitaire. Il faut un engagement commun qui renverse résolument la culture du déchet et de l’offense à la vie humaine afin que personne ne se sente dédaigné ou oublié et que d’autres vies ne soient pas sacrifiées à cause du manque de ressources et, par-dessus tout, de volonté politique.

Malheureusement, aujourd’hui comme alors, nous entendons la voix de Juda qui suggère de vendre son propre frère (cf. Gn 37, 26-27). C’est l’arrogance des puissants qui instrumentalisent les faibles, les réduisant à des objets pour des fins égoïstes ou pour des calculs stratégiques et politiques. Là où une migration régulière est impossible, les migrants sont souvent contraints de choisir de se tourner vers qui pratique la traite ou la contrebande d’êtres humains, même étant en grande partie conscients du danger de perdre durant le voyage les biens, la dignité et jusqu’à la vie. Dans cette perspective, je renouvelle encore l’appel à arrêter le trafic des personnes, qui exploite les êtres humains, spécialement les plus faibles et sans défense.

Et les images des enfants morts en mer, victimes de l’absence de scrupules des hommes et de l’inclémence de la nature, resteront toujours imprimées de façon indélébile dans nos esprits et dans nos cœurs. Celui qui peut survivre et aborder un pays qui l’accueille porte de manière indélébile les cicatrices profondes de ces expériences, outre celles liées aux horreurs qui accompagnent toujours guerres et violences.

Comme alors, aujourd’hui aussi on entend l’Ange répéter : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse » (Mt 2, 13). C’est la voix qu’entendent les nombreux migrants qui ne laisseraient jamais leur propre pays s’ils n’y étaient pas contraints. Parmi eux, il y a de nombreux chrétiens qui d’une façon toujours plus massive ont abandonné au cours des dernières années leurs terres, qu’ils ont pourtant habitées depuis les origines du christianisme.

Enfin, aujourd’hui aussi écoutons la voix du psalmiste qui répète : « Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion » (Ps 136 [137], 1). C’est la plainte de tous ceux qui retourneraient volontiers dans leurs propres pays, s’ils y trouvaient des conditions idoines de sécurité et de subsistance. Là aussi, ma pensée va aux chrétiens du Moyen-Orient, désireux de contribuer, comme citoyens à part entière, au bien-être spirituel et matériel de leurs nations respectives.

On aurait pu affronter une grande partie des causes des migrations depuis longtemps déjà. On aurait pu ainsi éviter beaucoup de malheurs ou, du moins, en adoucir les conséquences les plus cruelles. Encore aujourd’hui, et avant qu’il ne soit trop tard, on pourrait faire beaucoup pour arrêter les tragédies et construire la paix. Mais cela signifierait remettre en cause des habitudes et des pratiques établies, en commençant par les questions liées au commerce des armes, au problème de l’approvisionnement de matières premières et d’énergie, aux investissements, aux politiques financières et de soutien au développement, jusqu’à la grave plaie de la corruption.

Nous sommes conscients ensuite que, sur le thème de la migration, il convient d’établir des projets à moyen et à long terme qui aillent plus loin que la réponse d’urgence. Ceux-ci devraient d’un côté aider effectivement l’intégration des migrants dans les pays d’accueil, et en même temps favoriser le développement des pays de provenance par des politiques solidaires, mais qui ne soumettent pas les aides à des stratégies et à des pratiques idéologiquement étrangères ou contraires aux cultures des peuples auxquels elles s’adressent.

Sans oublier d’autres situations dramatiques, parmi lesquelles je pense en particulier à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis d’Amérique, que j’aborderai en me rendant à Ciudad Juarez le mois prochain, je voudrais dédier une pensée spéciale à l’Europe. En effet, au cours de l’année passée, elle a été concernée par un flux important de réfugiés – beaucoup d’entre eux ont trouvé la mort en essayant de l’atteindre –, qui n’a pas de précédent dans son histoire récente, pas même à la fin de la seconde guerre mondiale. Beaucoup de migrants venant de l’Asie et de l’Afrique, voient dans l’Europe un point de référence pour des principes comme l’égalité devant le droit et les valeurs inscrites dans la nature même de tout homme, dont l’inviolabilité de la dignité et de l’égalité de chaque personne, l’amour du prochain sans distinction d’origine ni d’appartenance, la liberté de conscience et la solidarité envers ses semblables.

Cependant, les débarquements massifs sur les côtes du vieux continent semblent faire vaciller le système d’accueil construit avec peine sur les cendres du second conflit mondial, qui constitue encore un phare d’humanité auquel se référer. Devant l’importance des flux et les inévitables problèmes connexes, de nombreuses questions sont sorties sur les possibilités réelles de réception et d’adaptation des personnes, sur la modification de la structure culturelle et sociale des pays d’accueil, comme aussi sur le remodelage de certains équilibres géopolitiques régionaux. De même, les craintes concernant la sécurité sont importantes, considérablement augmentées par la menace déferlante du terrorisme international. La vague migratoire actuelle semble miner les bases de cet « esprit humaniste » que l’Europe aime et défend depuis toujours. [6]

Cependant, on ne peut pas se permettre de perdre les valeurs et les principes d’humanité, de respect pour la dignité de toute personne, de subsidiarité et de solidarité réciproque, bien qu’ils puissent, à certains moments de l’histoire, constituer un fardeau difficile à porter. Je souhaite donc rappeler ma conviction que l’Europe,

Lire la suite

mardi, 12 janvier 2016 | Lien permanent

Page : 6 7 8 9 10 11